Des proches de Berlusconi ont tenté de faire chanter la patronne des patrons italiens

Les locaux du quotidien contrôlé par le frère du Président du Conseil italien, Paolo Berlusconi, ont été perquisitionnés par la justice. Les juges soupçonnent le journal d'avoir essayé d'obliger la présidente du patronat à se montrer moins critique envers le pouvoir en la menaçant de lancer une campagne de presse contre elle.

Deux ans et demi après le retour au pouvoir de Silvio Berlusconi, le président du Conseil italien est de nouveau à couteaux tirés avec le patronat. Entré en politique en 1994 en se présentant comme une entrepreneur loin de l'establishment transalpin, le Cavaliere se dépeint lui-même encore aujourd'hui comme un chef d'entreprise qui essaie de gérer tant bien que mal la Péninsule.

Mais ses pairs au patronat sont désormais éloignés du magnat de la télévision. Les hommes du Cavaliere dans le quotidien contrôlé le frère de Silvio Berlusconi, Il Giornale, voulaient lancer une campagne de presse contre la patronne des patrons italiens, Emma Marcegaglia, ont révélé des sources judiciaires et des proches de la présidente du Medef italien à la suite des perquisitions jeudi soir effectuées notamment au siège du journal.

Selon le Corriere della Sera, Le directeur adjoint d'Il Giornale, Nicola Porro, a notamment envoyé un texto au porte-parole d'Emma Marcegaglia lui indiquant préparer "un super article judiciaire sur les affaires de la famille Marcegaglia". Un sms interprété comme servant de menace et chantage envers la présidente de Confindustria , le patronat, italien pour qu'elle cesse de critiquer le gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi, le frère du propriétaire d'Il Giornale...

 La menace a été tellement prise au sérieux par l'homologue italienne de Laurence Parisot qu'elle a pris contact avec Fedele Confalonieri, membre de la direction du patronat italien et...président du groupe de télévision Mediaset, fondé par Silvio Berlusconi et toujours contrôlé par lui et ses enfants.

Confalonieri, vieux compagnon du route du Président du Conseil, aurait rassuré Emma Marcegaglia et promis d'intervenir au près d'Il Giornale pour éviter ce chantage.

Les proches du Cavaliere aurait utilisé la même méthode que celle mise en œuvre il y a un an pour faire taire le directeur de la rédaction du quotidien catholique L'Avvenire, considéré comme trop critique envers Silvio Berlusconi. Ce directeur avait dû démissionner après une intense campagne de presse de dénigration, mettant en accusation ses pratiques sexuelles.

De même récemment Il Giornale avait mis en cause le président de la Chambre des députés, Gianfranco Fini pour une complexe affaire d'appartement à Monte-Carlo. Or Fini est devenu le principal rival de Silvio Berlusconi faisant défection du grand parti de droite qu'il avait fondé avec le Cavaliere, le Peuple de la liberté.

Le journal a coutume d'attaquer les puissants industriels qui font de l'ombre au Cavaliere, ainsi la famille Agnelli, contrôlant Fiat, a régulièrement droit à des articles vengeurs dans les pages d'Il Giornale. Mais l'attaque à Emma Marcegaglia est plus étonnante : la présidente de la Confindustria était en effet plutôt bien disposée envers Silvio Berlusconi lors de son élection en avril 2008, lui demandant d'user de sa large majorité pour faire des réformes.

 

La patronne des patrons alla même jusqu'à investir un peu d'argent de son groupe familial pour faire partie du tour de table italien qui flanqua Air France pour le rachat de la compagnie aérienne Alitalia.

 

Mais cette idylle a fait long feu. A la mi-septembre, Emma Marcegaglia avait publiquement critiqué qu'un »gouvernement qui n'a plus de majorité n'aide pas la croissance. L'Italie vit un moment politique affreux qui n'a évoqué pendant des mois que d'amants, cousins et appartements. Et cela ne nous intéresse pas. » . Soit une claire référence aux déboires conjugaux du Cavaliere et autres scandales entourant son équipe, comme le ministre de l'Industrie , Claudio Scajola ayant dû démissionner au printemps pour s'être fiat payer en partie son appartement avec vue sur le Colisée par un entrepreneur.

Le poste de ministre de l'Industrie n'a été pourvu que cette semaine...

 

Une critique qui gêne apparemment Silvio Berlusconi. Ses hommes de main s'en prennent aussi au grand quotidien des affaires italien, Il Sole 24 Ore, détenu par le patronat italien.

 

Le directeur du journal n'est apparemment pas du goût du pouvoir, bien qu'Emma Marcegaglia indique avoir averti à l'époque de sa nomination Silvio Berlusconi et son bras droit Gianni Letta...

 

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