Tendances contradictoires pour les économies de la France et de la zone euro

Selon de nouvelles prévisions publiées ce lundi, la Commission européenne s'attend à une récession de 4% cette année dans la zone euro et de 3% en France, ce qui entraînera en 2010 un taux de chômage au plus haut depuis l'après-guerre et une nette aggravation des déficits publics. Toutefois, signe encourageant, les indices des directeurs d'achats (PMI) du secteur manufacturier dans la zone euro et en France semblent remonter la pente en avril.

Dans ses nouvelles prévisions macro-économiques publiées ce lundi, la Commission de Bruxelles anticipe que la zone euro sera encore en récession en 2010, avec une contraction de l'activité de 0,1%, après un recul sévère de 4% cette année. Dans ses précédentes projections, publiées mi-janvier, elle tablait sur un repli du produit intérieur brut (PIB) de 1,9% en 2009 et une légère croissance en 2010, de 0,4%.

Ces nouvelles prévisions de Bruxelles restent néanmoins légèrement plus optimistes que celles publiées par le Fonds monétaire international (FMI) et l'Organisation pour le coopération et le développement économiques (OCDE). Le FMI table sur un recul du PIB de 4,2% cette année et de 0,4% l'an prochain, et l'OCDE sur une contraction de 4,3% cette année et de 0,1% l'an prochain.

Pour la France, la Commission a nettement dégradé ses prévisions, et table désormais sur un recul du PIB de 3% cette année puis sur une nouvelle contraction de 0,2% l'an prochain. En janvier, la Commission tablait sur un recul du PIB de 1,8% en 2009, puis sur une légère croissance de 0,4% en 2010.

9,6% de chômage prévu pour la France en 2009

Logiquement, Bruxelles s'attend à ce que cette dégradation s'accompagne d'une forte augmentation du chômage et d'un creusement important des déficits. Le taux de chômage devrait passer en France de 7,8% en 2008 à 9,6% en 2009 et 10,7% en 2010. C'est cependant mieux que prévu dans ses précédents pronostics pour 2009 (9,8%), et seulement une légère dégradation pour 2010, où elle tablait jusqu'ici sur un taux de 10,6%.

La Commission a en revanche nettement dégradé ses prévisions pour les finances publiques. Le déficit public, qui a dépassé dès 2008 la limite de 3% autorisée dans l'UE, à 3,4%, devrait augmenter nettement à 6,6% en 2009 et 7% en 2010 (contre 5,4% en 2009 et 5% en 2010 prévus jusqu'ici). Bruxelles a déjà lancé une procédure pour déficit excessif contre la France, lui accordant jusqu'en 2012 pour ramener son déficit public sous 3% du PIB.

La Commission s'attend par ailleurs à 8,5 millions pertes d'emploi dans l'Union européenne en 2009-2010, ce qui devrait se traduire par un taux de chômage de 10,9% l'an prochain. Dans la zone euro, elle prévoit qu'il atteigne 11,5% en 2010, niveau sans précédent depuis l'après-guerre, selon Bruxelles. La Commission tablait jusqu'ici sur un taux de 10,2% dans la zone euro et 9,5% dans l'UE l'an prochain.

Conséquence de la crise, Bruxelles table aussi sur un très fort creusement des déficits publics dans la zone euro, à 5,3% en 2009 et 6,5% en 2010.

Malgré ces sombres prévisions, le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia, a dit lundi percevoir des signes de "stabilisation" de la conjoncture de la zone euro, montrant qu'elle n'est "plus en chute libre" après une phase aiguë de récession.

Un léger mieux pour la production manufacturière

La société Markit, qui publie ce lundi ses indices des directeurs d'achat du secteur manufacturier en France et dans la zone euro, semble confirmer l'analyse de Joaquim Almunia. L'indice PMI de la zone est ainsi remonté en avril à son plus haut niveau depuis six mois, à 36,8 points, mais continue de traduire une nette contraction de l'activité (un indice inférieur à 50 correspond à une contraction de l'activité), et cela pour le onzième mois consécutif.

Les derniers chiffres "suscitent à la fois consternation et espoir pour l' industrie manufacturière de la zone euro", a commenté Chris Williamson, chef économiste de Markit.  "La production continue d'afficher un taux de contraction à deux chiffres et la situation du marché du travail reste alarmante", a-t-il noté. Toutefois, "bien que les chiffres n'offrent pas de réels motifs de réjouissance et que la reprise soit encore loin, le pire de la crise pourrait être passé".

En France, la chute de l'indice PMI semble aussi enrayée. L'indice se redresse en avril à 40,1 points, contre 36,5 points en mars ; c'est toutefois le onzième mois qu'il indique une contraction de l'activité.

"Bien qu'ils restent élevés, les taux de détérioration de la production et des nouvelles commandes se replient fortement par rapport aux records historiques des mois derniers, ce qui semble indiquer que la phase la plus sévère de récession du secteur manufacturier est désormais dépassée", souligne ainsi Markit. Le taux de contraction affiche son plus bas niveau depuis septembre dernier, et se replie fortement par rapport au record historique de février, poursuit la société.

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