Bertrand Delanoë nomme une femme à la tête de « Ma Tante »

Sophie Mahieux, ancienne directrice du Budget, ex-directrice adjointe du cabinet de Laurent Fabius à Bercy, vient d'être choisie par le Maire de Paris pour prendre la direction générale du Crédit Municipal de Paris, l'ancien Mont-de-Piété. Une femme de choc à la tête de la plus ancienne institution financière parisienne, restructurée en 2005 pour distinguer clairement l'activité de gage et celle de crédit, après les errements des années 1990 dénoncés par la Cour des Comptes.
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Les anciens membres des cabinets de gauche sous Lionel Jospin refont surface. Après Denis Morin, ancien directeur de cabinet de Christian Sautter, « exilé » à la Cour des Comptes alors que la direction du Budget lui était promise, qui revient dans les cercles du pouvoir à la tête du cabinet de Marisol Touraine aux Affaires sociales, c?est au tour de Sophie Mahieux, une autre tête de la direction du Budget, de prendre un nouveau départ, grâce au maire de Paris, Bertrand Delanoë.

Cette ancienne directrice du cabinet de Florence Parly au ministère du Budget (et directrice adjointe du cabinet de Laurent Fabius lorsqu?il était à Bercy entre 2001 et 2002) vient en effet de devenir la première femme nommée à la direction générale du Crédit Municipal de Paris, la plus ancienne institution financière française, fondée sous Louis XIII sous le nom de Mont-de-Piété (lire l?encadré historique ci-dessous). Sophie Mahieux, a été directrice du Budget en 2002 avant le retour de la droite au pouvoir. Nommée ensuite payeur général du Trésor de 2002 à 2006, elle est devenue en 2007 directeur de l?Opérateur national de paye, l?organisme en charge de moderniser la fonction paye des administrations d?Etat.

Désormais en charge du Crédit Municipal de Paris, elle remplace à la direction générale Bernard Candiard qui dirigeait « Ma Tante » depuis 2007. L?expression vient du Prince de Joinville, fils du roi Louis-Philippe qui, joueur invétéré, avait dû placer sa montre en gage et pour expliquer sa disparition, expliqua à sa mère qu?il l?avait oublié chez « sa tante » !

Le Crédit Municipal de Paris exerce de multiples activités. La principale est le prêt sur gages. Actuellement, au Crédit Municipal de Paris, 76.000 lots de bijoux d'une valeur de 55 millions d'euros attendent de connaître leur sort (Retrouvez ici "Plongée au coeur d'une banque pas comme les autres", le reportage du Journal du Net). En moyenne, 93% des objets sont récupérés, et 7% vendus aux enchères. La dernière a eu lieu fin janvier et a permis de vendre 150 lots consacrés à la fourrure et aux accessoires de mode dans la salle des ventes du Crédit Municipal de Paris ! S?y ajoute la conservation et l?expertise d?objets de valeur et depuis 2008, le microcrédit personnel. Suite à une dérive pendant la crise des années 1990, l?activité bancaire proprement dite a été séparée dans une filiale, CMP Banque, au terme d?un rapport accablant de la Chambre régionale des comptes d?Ile-de-France et de mesures disciplinaires de la Banque de France pour manquements à la réglementation bancaire.

 

Du Mont-de-Piété au Crédit Municipal de Paris
Le moine récollet italien Barnabé de Terni tente de combattre l?usure et crée en 1462 le premier Monte di pietà à Pérouse en Italie. Son principe de fonctionnement repose sur le prêt sur gage, à faible intérêt, voire même gratuit. Vingt ans plus tard, un autre moine franciscain, Bernardin de Feltre, crée ou réorganise plus de 30 établissements en Italie. Au Concile de Latran en 1515, le pape Léon X reconnaît officiellement les Monts-de-Piété. Il autorise aussi une perception d?intérêts faibles afin de couvrir les dépenses d?administration.

Théophraste Renaudot, médecin de Louis XIII, philanthrope et ami de Richelieu, est nommé Commissaire général des pauvres en 1631. Le 27 mars 1637, le roi l'autorise à ouvrir un Mont-de-Piété à Paris. En 1643, Louis XIII autorise 58 villes à établir des Monts-de-Piété. Après la mort de Richelieu et de Louis XIII, Théophraste Renaudot perd ses principaux défenseurs. Ses ennemis - les usuriers, la faculté de Médecine et le Parlement de Paris - réclament la fermeture de l?établissement. Le 1er mars, un arrêt du Parlement met fin à l?institution.

