Euler Hermes craint 72.000 défaillances d'entreprises en France cette année

L'économie mondiale traverse un moment dangereux : pour la première fois depuis 1945, la production mondiale va reculer en 2009 et la probabilité d'une entrée de la zone OCDE en déflation fin 2010 augmente, estime ce mercredi l'assureur-crédit Euler Hermes dans une étude plutôt sombre qui table sur une inquiétante montée des défaillances d'entreprises.

Selon l'assureur-crédit Euler Hermes SFAC (leader mondial du secteur, filiale du grand assureur allemand Allianz), l'économie française devrait reculer de 1,8% en 2009 puis connaître une reprise lente, particulièrement faible et fragile, de 0,5 % en 2010. Une prévision un peu plus faible encore que celle du gouvernement qui devrait entériner, ce mercredi en conseil des ministres, un recul du PIB de 1,5% pour l'année en cours. 

Toutefois, poursuit Euler Hermes, les alertes nouvelles portant sur les destructions d'emploi, la dérive des finances publiques et la dégradation financière des entreprises, accentuent actuellement le risque d'une récession durable. Les défaillances d'entreprises atteindraient le record historique de 72.000 en 2009 (+25% après +15% en 2008) et continueraient de progresser en 2010.

Tous les secteurs enregistrent de fortes hausses de défaillances, insiste Euler Hermes. Les secteurs industriels seraient particulièrement touchés en 2009, expliquant un doublement des "grosses défaillances" (plus de 15 millions d'euros de chiffre d'affaires). "Dans ce contexte de recrudescence des défaillances, nous constatons une réelle prise de conscience du risque d'impayés et des inquiétudes naturelles des entreprises quant au pilotage possible de ce risque d'où une forte demande en assurance-crédit. Nous avons ainsi enregistré 25% de production nouvelle pour la France en 2008. Face à cela, nos actions sur le ciblage et la sélection des risques font partie intégrante de notre politique de souscription et de gestion des risques", analyse Michel Mollard, président du directoire d'Euler Hermes SFAC.

L'investissement des entreprises et celui des ménages continueront de se contracter jusqu'en 2010, et les revenus réels des ménages ralentiront pendant deux ans du fait des destructions massives d'emploi. Le taux de chômage augmentera jusqu'à 10%, interdisant une reprise solide de la consommation. En dépit des mesures de relance, la crise interne deviendrait auto-entretenue et l'économie française sortirait difficilement de récession en 2010, avec seulement 0,5% de croissance anticipée, exclusivement sous l'hypothèse d'une reprise des stocks.

Dans ce contexte, la situation des finances publiques serait très fortement dégradée, avec une dette de 75% du PIB et une augmentation autonome des intérêts de la dette au-delà de 3% du PIB. "La situation financière à court terme des entreprises est la plus dégradée depuis vingt-cinq ans. Par ailleurs, les baisses importantes des carnets de commande des entreprises - en chute de 20 à 30% actuellement - amèneront une décroissance du niveau du crédit interentreprises que nous chiffrons à 10% minimum pour 2009", souligne Michel Mollard.

Tous les secteurs, à l'exception des secteurs non marchands, enregistreront une croissance négative en 2009. L'effondrement de la production industrielle fera
durablement baisser la part de l'industrie dans la production française de 3 points.

Plus globalement, cette étude souligne aussi que l'économie mondiale traverse un moment dangereux. Pour la première fois depuis 1945, la production mondiale va reculer en 2009. Et aucune amélioration n'est détectable à court terme. En dépit des plans de relance monétaires et budgétaires, le "scénario principal" est celui d'une chute historique du PIB de la zone OCDE de 2,9% en 2009 suivie d'une reprise très faible en 2010 avec 0,6% de croissance.

"Nous affrontons la première récession de la mondialisation. C'est pour cela que les pays émergents sont fortement touchés par la crise, à la fois acteurs et victimes", explique Karine Berger, directrice des études d'Euler Hermes SFAC. Dans la zone OCDE, la crise frappera plus fortement les pays les plus dépendants aux exportations (Allemagne et Japon), et plus longtemps ceux dans lesquels les bulles immobilières et financières se sont le plus développées (Royaume-Uni, Espagne).

"Les déficits publics des pays de l'OCDE représenteront plus de 2.300 milliards de dollars en 2010, ce qui accentue le risque obligataire mondial", commente
Maxime Lemerle, responsable des études économiques d'Euler Hermes SFAC.

Les incertitudes sur l'amplitude des créances douteuses dans le système financier amènent Euler Hermes à envisager l'hypothèse d'un déclenchement en déflation. Ce "scénario alternatif", avec une chute lente des prix et des salaires, signifierait une baisse de 3,5% du PIB de la zone OCDE en 2009 et de 0,7% en 2010.

Pour la France, ce scénario se développerait du fait des alertes sur plusieurs composantes de la demande intérieure : un repli de 1,1% du PIB l'an prochain et une montée du taux de chômage à presque 12% signifieraient une entrée progressive en déflation.

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
Signaler
Je travail dans une pme de transports et l'on commence a tout voir en noir.Le chiffre d'affaire est en recul de 60% par rapport a fevrier 2008.Meme si cela repart, comment va t'on faire pour livrer s'il n'y a plus de camion?Le telephone ne sonne plus...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.