Les managers ont du mal à croire aux bienfaits de l'entreprise mixte

Selon une enquête du cabinet McKinsey réalisée en 2009, dont une nouvelle version sera présentée en exclusivité au Women's Forum de Deauville, 72% des entreprises ne s'intéressent pas à la promotion des femmes.

La crise n'a pas infléchi les priorités des entreprises en ce qui concerne une plus grande mixité "de genre". C'est ce que révèle la dernière étude menée par le cabinet de consultants McKinsey, en 2009. Certes, mais au-delà de ce constat, les résultats ne sont guère encourageants. "La mixité n'est une priorité que pour un peu moins d'un tiers (28%) des entreprises, relève Sandrine Devillard, directeur associé senior de McKinsey à Paris et auteur de l'étude. Et pour 40% des sociétés interrogées, ce n'est pas une priorité du tout..."

Pis, à la question : "plusieurs recherches ont prouvé que les entreprises dont les équipes de leadership comptent un nombre significatif de femmes génèrent des résultats financiers supérieurs : êtes-vous personnellement convaincus de ce lien ?", 41% des directions générales sont sceptiques ou "ne savent pas..." Si les femmes sont convaincues à hauteur de 79%, les hommes ne le sont qu'à 49%. Or, poursuit Sandrine Devillard, "pour que des mesures soient mises en ?uvre afin d'améliorer la participation des femmes dans le processus décisionnaire et managérial des entreprises, il faut que le PDG soit visiblement impliqué". Sans ce prérequis, rien ne peut avancer pour les femmes, affirme la spécialiste.

Mais une fois la direction de l'entreprise convaincue des bienfaits de la mixité, encore faut-il que des mesures soient prises pour faire vivre le concept. "Et cela doit se faire dans la durée, de façon persistante, sinon tout retombe comme un soufflé", précise la consultante. Parmi les mesures, McKinsey propose aux directions des ressources humaines de s'assurer en priorité que les critères d'évaluation de la performance des salariés soient bien "neutres", que les listes de recrutement et de promotion incluent systématiquement des femmes, que la flexibilité sur les horaires comme sur les carrières soit la norme dans les entreprises, et qu'enfin les femmes se voient offrir des plans de carrières adéquats, visant à les retenir dans l'entreprise.

Sur ces deux derniers éléments, Sandrine Devillard remarque que les entreprises "perdent" souvent les femmes lors de leur congé maternité, ne serait-ce que parce qu'aucun lien n'est entretenu avec celles-ci pendant leur absence. Quant à l'évolution professionnelle, elle passe, en particulier dans les multinationales, par une période d'expatriation qui peut durer plusieurs années. "Or les femmes ont plus de difficultés à partir", explique la consultante de McKinsey. Il faut donc trouver, d'une part, les moyens de raccourcir les périodes d'expatriation pour en faire bénéficier les femmes sans nuire à leur vie de famille (sans oublier de chercher à proposer une solution pour la carrière du conjoint), et de l'autre, sélectionner les candidates à un poste en fonction de l'intérêt du CV, sans pour autant biaiser la décision en donnant trop d'importance à l'expatriation.

 

A l'occasion de la parution ce mercredi du supplément de La Tribune "Ces femmes qui changent le monde", en partenariat avec le Women's Forum for the economy and society, découvrez l'intégralité de l'étude McKinsey.

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