Retraites : la police multiplie les actions pour débloquer les sites stratégiques

La police est intervenue sur plusieurs sites pétroliers et routiers ce mercredi pour déloger les opposants à la réforme des retraites. Nicolas Sarkozy a ordonné le déblocage de la "totalité des dépôts".

La police est intervenue mercredi en France pour débloquer les sites pétroliers et routiers stratégiques contrôlés par les opposants à la réforme des retraites, qui ont riposté en multipliant les actions.

Forts d'une mobilisation de 1,1 à 3,5 millions de personnes mardi pour leur sixième journée d'action, et d'un soutien de l'opinion, les syndicats ont fait monter la pression pour obtenir le réexamen du projet qui doit être voté en principe dans les prochains jours au Sénat. Ils pourraient également appeler à une septième journée de grèves et de manifestations mardi prochain, le 26 octobre. Le gouvernement reste pour l'heure inflexible.

"Nous continuerons à débloquer autant que nécessaire ces dépôts, car quelles que soient les préoccupations et les revendications, l'immense majorité n'a pas à subir la loi d'une minorité", a dit le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux lors d'une conférence de presse.

Nicolas Sarkozy lui-même a affirmé qu'il avait ordonné le déblocage de "la totalité des dépôts" de carburants "afin de rétablir au plus tôt une situation normale", dans une déclaration au conseil des ministres mercredi matin, dont une copie a été remise à la presse.

Les déblocages

La police est notamment intervenue dans la nuit dans les trois dépôts de carburants au Mans (Sarthe), à Donges (Loire-Atlantique) et à La Rochelle (Charente-Maritime) et à La Rochelle (Charente-Maritime). Au total, 21 interventions de déblocage de dépôts ont eu lieu depuis vendredi, selon le ministère de l'Intérieur.

Une source à la CGT a aussitôt annoncé le blocage à Port-de-Bouc (Bouches-du-Rhône), près de Marseille, qui alimente l'armée et les aéroports de Marseille et Nice. Par ailleurs, à Donges, un barrage s'est reformé en amont sur la route et les camions ne pouvaient toujours pas approcher le dépôt, selon un délégué de la CGT de Total.

Mercredi matin, le Centre national d'information routière recensait également une douzaine de points de blocages sur les routes, comme sur l'accès à l'aéroport de Toulouse-Blagnac, bloqué au petit matin par des employés de Airbus et Air France industrie, ou encore aux entrées des trois principaux tunnels de Marseille. Les accès aux aéroports de Bordeaux, Nantes et Clermont-Ferrand étaient également bloqués.

4.000 stations-service touchées par les problèmes d'approvionnement

Selon le gouvernement, 4.000 des 12.500 stations-service du pays connaissaient mardi des problèmes d'approvisionnement et la pénurie menace dans une grande partie du pays.

Les 12 raffineries du pays étaient toujours bloquées mercredi matin et onze d'entre elles étaient à l'arrêt complet ou en cours d'arrêt, disent les syndicats.

"On est partis pour reconduire la grève tous les jours et aller jusqu'au bout, jusqu'au retrait du projet. On n'a plus tellement le choix puisqu'en face on a des murs qui n'écoutent pas", a dit à Reuters un délégué CGT de la raffinerie LyondellBasell de l'Etang de Berre.

Les distributeurs de carburant, pétroliers et hypermarchés sont convenus mardi de mettre leurs stocks en commun et de mettre en place des moyens de transport supplémentaires, au besoin grâce à des camions étrangers.

"Enfermés dans leur tour d'ivoire"

Les syndicats considèrent que c'est le gouvernement qui est responsable du blocage du pays.

"Qui prend en otages les salariés ? (...) Ils sont enfermés dans leur tour d'ivoire, ce sont eux qui sont complètement bloqués", a dit le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly sur Canal +.

Selon deux sondages publiés ce mercredi, le mouvement bénéficie toujours dans l'opinion d'un large soutien. Une enquête Viavoice pour Libération montre qu'une majorité de Français souhaite que le projet de loi soit partiellement modifié (61%) ou profondément modifié (60%). Et selon une enquête BVA parue dans Les Echos, 59% des Français souhaitent que les syndicats poursuivent leur mouvement contre le projet de loi sur les retraites après le vote du Sénat qui doit intervenir ce jeudi.

 

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