Dialogue apaisé entre Etats-Unis et Chine sur le yuan

Dans un communiqué publié à l'issue de la seconde et dernière journée de ce "dialogue", le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, a assuré que laisser plus de latitude aux marchés financiers pour déterminer la valeur des devises bénéficierait à la Chine en l'aidant à contenir les tensions inflationnistes.
(Crédits : © 2009 Thomson Reuters)

Un abaissement des barrières commerciales chinoises pourrait avoir autant d'importance qu'une réforme de la politique de changes de Pékin pour réduire les tensions économiques avec les Etats-Unis, a déclaré mardi le représentant américain au Commerce, Ron Kirk.

Plusieurs dirigeants américains avaient fait le déplacement dans la capitale chinoise pour la nouvelle session du "Dialogue stratégique et économique" entre les Etats-Unis et la Chine, respectivement première et troisième puissance économique mondiale. Et comme lors des précédents rendez-vous de ce type, les sujets de débat n'ont pas manqué, qui sont autant de sources potentielles de tensions.

Si les différends concernant Taiwan et la censure de Google, sont repassés au second plan, le déficit abyssal des échanges commerciaux américains avec la République populaire reste un point douloureux. Ce déficit a reculé l'an dernier à 226,8 milliards de dollars, après avoir inscrit un record à 268 milliards en 2008. Mais l'administration Obama, qui entend favoriser les exportations américaines, et de nombreux membres du Congrès souhaitent voir la Chine laisser le yuan s'apprécier.

Les Etats-Unis s'inquiètent aussi des projets chinois visant à favoriser l'innovation technologique, qui pourraient se traduire par des discriminations au détriment d'entreprises américaines, a expliqué Ron Kirk.

Dans un entretien à Reuters, il a estimé que toute avancée réalisée par Pékin en matière de protection de la propriété intellectuelle et d'accès au marché pourrait être aussi importante qu'une réforme du yuan. "Tout cela pourrait être aussi important, sinon plus important pour être franc, que tout ce que nous pourrions faire sur le taux de change", a-t-il résumé.

Sur ce dernier point, le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a pris acte avec satisfaction de l'engagement des autorités chinoises à poursuivre la réforme de leur politique de changes.

LA CHINE, PREMIER CRÉANCIER DU TRÉSOR AMÉRICAIN

Dans un communiqué publié à l'issue de la seconde et dernière journée de ce "dialogue", il a assuré que laisser plus de latitude aux marchés financiers pour déterminer la valeur des devises bénéficierait à la Chine en l'aidant à contenir les tensions inflationnistes.

Il a jugé encourageantes les discussions avec Pékin sur ce dossier, sans pour autant évoquer le calendrier d'une possible réévaluation de la monnaie chinoise.

"Cela est bien sûr du ressort de la Chine", a-t-il dit.

Les dirigeants chinois n'ont laissé transparaître, du moins en public, aucun indice préfigurant une évolution prochaine de leur position sur les changes ou les relations commerciales.

Mais le président Hu Jintao a dit apprécier l'approche apaisée de Washington concernant le yuan.

Il a déclaré lundi devant les responsables américains et chinois réunis que son gouvernement souhaitait augmenter la demande intérieure chinoise et réformer le régime de changes du yuan, mais avec prudence et selon un calendrier qu'il choisirait lui-même.

Pékin avait laissé le yuan s'apprécier d'environ 21% face au dollar entre 2005 et 2008 mais les autorités ont mis un coup d'arrêt à ce mouvement pour stabiliser son économie alors qu'éclatait la crise financière mondiale.

De son côté, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a jugé que la Chine avait été "avisée" en investissant dans la dette américaine mais elle a ajouté qu'à un certain stade, les Chinois devraient investir davantage sur leur propre marché.

La République populaire est le plus gros détenteur d'emprunts du Trésor américain, avec un portefeuille de 895,2 milliards de dollars (732,9 milliards d'euros). Et plusieurs de ses dirigeants, y compris le Premier ministre Wen Jiabao, ont déclaré ces derniers mois que Washington devait éviter de mener une politique budgétaire susceptible d'éroder la valeur de ces "Treasuries".

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