Quand les grandes écoles se disent qu'elles sont trop petites

A l'occasion de leurs 150 ans, les ingénieurs et scientifiques de France comptent relever plusieurs défis à l'horizon 2020. En premier lieu, lutter contre leur morcellement, peu propice à une reconnaissance au niveau international.

C'est à Matignon, à l'invitation du Premier ministre, que les ingénieurs et scientifiques de France ont fêté les 150 ans de leur reconnaissance d'utilité publique par Napoléon III. Un honneur à la mesure de la réputation de cette filière typiquement française.

Alors que les sciences de l'ingénieurs sont à l'étranger enseignées dans les universités et sont validées par des masters et des doctorats, en France, elles restent l'apanage des grandes écoles. Un héritage historique, les premières écoles (Ponts et Chaussées, Mines, Arts et Métiers) ayant été créées à la fin de l'Ancien Régime et la Révolution ayant, pour un temps, supprimé les universités.

La rançon du succès

A ce jour, on ne compte pas moins de 215 écoles reconnues en France (habilitées par la commission des titres d'ingénieurs), diplômant environ 30.000 ingénieurs par an. La rançon du succès ? Alors que ce profil est apprécié à l'étranger, ce morcellement ne joue pas en faveur des écoles. « Pour figurer dans les classements mondiaux, il faut avoir une certaine taille et faire de la recherche », relève Julien Roitman, le président du Conseil national des ingénieurs et scientifiques de France (CNISF).

Ces dernières années, un mouvement de rapprochements s'est donc amorcé. Certaines fusionnent, comme dans l'aéronautique, d'autres se regroupent en fédération comme dans l'agronomie), en réseaux (telles les écoles centrales, en association (Intermines Paris, Saint-Étienne et Nancy) ou en alliances (mise en commun d'enseignements entre Supélec et Centrale Paris par exemple). « A mon avis, on s'acheminera vers des fusions dans les 10 ans », anticipe Julien Roitman.

Parallèlement, les écoles d'ingénieurs profitent des mesures en cours (loi sur l'autonomie des universités, pôles de recherche et d'enseignement supérieur, opération campus, grand emprunt) pour se rapprocher des universités. Une stratégie gagnant-gagnant. Les écoles y ont tout intérêt pour développer les doubles diplômes et surtout leurs capacités de recherche ; les universités peuvent ainsi profiter des relations des grandes écoles avec les entreprises, à l'heure où elles ont des comptes à rendre en matière d'insertion professionnelle.
 

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