La course au vaccin et aux antiviraux

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) craint que le virus de la grippe A (H1N1) développe des résistances aux antiviraux efficaces actuellement et notamment au Tamiflu, fabriqué par le laboratoire suisse Roche. La mobilisation internationale pour fabriquer un vaccin a par ailleurs produit ses premiers résultats la semaine passée.

Les antiviraux disponibles actuellement continueront-ils d'être efficaces contre le virus de la grippe A (H1N1), alors que ce dernier mute sans cesse ? C'est la question posée en substance par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ce mercredi.

Le Dr Nikki Shindo, expert en pandémies de l'OMS, a en effet fait valoir que l'année dernière la grippe saisonnière avait montré "des signes de résistance à l'oseltamivir", la molécule contenue dans le Tamiflu, l'antiviral fabriqué par Roche et recommandé jusqu'à présent par l'OMS contre le nouveau virus de type A (H1N1). De la même manière, la résistance du virus A (H1N1) pourrait se développer après son passage dans l'hémisphère sud où l'hiver, propice à la propagation de la grippe, débute actuellement, a laissé entendre l'expert de l'OMS.

En dépit de ces craintes, l'organisation a commencé à envoyer la semaine dernière 2,4 millions de doses de Tamiflu à 72 pays, dont le Mexique. Roche a annoncé le 12 mai qu'il offrait 5,65 millions de doses supplémentaires de Tamiflu à l'OMS. Le laboratoire pharmaceutique suisse va également augmenter ses capacités de production de l'antiviral, dont il va produire 110 millions de traitements sur les cinq prochains mois, a-t-il précisé dans un communiqué. La Bourse suisse a peu réagi à cette annonce, le titre perdant 0,71% à 139,40 francs suisses, dans un marché quasi stable (+0,02%) à 8h32 GMT.

Dans l'attente d'un vaccin efficace, seuls deux médicaments sont disponibles contre la nouvelle maladie: le Tamiflu et le Relenza du britannique GlaxoSmithKline (GSK).

Concernant le vaccin , l'OMS doit se prononcer le 14 mai, a affirmé lundi Antoine Flahaut, épidémiologiste et directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) à Rennes lors d'une conférence. Elle devra choisir entre faire entrer le H1N1 souche nord-américaine dans le vaccin de la grippe saisonnière ou faire un vaccin dirigé contre la pandémie, a-t-il rappelé. "Mon sentiment est qu'ils vont faire un vaccin pandémique", a-t-il ajouté, sachant que "le nouveau virus est ultra-compétitif et chassera tous les autres".

Première étape

Aux Etats-Unis le 10 mai, les autorités sanitaires ont annoncé qu'elles se concentraient en priorité sur la recherche des caractéristiques du virus A(H1N1) et sur la mise au point d'un vaccin. La mobilisation internationale pour fabriquer un vaccin a produit ses premiers résultats. Le 7 mai, le Canada a annoncé avoir réalisé le premier séquençage d'échantillons du virus de la grippe A(H1N1) provenant du Mexique et du Canada. Le 8 mai, en Grande-Bretagne, l'Agence de la protection sanitaire (HPA, organisme public) a annoncé avoir réussi le décryptage de la souche européenne du virus.

Par ailleurs, un chercheur américain Suresh Mittal, professeur à l'université de Purdue (Indiana), a annoncé aussi avoir développé un vaccin qui sera testé sur des souris dans deux ou trois semaines et pourrait être produit dans quelques mois.

 "On va se préparer pour produire un vaccin en masse", a déclaré pour sa part mardi 12 mai Albert Garcia, épidémiologiste et porte-parole de Sanofi-Pasteur, soulignant que Sanofi Pasteur attendait encore l'envoi par l'OMS de la souche du virus pour fabriquer le vaccin. L'agence américaine des médicaments (FDA) a autorisé le groupe français à produire sur place des vaccins contre la grippe saisonnière et un futur vaccin contre le virus A (H1N1).

Une capacité mondiale de production limitée

Cependant, "la capacité mondiale de production (d'un vaccin ) est encore limité et tous les investissements dans ce domaine sont nécessaires", a observé le Dr Elias Zerhouani, conseiller Science et Technologie de Sanofi.

Dans le même ordre d'idée, le directeur-général de Sanofi-Aventis, Christopher Viehbacher, a souligné que le groupe disposait de trois usines dans le monde - deux aux Etats-Unis et une en France - pour la fabrication de vaccins contre la grippe saisonnière. Seuls les deux sites américains sont capables de produire en même temps un vaccin contre la grippe A, a-t-il souligné.  Arrêter en France la fabrication du vaccin contre la saisonnière pour celui contre la grippe A constitue "une vraie question de santé publique". "Ce n'est pas à nous de la prendre, mais à l'OMS", a-t-il dit.

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