Il a fallu environ trois heures de discussions pour que les dirigeants des quatre membres européens du G8 : France, Allemagne, Royaume-Uni et Italie, divisés ces derniers jours, se mettent d'accord sur les moyens à mettre en ?uvre face à la crise financière qui secoue l'Europe.
« Ce qui est très important, c'est que devant une crise mondiale l'Europe existe et présente une réponse » a souligné le chef d'Etat Français, Nicolas Sarkozy, l'organisateur du sommet en tant que président en exercice du Conseil de l'Union européenne. « Nous avons tenu à prendre un engagement solennel des chefs d'Etat et de gouvernement de soutenir les établissements bancaires et financiers face à la crise », a-t-il déclaré. Tout en soulignant qu'"en cas de soutien public à une banque en difficulté, chaque Etat membre s'engageait à ce que les dirigiants qui ont failli soient sanctionnés".
Un soutien qui ne passera donc pas par un fonds européens de soutien refusé par l'Allemagne aux motifs que chaque pays « doit prendre ses responsabilités au niveau national », avait souligné fermement Angela Merkel.
L'occasion de pointer du doigt l'Irlande, pays au sujet duquel la chancelière a indiqué que les participants au mini-sommet avaient demandé à la Commission européenne et à la BCE (Banque centrale européenne) de se saisir. En effet, Dublin a irrité plusieurs pays, Grande-Bretagne en tête, en allant jusqu'à garantir l'intégralité des dépôts de ses banques, provoquant un afflux de clients vers leurs guichets. Et le communiqué publié à l'issue du sommet du G4 d'appeler à un « développement coordonné des règles européennes sur la sécurité des dépôts bancaires ».
Par ailleurs, les Etats européens entendent obtenir l'assurance que leurs banques ne seront pas pénalisées au moment où les Etats-Unis envisagent un assouplissement des normes comptables qui obligent les établissements financiers à évaluer une bonne partie de leurs actifs à la valeur de marché, un facteur qui a contribué à l'exacerbation de la crise.
A ce sujet, Nicolas Sarkozy a déclaré à l'issue du G4 que les normes comptables des banques devaient être modifiées « avant la fin du mois » afin de mettre ces dernières « sur les même ligne que leurs concurrentes internationales ». Il s'agit plus précisément de demander que les règles comptables relatives à la classification des actifs dans les bilans bancaires soient modifiées de façon à tenir compte de la durée de détention de ces actifs par les banques.
Ils ont appelé de leur v?u la réunion prochaine d'un sommet international en vue de s'attaquer « à une réforme réelle et complète du système financier international fondée sur les principes de transparence, de solidité bancaire, de responsabilité, d'intégrité et de gouvernance mondiale ».
Ils ont en revanche invité la Commission européenne à faire preuve de souplesse dans ses décisions sur les aides d'Etat aux banques en difficulté comme sur l'application des critères du traité de Maastricht en matière de dette et de déficits, ce qui n'est autorisé que des « des circonstances exceptionnelles ». Un point dont se réjouissait le camp du président Français. « Cela ne veut pas dire que l'on laissera maintenant filer les déficits », a toutefois tempéré Jean-Claude Juncker, premier ministre luxembourgeois et président de l'eurogroupe.
Enfin, l'unité de ces quatre « grands » reste à faire partager aux 23 autres membre de l'UE. Des « petits » dont l'absence au sommet est regrettée par Gunther Cappelle-Blancard, professeur d'économie à l'Université Panthéon Sorbonne. « les quatre appellent à plus de coordination mais se gardent de convoquer » les autres pays européens, estime-t-il, « surtout que l'Irlande et l'Espagne n'en sont pas et sont très touchés par la crise ».
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