En Espagne, les socialistes sont contraints de remettre en cause le rôle de l'Etat

De 21,8 % du PIB, les transferts sociaux ont atteint 23,3 % en 2008, un élan stoppé net par la cure d'austérité.
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Historiquement limité, le rôle de l'État espagnol avait plutôt tendance à se renforcer ces quinze dernières années à la faveur de la vive croissance du pays. Mais la crise de 2008 a interrompu cette normalisation par rapport aux autres grands pays de l'Union européenne, sur le plan social notamment.

« Le poids des dépenses de l'État est en Espagne de l'ordre de 35 % du PIB, contre 50 % en France », indique Jésus Castillo, économiste chez Natixis, qui précise que « le poids des transferts sociaux représentait 23,3 % du PIB dans le royaume espagnol contre 32 % dans l'Hexagone ». En 2001, les transferts sociaux ne représentaient que 21,8 % du PIB, poursuit l'économiste. Comme les autres pays européens, l'État espagnol est privé de marge de manoeuvre budgétaire par la crise, mais il part de moins haut et l'effet risque d'être plus fort sur la population. « Le système de couverture santé ou les allocations familiales ne sont sans doute pas équivalents à ceux d'un pays comme la France, et nombre de services publics n'existent pas », explique Jesus Castillo.

Les besoins sont pourtant bien présents. Le chômage moyen atteint 20 % de la population active, et celui des jeunes 40 %. En juin, l'allocation de fin de droit (« les 426 euros »), une mesure qui avait été mise en place en 2008, va disparaître en raison de la cure d'austérité prévue dans le cadre du budget pour 2011. Même lacune pour la dépendance des personnes âgées. « Le Premier ministre Zapatero avait fait adopter une loi sur la dépendance, mais aucun budget n'a été prévu et cette mesure va de fait échapper à l'État faute de ressources clairement affectées », explique Jesus Castillo.

Paradoxalement, on ne constate pas une importante explosion sociale, poursuit l'économiste. Les causes? « L'importance de l'économie souterraine, bien sûr, mais aussi le jeu des solidarités familiales qui sont plus fortes dans la péninsule ibérique », dit-il. Question culturelle mais aussi de nécessité en raison de la crise. Laurent Chemineau

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