La gauche italienne inflige un nouveau revers électoral à Berlusconi

Le deuxième tour des élections municipales et régionales, a confirmé la poussée de la gauche italienne. Le parti de Berlusconi a perdu Milan et n'est pas parvenu à s'imposer à Naples, la troisième ville du pays.
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Silvio Berlusconi a subi lundi un cuisant revers dans son fief de Milan, perte symbolique d'une déroute électorale dont sa coalition ne devrait pas sortir indemne. Déjà affaibli par les ennuis judiciaires et les scandales, le président du Conseil perd pour la première fois depuis 1993 le contrôle de la capitale financière italienne, la ville du "berlusconisme" d'où il a bâti son empire économique et médiatique.

Après deux jours de scrutin municipal et régional, le candidat de gauche, Giuliano Pisapia, arrive en tête du second tour avec 55,1% des voix face à la maire sortante, Letizia Moratti, membre du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Berlusconi. Naples, troisième ville d'Italie, reste aux mains de l'opposition. Luigi de Magistris, du mouvement Italie des valeurs de l'ancien juge Antonio di Pietro, a nettement dominé le candidat berlusconien avec 65,4% des voix, après avoir devancé le candidat du Parti démocrate (centre gauche) au premier tour.

L'opposition avait déjà conservé Turin et Bologne lors du premier tour. De façon plus anecdotique, la gauche a également pris Arcore, où se trouve la villa de Berlusconi. "Nous avons perdu, c'est évident", a dit le "Cavaliere" à Bucarest, où il s'entretenait avec son homologue roumain. "La seule façon d'avancer est de garder notre calme et de continuer" les réformes, a-t-il ajouté.

Berlusconi s'est entretenu avec Umberto Bossi, le chef de la Ligue du Nord dont le soutien est vital pour le gouvernement de droite. Bossi a répondu que le gouvernement continuerait, a assuré le président du Conseil. Mais la Ligue du Nord, qui avait le vent en poupe ces derniers temps, a eu le sentiment d'être une victime indirecte de l'impopularité du chef du gouvernement lors d'un scrutin qui pouvait pourtant lui être favorable. Mardi, la "Lega" a perdu des villes qu'elle semblait pourtant tenir fermement, comme Novare et Pavie. À Trieste, à la frontière slovène, le centre gauche est revenu au pouvoir face à une droite divisée au premier tour.

Une vraie "claque"

"C'est une très lourde défaite et le grand perdant est le président du Conseil", a dit Leonardo Boriani, rédacteur en chef du journal de la Ligue du Nord, La Padania. Le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, l'un des dirigeants de la Ligue du Nord, a reconnu qu'il s'agissait d'une "claque" pour la coalition. Pour Maurizio Pessato, de l'institut de sondages SWG, "c'est un signal clair de la désillusion des électeurs". "Ces résultats rendent plus probables des élections anticipées, peut-être l'an prochain", dit-il. Les prochaines législatives italiennes sont prévues en 2013.

Le secrétaire général du Parti démocrate, Pier Luigi Bersani, a réclamé la démission de Berlusconi, une nouvelle loi électorale et des élections anticipées. Lors de la campagne du premier tour, le président du Conseil avait présenté ces élections locales comme un référendum sur sa personne et sa politique. Des problèmes locaux ont, certes, déterminé le choix des électeurs, comme les transports, la prochaine Expo 2015 à Milan ou la crise des déchets à Naples, mais la faiblesse actuelle de l'économie a sans doute aussi pesé dans la balance.

Quelques jours après le premier tour, l'agence de notation Standard & Poor's a abaissé sa perspective pour l'Italie en raison de son incapacité à réduire sa dette et à relancer son économie. Celle-ci est l'une des plus fragiles de la zone euro avec un chômage frappant 25% des jeunes et un niveau de vie qui s'est dégradé sur les dix dernières années. Le gouvernement, qui tablait sur une croissance de 1,3% cette année, a été contraint de réviser à la baisse ses projections, à 1,1% du PIB. Le gouvernement, davantage affaibli, n'est pas en situation de faire des réformes économiques, estiment les observateurs.
 

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