"Dans 20 ans, Berlin sera encore plus internationale"

Une interview exclusive de Klaus Wowereit, maire de Berlin, vingt ans après la chute du Mur.

La Tribune - Quel regard portez-vous sur ces vingt années qui ont suivi la chute du Mur ?

 

Klaus Wowereit - Ce qui me rend le plus fier, c'est la façon dont les Berlinois ont réussi à rassembler deux moitiés d'une ville pour n'en faire plus qu'une. C'était une gageure. Ils y sont parvenus, malgré les difficultés. C'est vraiment à eux qu'on doit la façon dont Berlin s'est développé depuis 20 ans.

 

- Pourtant, sur le plan politique, le Mur refait son apparition à chaque élection : à l'est, die Linke prédomine largement, à l'ouest, SPD, Verts et CDU se partagent l'essentiel des suffrages. Comment l'expliquez-vous ?

 

- On ne le sent pas seulement dans les résultats électoraux mais dans la façon dont les Berlinois parlent entre eux de politique. Comment voulez-vous que les gens ne soient pas influencés par la façon dont ils ont été éduqués ? Celui qui a grandi à l'Ouest ne voit pas les choses comme celui qui a vécu, dans l'ancienne RDA, des décennies de dictature. Cela n'a rien de tragique. C'est même une chance. Ce qui importe, c'est que la ville mette en oeuvre une politique qui s'adresse à tous ses habitants. Telle est ma priorité en tant que maire.

 

- Comment voyez-vous Berlin dans 20 ans ?

 

- Dans 20 ans, Berlin sera encore plus internationale. Je la vois aussi très libérale - au sens littéral du terme ! Une ville ouverte à ses visiteurs, à ceux qui y vivent à temps partiel, à ceux qui veulent s'y installer, s'y développer, lui apporter leur créativité et entretenir son caractère multiculturel. Berlin sera un lieu de rencontres pour des gens venus de tous les continents.

Cette ouverture d'esprit qui caractérise notre ville doit être cultivée sans relâche. Si une personne à l'apparence, au physique différent, ne se sent pas la bienvenue dans un quelconque quartier, elle renoncera à s'installer à Berlin et ira ailleurs. Voilà pourquoi nous devons faire prospérer l'ouverture d'esprit de notre ville et la défense des libertés.

 

- Mais votre ville n'a-t-elle pas aussi besoin d'argent pour prospérer ? Ne redoutez-vous pas la baisse annoncée des impôts en Allemagne qui touchera tous les Länders et donc aussi Berlin ?

 

- Attendons de voir ce qu'il en adviendra ! (rires) De toutes façon, ce n'est pas une question d'argent mais d'attitude. Défendre les droits de l'homme, la liberté, cela ne coûte rien. Bien sûr, le développement d'une ville nécessite aussi de l'argent. Il en faut pour lutter contre la pauvreté et l'injustice sociale.

 

- Sur le plan économique, le bilan de ces vingt années n'est pas très glorieux. Berlin manque d'entreprises.

 

- Durant deux décennies, Berlin a vécu avec brutalité la transformation de son économie. Les anciens gros « kombinats » de la RDA (ndr : complexes industriels) n'étaient pas viables pas plus que les entreprises de Berlin Ouest n'étaient compétitives. La ville a ainsi perdu une centaine de milliers d'emplois industriels. Pour les remplacer, nous misons sur des technologies d'avenir : les biotechs, l'énergie photovoltaïque, les technologies médicales, etc. C'est un travail de longue haleine qui ne va pas se traduire immédiatement par la création de milliers d'emplois. Ce sont des entreprises de petite taille qui vont prospérer petit à petit. Mais nous sommes sur la bonne voie.

 

- Six ministères, dont ceux de la Santé et de l'Environnement, sont restés à Bonn. N'est-il pas temps de les rapatrier à Berlin ?

 

- C'est une décision qui relève du gouvernement fédéral et du Bundestag. En temps que maire de Berlin, j'y suis évidemment favorable. Force est de constater que le travail gouvernemental pâtit de cette double localisation. Faut-il maintenir un compromis décidé il y a vingt ans alors qu'on voit bien que tout cela n'est vraiment pas pratique ? C'est aux parlementaires de trancher cette question.

Commentaire 1
à écrit le 07/11/2009 à 10:10
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Et la planète comment sera-t-elle? dans vingt ans.

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