Enseignement : le gouvernement s'attelle à revaloriser la voie technologique

Plusieurs initiatives visent à favoriser la poursuite d'études et donc l'insertion professionnelle.
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En présentant son "plan sciences" fin janvier, le ministre de l?Education nationale a souhaité "concrétiser son ambition pour les sciences et les technologies à l?école". Non pas tant en réaction des résultats mitigés de la France dans l?étude Pisa de décembre (le plan sciences devaient initialement être présenté en octobre....) mais surtout pour remettre ces disciplines, qui subissent une désaffection au niveau des études supérieures depuis plusieurs années, au goût du jour dès le primaire et tout au long de la scolarité.

Un paradoxe alors que "la France manque d?ingénieurs pour assurer la bonne marche de sa production industrielle et de services technologiques", a récemment rappelé le président de l?université Pierre et Marie Curie dans un communiqué. Et que, souligne Julien Roitman, président du Conseil national des Ingénieurs et des scientifiques de France (CNISF), "les universités ne produisent pas assez de chercheurs. Les ingénieurs sont plus nombreux dans les laboratoires que les chercheurs !".

Cette désaffection pour les carrières scientifiques et technologiques "s?observe dans tous les pays développés", note Jean-Yves Chemin, directeur de la fondation Sciences. Mathématiques de Paris. Alors que le bac S accueille plus de 50% des élève du lycée général, moins de 20% des bacheliers S poursuivent des études scientifiques à l?université (hors santé) et 20% s?orientent en classes préparatoires. Entre 2000 et 2008, le nombre d?étudiants en sciences fondamentales à l?université a baissé de 19%. Quant à la voie technologique, ses séries industrielles et scientifiques (STI et STL) ne rassemblent même pas 10% des lycéens de 1ère et terminale générales et technologiques. Un phénomène dû en partie à la banalisation des sciences et des technologies, à une perte d?image de l?ingénieur et du scientifique mais aussi à un traitement insuffisant et pas assez expérimental à l?école, suggère Julien Roitman.

Quant aux filières technologiques, elles traditionnellement sous estimées et pas assez valorisées. Un comble alors que "l?on manque cruellement de techniciens", point Julien Roitman. Autre paradoxe : les taux d?insertion professionnelle sont bons. Selon le Céreq, 91% à 92% des diplômés de masters et de doctorats en sciences dures (hors santé) sont en situation d?emploi trois ans après l?obtention de leur diplôme (enquête Céreq génération 2004). Par ailleurs, 75% des diplômés scientifiques et techniques décrochent un CDI contre 63% pour la moyenne générale. Quant aux ingénieurs, selon la CGE, deux mois après leur sortie d?école, 76,3% des diplômés étaient en situation d?emploi en 2009.

Pour revaloriser les filières technologiques (la série STI a perdu plus de 20% de ses effectifs en moins de 10 ans), le gouvernement a lancé leur rénovation afin de favoriser la poursuite d?études supérieures. Les créations de classes STI dans des lycées prestigieux (les lycées parisiens Louis le Grand, Janson de Sailly ou encore Chaptal vont en créer à la rentrée 2011) et de classes préparatoires technologiques (vingt nouvelles à la rentrée prochaine) sont encouragées, afin que les écoles d?ingénieurs leur fasse une place.

"La technologie a fait l?industrie de la France. Elle doit reprendre son droit de cité à condition de ne pas en faire une voie de garage", approuve Paul Jacquet, président de la conférence des directeur d?écoles d?ingénieurs. De plus en plus de ponts sont aussi jetés entre BTS, IUT et écoles d?ingénieurs (seulement 40% de leurs élèves sont aujourd?hui issus de classes préparatoires) ou licences professionnelles pour encourager la poursuite d?études. A condition de ne pas continuer à réduire le vivier de techniciens, prévient Julien Roitman.

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