"Sur les trois prochaines années, la Biélorussie va privatiser 500 entreprises"

Depuis 1994, la Biélorussie vit figée dans un modèle de socialisme que tous ses voisins ont renié. L'Etat contrôle l'essentiel d'une économie centrée sur l'industrie lourde et le président Alexandre Loukachenko ne partage pas une once de son pouvoir. Mais, la crise mondiale pousse Minsk à ne plus dépendre seulement de Moscou en attirant les investisseurs occidentaux. Nikolaï Zaïtchenko, ministre biélorusse de l'Economie, explique ses projets à La Tribune.

La Tribune - L'économie biélorusse est de type dirigiste, est-ce un bien ou un mal dans la situation de crise globale actuelle ?

Nikolaï Zaïtchenko - La Biélorussie est déjà une économie de marché. Nous sommes dans une période de transition, le rôle de l'Etat diminue mais lentement, progressivement. Le fort contrôle de l'Etat sur l'économie nous a mieux préparés que d'autres pays à faire face à cette crise. Car nous disposons déjà des instruments de régulation.

- Vous avez prévu un vaste programme de privatisations. Lesquelles seront ouvertes aux étrangers ?


- Sur les trois prochaines années, nous allons privatiser 500 entreprises actuellement 100% publiques. 140 seront privatisées cette année, dont Minsk Avto Zavod [automobile], GomSelMash [agroalimentaire]et Integra [électronique]. Nous vendrons des parts allant jusqu'à 51% du capital et même parfois au-delà selon les cas.

- Vous envisagez de privatiser les trois grandes banques d'Etat. Les groupes étrangers seront-ils les bienvenus ?

- Le pays compte 31 banques,. Vingt d'entre elles sont déjà partiellement à capitaux étrangers et huit 100% étrangères. Pour les 3 banques dont vous parlez, la conjoncture ne se prête pas à une vente rapide. Nous ne sommes pas prêt à vendre à tous prix, nous attendrons que les offres nous satisfassent. Pour l'instant, les étrangers représentent 17% de la capitalisation totale du système bancaire biélorusse. Leur part qui a doublé par rapport à 2007.

- Quels secteurs de l'économie résistent le mieux à la crise globale ?

-Ceux qui sont orientés vers la demande intérieure, comme la construction de logement, de routes. Tous les projets déjà budgétés sont menés à terme. Nous disposons de suffisamment de matériaux de construction. En revanche, pour l'industrie, la construction de machines, la pétrochimie, nous dépendons de la demande extérieure. La construction de machine et la sylviculture ont connu une forte baisse de production.

- La communauté d'affaires se plaint beaucoup de la bureaucratie biélorusse...

- Nous simplifions actuellement toutes les procédures. Il ne faut plus que 5 jours pour créer une entreprise. Depuis ce changement, nous avons deux fois plus d'entreprises qui se créent chaque jour. Néanmoins c'est vrai qu'il reste beaucoup de barrières, trop de normes et notre système d'octroi de licences reste trop complexe.

- Comment luttez-vous contre la montée du chômage due à la crise ?


- Le nombre de chômeurs officiels n'a pas bougé avec la crise. Le taux est resté sous la barre des 2%. Nous n'avons pas de ressources naturelles pour soutenir ceux qui ont perdu leurs emplois, par conséquent nous sommes contraints de faire en sorte que la population active reste employée. C'est notre responsabilité première. Nous n'autoriserons pas les licenciements massifs. A la place, nous préférons des mesures telles que la réduction du temps de travail, jusqu'à la semaine de trois jours, ou la baisse des salaires.

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