Plus de 100.000 morts redoutés après le séisme à Haïti

Un violent séisme a touché la capitale de ce pays qui figure parmi les plus pauvres au monde. Plus de 100.000 personnes seraient mortes. Le chaos règne dans cette ville de 2 millions d'habitants. Les scènes de pillages se multiplient. L'aide internationale se mobilise rapidement.

Plus 100.000 personnes seraient mortes à Haïti. C'est le chiffre dévoilé par le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive à la chaîne américaine CNN. "Il est difficile d'évaluer précisément le nombre de victimes. Combien de constructions, combien de bâtiments se sont effondrés. Avec les habitants à l'intérieur, je pense qu'on est bien au dessus de 100.000. Tellement de bâtiments, tellement de quartiers ont été totalement détruits, et dans certains quartiers, on ne voit même plus personne, donc je ne sais pas où sont ces gens". Mais on ignore pour le moment le nombre réel de victimes, les communications étant fortement perturbées dans l'île.

Un puissant séisme a frappé le pays mardi soir, à 16 km de Port-au-Prince. La secousse, de magnitude 7, a duré plus d'une minute et a même été ressenti "fortement" par des habitants de l'est de Cuba. Le séisme a été suivi quelques minutes plus tard par une forte réplique d'une magnitude de 5,9, puis d'une autre de magnitude 5,5.

L'épicentre du tremblement de terre a été localisé à l'intérieur des terres, à seulement 10 km de profondeur et à 16 km de la capitale. Un géophysicien de l'institut géologique américain à Golden, dans le Colorado, a indiqué qu'un séisme de cette importance n'avait jamais été enregistré à Haïti depuis plus de 200 ans. "Il y a eu deux tremblements de terre majeurs en 1750 et 1771, mais depuis il n'y en a pas eu de cette magnitude", a dit Dale Grant.

Selon Médecins Sans Frontières, la situation est "chaotique" dans la capitale. "Je me suis rendu dans cinq centres médicaux dont un grand hôpital et la plupart d'entre eux ne fonctionnaient pas, raconte un témoin Beaucoup sont détruits et j'ai vu un nombre bouleversant de corps. Des centaines de milliers de personnes ont dormi dans les rues car elles n'ont plus de logement. Nous avons pu voir des fractures ouvertes, des blessures à la tête. Le problème est que nous ne pouvons envoyer les gens se faire soigner correctement à ce stade".

"Il va falloir reloger Port-au-Prince, soit deux millions de personnes", a expliqué mercredi soir l'ambassadeur de France à Haïti, Didier Le Bret, joint au téléphone par France-2. "Je n'ai quasiment pas croisé une maison qui tenait", ajoutant avoir vu des rues "jonchées déjà de cadavres". Il se dit  horrifié par ce qu'il a vu : "on voit des gens apparaître, une jambe, un bras, dans des tas de ferrailles, de béton. C'est épouvantable!". Et il ajoute que les gens sont tous "dans la rue, ils vont passer la nuit dans la rue et maintenant, certains d'entre eux, avec leur seule bonne volonté, cherchent à retrouver les cadavres sous les décombres." L'ambassadeur parle d'une quasi-absence de sauveteurs: "Aucun moyen actuellement n'a été mis en oeuvre. Le peu de moyens dont disposait Port-au-Prince, à travers son réseau de pompiers, a été enseveli dès la première secousse". A l'ambassade, "le plafond s'est effondré. On s'est réfugié sous nos tables. On est sorti avec une ambassade qui était à moitié détruite. J'ai traversé à pied deux quartiers dont un où se trouve la résidence de l'ambassadeur de France qui est totalement détruite".

La principale prison de la ville s'est effondrée. Des détenus ont pris la fuite.

Selon des experts, les probabilités que se produise un séisme d'une telle violence étaient fortes. Ce tremblement de terre, le plus fort depuis 1770, pourrait être suivi de répliques dans les prochains jours. Vu la structure et les lents mouvements de la faille qui court à quelques kilomètres au sud de Port-au-Prince, plusieurs experts avaient prévenu ces dernières années qu'une activité sismique majeure se préparait dans la région de la capitale haïtienne.

De nombreux morts et blessés enfouis sous les décombres

De nombreuses personnes se retrouvent alors coincées dans les décombres des immeubles détruits, soit mortes, soit blessées, dans le nord de la capitale, Port-au-Prince. Le président haïtien, René Préval, vivant malgré l'effondrement de son palais, craint que le séisme n'ait fait des milliers de morts. Le palais présidentiel est en ruines et ses dômes sont à terre alors que les murs se sont effondrés. "Mon pays fait face à une catastrophe majeure", a commenté sur CNN l'ambassadeur de Haïti aux Etats-Unis, Raymond Alcide Joseph.

