Polytechnique veut aussi briller à l'international

La mythique « X », symbole de l'élitisme à la française, va former davantage de chercheurs. Autre priorité : accroître son attractivité à l'international pour attirer les étudiants les plus brillants des pays émergents.

De Polytechnique, on connaît surtout les étudiants en bicorne défilant fièrement sur les Champs-Élysées le 14 juillet. L'« ingénieur polytechnicien », vivier des grands corps de l'Etat, est le symbole de l'élitisme à la française. Ils sont aujourd'hui 2.000 étudiants (contre 900 auparavant) à suivre ce cursus sur le campus de Palaiseau, sur le plateau de Saclay, futur fer de lance de l'excellence scientifique française.

Pour autant, la grande école cherche à diversifier ses formations. Si elle est l'une des institutions françaises les mieux classées dans les classement mondiaux (39e au classement Times Higher Education par exemple), elle ne correspond pas aux standards internationaux que sont les grandes universités de recherche pluridisciplinaires.A côté du cycle classique polytechnicien, a ainsi été développé une « graduate school » offrant des formations de master et de doctorat (environ 500 étudiants chacune), diplôme suprême qui prévaut sur la scène internationale.

28% des jeunes diplômés de l'école poursuivent leurs études pour décrocher un doctorat

« Ce mouvement est général. Les grandes écoles veulent augmenter leur capacité en recherche », relève Yves Gnanou, directeur adjoint à l'enseignement. Selon sa dernière enquête « Emploi » sur la situation de ses étudiants 6 mois après l'obtention de leur diplôme, 28 % d'entre eux poursuivaient leurs études par un doctorat, contre 20 % à 25 % les années précédentes.

Une progression qui n'est pas due au hasard, selon Yves Gnanou : « Nous avons plus misé sur la recherche pour que les étudiants comprennent mieux le processus de découverte en laboratoire et la traduction, ou non, en richesses, c'est-à-dire en innovation. Nous allons amplifier ce mouvement ». « C'est l'emploi qui pilote ces tendances. Mais il faut calibrer et professionnaliser le doctorat si l'on veut que les entreprises s'y intéressent », nuance le général Xavier Michel, directeur général de l'école qui espère profiter de l'arrivée de nouveaux établissements sur le plateau de Saclay pour développer ses masters.

Mais l'école ne renie pas son cursus d'ingénieur. Au contraire. Elle mise sur cette formation typiquement française pour faire la différence à l'international, alors que l'enseignement supérieur et la recherche se sont complètement globalisés. Si le modèle allemand pluridisciplinaire à la « Humboldt » (du nom de la grande université de Berlin) prévaut, les besoins gigantesques en formation de la Chine et de l'Inde d'ici à 2025 devraient permettre à Polytechnique de tirer son épingle du jeu.

Plus d'un élève sur cinq est étranger

« Nos ingénieurs restent un modèle intéressant pour ces pays, assure Yves Gnanou. Leur formation, qui intègre aussi les sciences humaines et sociales, est plus large que l'ingénierie, et ils sont en relation régulière avec les entreprises, via les stages. » Selon Elisabeth Crepon, la directrice des relations extérieures, les étudiants étrangers de l'école (22 %) viennent justement chercher cette spécificité.

Polytechnique, qui dispose d'un budget consolidé de 200 millions d'euros, compte sur sa fondation pour soutenir sa stratégie. Sur les 35 millions de levée de fond visés sur la période 2008-2012, 27,5 millions ont été à ce jour récoltés auprès des particuliers (le plus gros don, de 5 millions d'euros, vient de Claude Bébéar, l'ex-président d'Axa.
 

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