En Syrie, le gouvernement lève l'état d'urgence en vigueur depuis 1963

Selon l'agence de presse officielle Sana, le conseil des ministres syrien a adopté une loi visant à "réguler le droit à manifester pacifiquement". Une autorisation du ministère de l'Intérieur restera néanmoins nécessaire.
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Le gouvernement syrien a adopté mardi un projet de loi abrogeant l'état d'urgence en vigueur depuis 1963, mais une nouvelle législation régulera "le droit à manifester pacifiquement". Selon un haut responsable, le président Bachar al Assad devra ratifier ce texte avant qu'il n'entre en vigueur mais sa signature devrait être une formalité.

Peu après l'annonce de cette mesure, une nouvelle manifestation en faveur de la démocratie a éclaté à Banias, dans l'ouest du pays. "Ni salafiste, ni Frère musulman. Nous voulons la liberté", ont scandé des centaines de personnes, faisant allusion aux accusations des autorités selon lesquelles des groupes islamistes originaires de Banias sèmeraient "la terreur" en Syrie.

Selon l'agence de presse officielle Sana, le conseil des ministres a adopté une loi visant à "réguler le droit à manifester pacifiquement". Une autorisation du ministère de l'Intérieur sera nécessaire pour manifester en Syrie. Il a en outre adopté un projet de loi abrogeant un tribunal spécial de sécurité accusé par les défenseurs des droits de l'homme de bafouer l'Etat de droit et le droit de tous à un procès équitable.

Un militant a rejeté l'initiative du gouvernement en disant que le Président Assad aurait pu lui-même lever immédiatement l'état d'urgence. "Le gouvernement n'a nul besoin de décider quoi que ce soit (...) La levée de (l'état d'urgence) est entre les mains du président", a dit Ammar Kourabi. Selon un juriste international, la nouvelle loi régulant les manifestations, qui étaient interdites sous l'état d'urgence, signifie qu'il sera toujours "nécessaire de demander l'autorisation de la famille Assad pour manifester".

Le contexte reste tendu en Syrie

Ces réformes constituent une réponse à des semaines de contestation politique, inspirée par les exemples tunisien et égyptien, pour une démocratisation du régime, vieux de onze ans, de Bachar al Assad. Ce développement, qui était attendu, survient dans un contexte tendu en Syrie. Les forces de sécurité ont ouvert le feu mardi contre des manifestants anti-gouvernementaux à Homs, importante agglomération du centre du pays où 17 personnes avaient été tuées dimanche soir par des tirs des forces syriennes.

Des militants des droits de l'homme ont rapporté qu'au moins trois autres manifestants avaient été tués par balles mardi matin. Selon Sana, quatre personnes, deux policiers et deux individus armés, ont été tuées dans des affrontements dans la ville. Les slogans 'fédérateurs' des manifestants qui descendent depuis un mois dans les rues des villes sont: "Liberté!" ou "Dieu, la Syrie et la liberté, c'est tout!" A la sortie des grandes prières, des rituels cris d'"Allah Akhbar" (Dieu est grand) ont également été entendus.

Signe que les autorités n'ont pas l'intention de céder du terrain aux opposants, le ministère de l'Intérieur a présenté lundi soir les troubles comme relevant d'une "insurrection armée" de la part de groupes appartenant à des organisations salafistes, en particulier à Homs et Banias. Dans cette dernière localité, quelque 1.500 manifestants étaient descendus ce week-end dans les rues.

Selon le principal groupe syrien de défense des droits de l'homme, la répression du mouvement pour la démocratie a fait environ 200 morts depuis près d'un mois. Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur invite les Syriens a "éviter de prendre part à des défilés, manifestations et protestations", conformément à l'état d'urgence.

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