Le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, déclare que 200 personnes seraient portées disparues sous les décombres d'un grand hôtel de Port-au-Prince, l'hôtel Le Montana, sur les hauteurs de la capitale, non loin du quartier-général de l'ONU. "Une soixantaine de Français sont réfugiés à l'ambassade (de France), touchée par le séisme. La résidence de l'ambassadeur a aussi été touchée par le séisme", précise-t-il. Il y a 1.400 Français recensés en Haïti, dont 1.200 à Port-au-Prince.

L'ONU a payé un lourd tribut à la catastrophe. Son siège local s'est effondré. 14 de ses employés (13 casques bleus, dix Brésiliens et trois Jordaniens, ainsi qu'un employé civil haïtien) ont été tués et 150 autres sont portés disparus. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner dit craindre que toutes les personnes présentes au siège de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) au moment de la secousse ne soient mortes. Parmi elles figure le chef de la mission, le Tunisien Hedi Annabi, dont le décès semble avéré. 56 employés ont par ailleurs été blessés, dont sept gravement qui ont été évacués du pays.

L'archevêque de Port-au-Prince, Mgr Serge Miot, est lui aussi décédé lors du tremblement de terre. Le vicaire général, Mgr Charles Benoît, est porté disparu, selon la Missionary international service news agency (Misna).

Le chaos règne dans les rues, déjà visible sur le Web

Après le tremblement de terre, les gens se sont précipités dans les rues de la ville tandis qu'un nuage de poussière et de fumée s'élevait dans le ciel. Alors que le soleil se couchait sur des scènes de chaos, des habitants de Port-au-Prince, utilisant des lampes torches tentaient de trouver des survivants dans les décombres des immeubles effondrés. De nombreux cadavres jonchent les abords des routes, tandis que des pillards sont à l'?uvre dans un supermarché au nord de Port-au-Prince. Les lignes téléphoniques terrestres et les communications par téléphones portables sont interrompues dans la capitale. Les rares personnes munies de téléphones satellitaires sont les seules à pouvoir communiquer. Cependant, sur le Web, arrivent des vidéos (cliquez ici ou voir ci-dessous) montrant la panique et l'étendue du désastre. Les premiers témoignages arrivent sur Twitter et Facebook.

La communauté internationale se mobilise

Réagissant rapidement à l'annonce de la catastrophe, le président Barack Obama a déclaré que "ses pensées et ses prières" allaient vers le peuple haïtien et a promis de fournir toute l'aide nécessaire. "Nous suivons de près la situation et nous nous tenons prêts à porter assistance aux gens d'Haïti", a-t-il déclaré dans un communiqué. Il promet une intervention "rapide, coordonée et énergique". Des équipes devraient arriver sur place dès les prochaines heures, l'aéroport de la capitale étant utilisable. Les Etats-Unis "vont fournir une aide civile et militaire aux catastrophes ainsi qu'une assistance humanitaire", a déclaré la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

Côté français, 130 sapeurs pompiers ou sauveteurs français et 6 chiens spécialisés auront rejoint Port-au-Prince, frappée par un violent séisme, "au plus tard dans les 24 heures", a annoncé la Sécurité civile ce mercredi. Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a annoncé dans un communiqué qu'il allait  "y envoyer immédiatement deux détachements d'intervention catastrophe constitués de sapeurs pompiers martiniquais et guadeloupéens et des sapeurs sauveteurs des formations de la Sécurité civile stationnées à Brignoles dans le Var". La communauté urbaine de Lille a décidé mercredi de débloquer une aide d'urgence de 60.000 euros.

Les médias français appellent à la générosité. Radio France et France Télévisions se sont associées à la Fondation de France : www.fondationdefrance.org.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a envoyé un message de solidarité. "Nous sommes de tout coeur à vos côtés dans cette épreuve et notre prière veut présenter à Dieu les nombreuses victimes, décédées ou blessées, ainsi que leurs familles. Les nombreux liens humains et spirituels qui unissent, de par l'histoire, nos deux pays doivent pouvoir être l'occasion de manifester concrètement notre profonde solidarité avec tous ceux qui sont aujourd'hui victimes du tremblement de terre".

La Croix-Rouge française a, elle, annoncé qu'elle déployait une aide d'urgence. Elle va installer une première unité de traitement d'eau pour 40.000 personnes et ditribuer des produits de premières nécessité (couvertures, tentes, ...) pour 20.000 personnes, soit 3.750 familles.

