Retour sur la journée de dupes qu'a vécue jeudi l'Egypte

Le président Hosni Moubarak a réussi à déjouer tous les pronostics jeudi, même ceux de la CIA.
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"Mission accomplie", écrivait jeudi après midi Wael Gonim, sur son blog. Le jeune cyber-militant, détenu pendant douze jours par la police au début du mouvement de contestation, est devenu un "héros" et un "héraut" de la révolution égyptienne. De fait, les rumeurs de départ de Hosni Moubarak allaient bon train. D?autant que des responsables égyptiens - et même américains, puisque les déclarations ont été relayées par des chaînes de télévision américaines et confirmées par la CIA - annonçaient la "probable" démission du président Moubarak.

Après trente ans de pouvoir, le raïs devait l?annoncer à la télévision, après avoir rencontré son vice-président Omar Souleiman et son premier ministre Ahmed Chafiq. L?information s?était répandue comme une traînée de poudre et de probable, le départ est devenu définitif. Le peuple voyant sa revendication - celle d?une passation radicale de pouvoir - enfin entendue se laissait aller à l?euphorie. Enfin, l?homme fort du régime allait "dégager" - et l?Egypte se réveillerait avec une démocratie en marche.

Un amer désenchantement

Las ! Vers 11 heures du soir commençait l?allocution télévisée tant attendue du chef de l?Etat. Les manifestants de la place al-Tahrir, plus nombreux que jamais, l?ont écouté dans un silence solennel. Mais au fil du discours, voici que la liesse fait place au désenchantement?

Et pour cause, après de nombreux détours, le discours présidentiel se fait plus clair : Moubarak ne partira pas?. Pis, il assure qu?il restera en poste jusqu?aux élections de septembre. Car il refuse de céder à la pression de la rue et encore plus aux "diktats de l?étranger". Et puis, au détour d?une phrase, il annonce quand même qu?il délègue ses pouvoirs à son nouveau vice-président, Omar Souleiman.

Stupeur dans la foule. Si la CIA, d?habitude muette sur ses positions, l?avait dit, cela devrait être vrai?. Et pourtant, Moubarak a réussi à flouer la foule? Colère générale place al-Tahrir. Les uns fondent en larmes, les autres brandissent leurs chaussures, geste de mépris suprême en Orient.

Quand on pense que Barack Obama était si confiant quelques heures à peine avant le discours du président Moubarak. Lui aussi aura été grugé. Il convoque une réunion à la Maison Blanche pour étudier la suite à donner aux derniers évènements. Dans la foulée, il demande aux autorités égyptiennes de fournir des explications "claires et non ambiguës" sur les changements promis par le raïs.

Les manifestants, eux, savent déjà ce qu?ils vont faire : rester mobilisés. Jusqu?au départ de Moubarak.

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