Pendant plus d?un siècle les usuriers règnent sur la capitale ; des taux de l?ordre de 120 % par an sont alors pratiqués ! Le 9 décembre 1777, Louis XVI rétablit l?institution par lettres patentes, sous l?impulsion de Jean-Charles-Pierre Lenoir, Lieutenant général de police de Paris. Framboisier de Beaunay, conseiller auprès du roi et rédacteur des lettres patentes, est nommé premier directeur de l?établissement.

L?ouverture officielle du Mont-de-Piété de Paris a lieu le 9 février 1778, à l?adresse qu?il occupe toujours aujourd?hui (55 rue des Francs-Bourgeois 75004 Paris) .

Au moment de la Révolution française, des bouleversements dans l?organisation interne associés au climat politique et social fragilisent l?établissement. Il est contraint de fermer en 1795 sans toutefois être officiellement supprimé. Paris se couvre alors d?officines de prêts sur gages. Les autorités de la Seine décident la restauration du Mont-de-Piété qui rouvre ses portes en 1797 pour ne plus jamais les fermer. Les Parisiens prévenus par affiche s?y précipitent.

En 1800, la confiance est revenue. Une première succursale spécialisée dans le nantissement des objets précieux ouvre rue Vivienne. Le 16 février 1804, Napoléon Bonaparte accorde au Mont-de-Piété le monopole du prêt sur gage. Ce décret favorise la création de Monts-de-Piété à Lyon (1810), Nîmes (1828),Toulouse (1867) et Roubaix (1870).

Le Mont-de-Piété connaît un XIXe siècle contrasté. Pour répondre à une forte demande des Parisiens il multiplie les bureaux auxiliaires, mais vit dans le même temps des dysfonctionnements internes dans un contexte politique et économique complexe. Au début du XXe siècle, l?activité décline, l?institution doit évoluer pour apporter de nouvelles réponses aux difficultés financières des Parisiens. Le 24 octobre 1918, le Mont-de-Piété devient le Crédit Municipal de Paris, une nouvelle dénomination qui annonce aussi le développement de ses activités bancaires, parallèlement aux prêts sur gages.

L?activité du Crédit Municipal de Paris se ralentit considérablement pendant la Seconde Guerre mondiale. Le déclin se poursuit au cours des années 1950 et l?établissement est contraint de diversifier ses activités.
Par la loi de finances du 11 juin 1954, les caisses de Crédit municipal sont parmi les premiers établissements à proposer du crédit aux Français, et plus particulièrement aux fonctionnaires. La loi bancaire du 24 janvier 1984 reconnaît le Crédit municipal comme banque à part entière.

A partir de 1987, l?institution parisienne déploie un réseau d?agences de proximité à Paris et en Ile de France. En 1988, le département de conservation d?objets d?art Munigarde est ouvert. En 1992, l?établissement est placé sous la responsabilité de la Ville de Paris qui en est l?actionnaire unique.

Une réorganisation est opérée fin 2004 : l?activité historique autour de l?objet est dévolue au Crédit Municipal de Paris tandis que celle des prêts bancaires revient à sa filiale CMP-Banque. S?appuyant sur un savoir-faire social qui ne s?est pas démenti en 230 ans, le Crédit Municipal de Paris apporte, avec le prêt sur gage, une réponse à tous ceux qui ont à faire face à un besoin de trésorerie, un coup dur, un imprévu. Parallèlement il a développé une gamme complète de produits financiers permettant de répondre efficacement aux problèmes d?endettement.

 

Commentaires 5
à écrit le 21/02/2013 à 7:01
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Euh.... si ma tante en avait, on l'appellerai mon oncle ! Ok je sors ! ;-)

à écrit le 19/02/2013 à 19:21
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"Cette ancienne directrice du cabinet de Florence Parly au ministère du Budget (et directrice adjointe du cabinet de Laurent Fabius lorsqu?il était à Bercy entre 2001 et 2002) vient en effet de devenir la première femme nommée à la direction générale...

à écrit le 19/02/2013 à 9:03
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J'ai eu peur j'avais cru comprendre qu'il allait nommer tantine à la tante, ou la tante à la tantine, il viendra en talon à l'inauguration avec ses conseillères ?

à écrit le 19/02/2013 à 8:44
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c'est sans doute un clin d'oeil, à moins que ce ne soit de l'humour au deuxième degré, car maintenant grâce à la technique esthétique et tout le reste, difficile de savoir qui est un homme et qui est une femme et surtout qui l'a été, notamment dans u...

à écrit le 18/02/2013 à 22:36
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Pas très heureux comme humour La Tribune.Vous auriez même du dire "Bertrand Delanoë nomme une camionneuse à la tête de « Ma Tante »" whouarf whouarf whouarf , qu'est ce qu'on doit se marrer a la rédaction.

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