L'organisation Télécoms sans frontières prépare l'envoi d'une équipe de spécialistes avec des installations de télécommunications d'urgence pour faciliter l'aide aux sinistrés.

Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a annoncé que "le FMI se tient prêt à tenir son rôle avec un soutien adéquat dans nos domaines d'expertise. J'ai déjà demandé au personnel d'examiner toutes les possibilités. Nous nous coordonnerons avec les autres agences internationales, et mobiliserons nos moyens d'assistance aussi vite que possible".

La Banque mondiale, dont les bureaux situés dans la banlieue ont été détruits, a annoncé de son côté qu'elle allait dépêcher une équipe à Haïti pour évaluer l'étendue des dégâts et qu'elle commençait à travailler sur des projets de reconstruction. Et elle a indiqué mercredi soir envoyer une aide d'urgence de 100 millions de dollars (69 millions d'euros).

Cette somme servira à soutenir le rétablissement et la reconstruction du pays, a précisé l'institution internationale, qui va envoyer des experts à Haïti pour évaluer l'ampleur des dégâts et établir les priorités.

De son côté, la Banque de développement inter-américain a dit avoir débloqué une aide d'urgence de 200.000 dollars qui sera destinée à la fourniture de nourriture, d'eau, de médicaments et d'abris pour les victimes.

L'Italie a annoncé qu'elle débloquait une aide d'urgence d'1 million d'euros. "Deux contributions financières en faveur des organisations internationales qui opèrent sur le terrain ont été mises à disposition" par le gouvernement italien. 500.000 euros seront attribués au Programme alimentaire mondial pour aider les personnes touchées par le tremblement de terre.

Londres va envoyer une équipe de 64 sauveurs avec leurs chiens pour porter assistance. Elle attend la réouverture du trafic aérien perturbé par les chutes de neige en Angleterre. "Haïti est bien évidemment l'un des pays les plus pauvres au monde", a déclaré Douglas Alexander, ministre britannique pour le Développement. "Les besoins à la suite de cette tragédie vont probablement être énormes."

Le Canada a décidé d'envoyer une force d'intervention importante: "nous déploierons aujourd'hui une force d'intervention (...) pouvant inclure un aéronef C-17 avec de l'équipement médical, de même que que deux hélicoptères de recherche et de sauvetage de type Griffon".

Cuba a annoncé vouloir "envoyer une aide médicale d'urgence à la république soeur d' Haïti . Nous enverrons une certaine quantité de médicaments, de matériel médical, tandis que des médecins supplémentaires se rendront sur place".

Numéro de la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères

Le Quai d'Orsay a annoncé ce mercredi que les personnes ayant des proches en Haïti pouvaient joindre le numéro habituel de la cellule de crise du ministère au 01 43 17 53 53 ou le numéro mis en place spécialement au 01 45 50 34 60.

 


 

Commentaires 6
à écrit le 13/01/2010 à 17:56
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Et ou il est Sarko, pas de commentaires ? pas d'aide annoncé ? comme d'habitude quand il y as des ouragans , la France joue a l'autruche et laisse les organismes comme la croix-rouge s'en occuper . De 1713 a 1787 , 30,000 colons Francais sont v...

à écrit le 13/01/2010 à 17:41
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Haiti a été fondé par la France, non ? et ou il est Sarkozi, il ne dit rien ? il attend que les autres s'en occupent ? la croix rouge francaise, 130 pompiers,,, mais ou elle est l'aide financiere ? la France traite encore les haitiens comme des ...

à écrit le 13/01/2010 à 17:37
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Il y a 4 ans maintenant qu'on a adopté ma petite soeur elle vien de la elle a maintenant 6 ans. je suis triste de voir tous ses pauvre gens, les femme et les homme comme les enfants. Dommage qu'on ne fais pas quelque chose pour que des personne vienn...

à écrit le 13/01/2010 à 17:15
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sa ma chauqué quand j'ai entendue la nouvel sa ma chauqué

à écrit le 13/01/2010 à 17:15
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J'ai 17 ans, je suis encore à l'école et nous parlons de l'Haïti et ils ne sont pas chanceux car ils sont les plus pauvres, les plus pauvres en Amériques, et avec toute ces catastrophe naturel qu'ils doivent faire avec. Je leurs souhaite le plus gros...

à écrit le 13/01/2010 à 14:09
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Je suis de tout coeur avec le peuple haïtien, j'ai des voisins originaires d'haïti que je soutiens déjà j'espère que la communauté internationale fera tout pour reconstruire rapidement aux normes et permettre à ces personnes d'avoir une vie plus desc...

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