L'entreprise sociale : un modèle d'avenir

Alors que s'ouvre aujourd'hui et pour deux jours à Paris le Salon des entrepreneurs, le modèle de l'entreprise sociale s'impose comme un exemple à suivre. Et les PME sont plus que jamais identifiées comme le vivier d'emplois à privilégier.
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Ils sont de plus en plus nombreux ceux qui souhaitent concilier liberté d'entreprendre et finalité d'utilité sociale. Témoin un sondage CSA/Avise/La Croix révèle la forte attractivité des entreprises sociales auprès des Français. 81% d'entre eux font plus confiance aux entreprises sociales qu'aux pouvoirs publics (45%) pour relever les défis de la société et répondre à leurs attentes. Pour justifier la préférence qu'ils pourraient accorder à une entreprise sociale, les Français citent en deuxième position la modération dans la recherche du profit pour mieux se concentrer sur un projet social. Preuve que les entreprises porteuses de sens, inscrites dans les valeurs de l'économie sociale et solidaire et plaçant l'économie au service de l'homme, émergent comme une voie d'avenir. Car au c?ur de l'Economie Sociale et solidaire (ESS) l'innovation sociale consiste à élaborer des réponses nouvelles à des besoins de société mal ou peu satisfaits : vieillissement, petite enfance, logement, exclusions, discriminations, santé, cohésion sociale, etc...

A Romans, le succès du groupe Archer

En ce sens, l'innovation sociale améliore la qualité de vie des citoyens, crée de l'emploi d'utilité sociale et inspire même de nouvelles politiques publiques. D'autant qu'en partant du terrain elles répondent à des objectifs prioritaires : favoriser les bassins d'emplois locaux, exploiter les ressources d'une région, agir aux côtés des populations les plus fragilisées. Ainsi du Groupe Archer dont le président recevra ce soir lors d'une cérémonie officielle le prix de l'entrepreneur social de l'année, organisé par le BCG et la fondation Schwab pour l'entreprenariat social. Convaincu que l'insertion seule ne suffit pas, car selon lui "elle change l'ordre des gagnants mais ne crée pas de richesses", Christophe Chevalier a multiplié les alliances avec les acteurs du bassin industriel de la Drôme Nord pour trouver des réponses aux délocalisations.

A Romans où l'industrie de la chaussure était menacée, il a ainsi négocié avec Jourdan et Kélian pour reprendre une partie de leur production, parvenant à sauver des emplois et à valoriser des savoir-faire locaux sous la marque "Made in Romans". Lancé il y a vingt ans, le groupe Archer regroupe aujourd'hui une quinzaine d'entreprises dans les activités d'insertion autour des métiers de services à la personne ou d'entretiens d'espaces verts. Au total 300 emplois équivalents temps plein, 9 millions d'euros de chiffre d'affaires. En 2007 Archer a également crée un pôle territorial de coopération économique qui accueille à Romans d'autres entreprises locales prêtes à s'investir dans la revitalisation du territoire.

Les jeunes attirés par l'entreprise sociale

Mais le modèle attire aussi de plus en plus les jeunes : 48% d'entre eux se déclarent prêt à créer une entreprise sociale, contre 34%¨en moyenne parmi les actifs. Et 80% estiment que le fait qu'une entreprise soit sociale les inciterait à y postuler. De fait six grandes fondations et entreprises de l'économie sociale et solidaire ont annoncé avec L'Etat et la Caisse des dépôts la création du programme Jeun'ESS. Doté de 1,3 millions d'euros, celui-ci est destiné à encourager l'engagement professionnel ou bénévole des jeunes dans l'économie sociale et solidaire. Et vingt "pôles de l'entreprenariat étudiant" (PEE) couvrant les principaux campus universitaires ont été labellisés avec pour ambition la sensibilisation de 380.000 étudiants dans les trois prochaines années. Rassemblant 227 établissements et près de 350 partenaires, ces vingt pôles mènent des opérations de sensibilisation, de formation, et d'accompagnement à la création d'entreprise.

En vogue à l'international

Soutenue au niveau international, l'Economie sociale et solidaire souffre cependant encore en France de peu de reconnaissance malgré son potentiel de création d'emplois solidaires et des 100 millions d'euros du Programme d'investissement d'avenir (ex-Grand emprunt). Aux Etats-Unis, le Social Innovation Fund vient d'effectuer ses premiers investissements pour accélérer le déploiement d'innovations sociales ayant prouvé leur impact (124 millions de dollars dont 50 millions de fonds publics ; création d'un "Office of social innovation and civic participation"). Le programme Leed de l'OCDE anime de son coté depuis dix ans un Forum sur les innovations sociales avec pour objectif de faciliter la dissémination et le transfert des bonnes pratiques. Enfin, dans le cadre de son action en faveur de l'innovation, la Commission européenne lancera en 2011 un projet pilote européen pour les innovateurs sociaux et proposera que l'innovation sociale soit au coeur des programmes du Fonds social européen. Reste donc aux Français à passer aussi la vitesse supérieure et favoriser un entreprenariat qui contribue, selon la formule de Hugues Sibille, président de l'Avise (Agence de développement des activités de l'ESS), "à élever le niveau d'éthique et de responsabilité de l'ensemble du monde des entreprises".

 Voir panorama national de l'ESS

Commentaires 4
à écrit le 04/02/2012 à 23:44
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L'économie comme rempart contre la guerre militaire.... 70 ans que cela dure, avec grande difficulté.... Une dernière tentative pour que l'humain ne décide pas de retourner à ces vieux démons ?

à écrit le 02/02/2012 à 11:17
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l'Economie sociale et solidaire souffre cependant encore en France de peu de reconnaissance malgré son potentiel de création d'emplois solidaires" comme toujours on va se reveiller 10 ans trop tard et on aura perdu des emploie.... merci Politiques, S...

le 03/02/2012 à 14:17
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Cher désabusé, c'est aussi à l'ESS de mieux se faire connaitre en rendant plus lisible ce secteur plein de savoir-faire mais manquant de faire-savoir ! c'est une des missions que s'est donnée le Mouvement des Entrepreneurs Sociaux

le 22/04/2015 à 9:24
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Entièrement d'accord Thomas. Les entreprises sociales sont l'avenir et il faut les encourager Etika Sports dans le secteur du sport a un concept vraiment sympa.

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