Polémique après l'interdiction par la France de la pêche au thon rouge

Le syndicat des thoniers méditerranéens a demandé à Nicolas Sarkozy une réunion d'urgence, alors que le gouvernement vient d'officialiser sa position en faveur de l'interdiction du commerce international du thon rouge. Mais le délai de 18 mois irrite cette fois Greenpeace.

Le président du Syndicat des thoniers méditerranéens Mourad Kahoul a réclamé ce mercredi à Paris "une réunion d'urgence" avec le président de la République. Car la France s'est officiellement prononcée ce mercredi pour l'interdiction du commerce international du thon rouge, en vue de la conférence de la CITES (Convention de l'ONU sur le commerce international des espèces menacées d'extinction) qui, en mars prochain, prendra une décision sur le sujet.

"Il faut que le président de la République s'implique sérieusement", a déclaré Mourad Kahoul. "On va vers une grosse crise", a-t-il déclaré à des journalistes au ministère de l'Agriculture.

Cette décision, prise au nom de la sauvegarde de l'espèce, est "lourde" mais "nécessaire", a affirmé le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo. Il s'agit d'une interdiction "scientifiquement fondée et inévitable", a défendu pour sa part la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno.

Un délai de 18 mois avant l'interdiction

Jean-Louis Borloo a également annoncé ce mercredi que la France demandait un délai de 18 mois avant la mise en oeuvre de l'interdiction, afin de permettre de nouvelles expertises scientifiques et peaufiner un plan de sortie des flottes de thoniers.

De fait, ce délai doit surtout permettre de négocier à Bruxelles des dérogations pour la pêche artisanale (180 bateaux pour 10% des prises) et des subventions pour la vingtaine de thoniers industriels de Méditerranée.

C'est la principauté de Monaco qui a proposé à la CITES l'inscription du thon rouge à l'"Annexe I", qui proscrit de facto sa commercialisation internationale. Nicolas Sarkozy s'était exprimé dès juillet en faveur de cette proposition

Quant à l'Union européenne, elle attendait la décision de la France - l'un des principaux pêcheurs avec l'Italie et l'Espagne - pour prendre une décision au niveau communautaire.

L'inscription du thon rouge à l'Annexe 1 de la CITES permettrait, selon Chantal Jouanno, de "faire pression sur les autres pays" pêcheurs, à la différence d'une réglementation des quotas d'exportation difficile à contrôler.

"Les pêcheurs ne se laisseront pas mourir"

"Si on va à l'annexe 1, les pêcheurs ne se laisseront pas mourir", a averti Mourad Kahoul. "Chacun prendra ses responsabilités", a-t-il lancé, refusant toutefois de se prononcer sur un éventuel blocage des ports, avant que les pêcheurs ne se soient concertés ce mercredi soir.

"Aujourd'hui il y a un problème humain, et on ne peut pas laisser les marins-pêcheurs à la rue", a-t-il ajouté. Ces deniers ont renouvelé leurs armements il y a trois ans et "sont acculés de dettes", a-t-il souligné.

Selon lui, la ressource "n'est pas menacée". "C'est quand même triste de voir autant d'acharnement sur une pêcherie pour faire plaisir à des ONG irresponsables", a estimé Mourad Kahoul. Le gouvernement veut donner "un os" aux ONG environnementales après les "fiascos" de Copenhague et de la taxe carbone, a-t-il dit.

Pour sa part, l'organisation écologiste Greenpeace a qualifié d'"absurde" le délai de 18 mois annoncé par le gouvernement français, jugeant que cela revenait à "attendre qu'il n'y ait plus de thons rouges pour agir".

Un stock qui a fondu de 74% en 50 ans

Le thon rouge est très prisé par les Japonais, acquéreurs de plus de 80% des prises effectuées en Méditerranée. Une interdiction du commerce international, suspendrait, de facto, leur pêche industrielle.

Selon l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), les volumes des captures excèdent largement les taux autorisés et le potentiel de reproduction du stock. Le stock de thon rouge a baissé en Méditerranée de 74,2% de 1957 à 2007, dont 60,9% au cours des dix dernières années. Dans l'ouest de l'Atlantique, ils ont même plongé de 82,4% entre1970 et 2007, selon la principauté de Monaco.

Commentaires 5
à écrit le 03/02/2010 à 16:18
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kahoul ne représente que 20 énormes senneurs industriels qui pillent 90% des thons à eux seuls...Tous milliardaires avec villas à Marbella et avions privés! Il suffit de couler ces 20 usines génocidaires ! Ils les ont payés depuis longtemps car les j...

à écrit le 03/02/2010 à 15:53
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Combien de temps tiendra cette décision courageuse. Les armateurs de la pêche au thon de Sete ont des moyens de pression aussi gros que les moyens qu'ils ont pour effectuer cette razzia du thon rouge (bateaux armés des meilleurs équipements, hélico...

à écrit le 03/02/2010 à 15:31
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Les syndicats haussent le "thon" (elle n'est pas très bonne !)

à écrit le 03/02/2010 à 15:17
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Enfin une décision courageuse de prise ! Les enjeux de demain vont demander de gros sacrifices qui seront très très impopulaires, c'est inévitable et ça va nuire à pas mal de gens mais pour le bien de tous, il faut s'y faire. Aautr exemple : à quan...

à écrit le 03/02/2010 à 14:59
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Monsieur KAHOUL ne représente qu'une petite poignée de marins-pêcheurs, les marins-pêcheurs de la côte atlantique ne pensent pas du tout comme lui, eux se sentent responsables et essayent de pêcher avec intelligence

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