Les réformes dans le monde universitaire profitent aux cabinets de conseils

Les délais très serrés imposés aux universités pour la mise en œuvre de certains projets ont accéléré la tendance.
Les universités font de plus en plus appel aux cabinets de conseil.

Ce ne sont pas les résultats du baccalauréat mais presque. Le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche attend fébrilement que soient révélés ce vendredi midi par le Premier ministre les cent lauréats de l'appel à projets "laboratoires d'excellence" (Labex) du grand emprunt. A la clef : 1 milliard d'euros. Viendront ensuite la présélection des "initiatives d'excellence" (Idex) puis les instituts hospitalo-universitaires (IHU). Autant d'appels à projets lancés sur les chapeaux de roues en 2010 et pour lesquels les candidats (universités, pôles, organismes de recherche) n'ont eu que très peu de temps pour répondre. Résultat : un recours accru aux cabinets de conseil, déjà beaucoup sollicités depuis 2007 pour le passage à l'autonomie des universités (gestion de ressources humaines, du patrimoine...) et l'opération campus.

A tel point que le Snesup-FSU, syndicat majoritaire, a dénoncé ce lundi un "gaspillage indécent" d'argent public et une "opacité organisée" par le fait que les marchés sont publiés par les pôles de recherche et d'enseignement supérieurs (PRES) qui portent les projets et non les universités en propre. Son secrétaire général, Stéphane Tassel, évoque même le détournement "à l'échelle du pays, de plusieurs dizaines de millions d'euros". Et de pointer du doigt les Alcimed, Bearing Point, Deloitte et autres Inéum. Pour preuve, les marchés publiés dans Bulletin officiel des annonces des marchés publics : les montants varient de 30.000 euros pour un Labex à plus de 100.000 euros pour une Idex voire plus quand il s'agit de traiter plusieurs appels à projet. Ainsi le PRES de Toulouse a-t-il attribué trois marchés de respectivement 187.700, 37.500 et 23.000 euros HT aux cabinets CM International, Alcimed et Mapping Consulting ; celui de Paris Est un marché de 215.950 euros à Bearing Point ou encore celui de Bretagne-Pays de Loire de 153.350 euros...

"Procédure adaptée"

"Les cabinets de conseils nous aident en appui seulement, notamment sur la partie financière et ce sont les chef d'établissement des PRES qui ont produit les contenus des dossiers de candidature", corrige-t-on au pôle parisien Hesam, rappelant que l'Etat a doté les PRES d'un "fonds de démarrage de 2 millions d'euros». Louis Vogel, le président de la conférence des présidents d'université réfute toute opacité dans la mesure où "les procédures des marchés publics sont très strictes". Par ailleurs, dans la plupart des cas, les marchés ont été passés dans le cadre d'une "procédure adaptée" donc plafonnée à 125.000 euros et qui autorise l'université à négocier avec le cabinet de conseil.

Surtout, répondent en coeur les cabinets de conseil, les universités font en fait appel à eux depuis longtemps et les montants évoqués sont bien loin de ceux des gros contrats passés avec l'administration centrale comme l'implémentation de systèmes d'informations plus performants ou la sauvegarde des avoirs immobilisés. "Il arrive que des universités passent un contrat de 80.000 à 100.000 euros pour la sauvegarde d'actifs immobilisés d'un montant de 400 à 500 millions d'euros...", lâche-t-on dans un grand cabinet de conseil. Le jeu en vaut donc la chandelle, a fortiori dans le cas du grand emprunt où les lauréats se voient gratifiés de dotations de plusieurs millions d'euros.

Environnement concurrentiel

"Avec l?essor des appels à projet dans la recherche depuis 2006, les universités font aussi appel à nous pour que les chercheurs consacrent plus de temps à leurs travaux de recherche et moins à rédiger des réponses aux appels d'offres. Les cabinets de conseil interviennent donc par exemple pour constituer les dossiers dans les délais courts imposés, accorder la réponse à la stratégie scientifique de l?établissement. Notre objectif est aussi à cette occasion de transférer notre savoir-faire en matière de gestion de projet", analyse Loïc Jouenne, associé conseil "secteur public" chez Deloitte.

Commentaires 2
à écrit le 25/03/2011 à 13:11
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le Snesep ne connait vraiment pas le fonctionnement d'une entreprise. croit il que les universités avaient sous la main toutes les compétences pour répondre à ces appels à projets ??

à écrit le 25/03/2011 à 12:18
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Si les projets sont réellement mis en concurrence, il s'agit de ce qu'on appelle des appels à projetS et non pas d'appels à projet.

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