Pour Trichet et Draghi, la sortie de crise passe par une accélération de la construction européenne

Jean Claude Trichet annonce de nouveaux textes européens et nationaux visant à renforcer la surveillance des politiques macroéconomiques des pays de la zone euro. Le Président de la BCE se déclare favorable à un gouvernement économique confédéral, avec la mise en place d'un ministre de finances confédéral.
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Réunis lors d'un colloque organisé par l'Institut Montaigne sur le thème "trois ans après la chute de Lehman Brothers", le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, et son successeur désigné, Mario Draghi, gouverneur de la banque centrale d?Italie et président du Conseil de stabilité financière européen, ont parlé d?une même voix pour exhorter les chefs d?Etat et de gouvernement de la zone euro à s?engager au plus vite vers davantage d?intégration et la mise en place une vraie gouvernance européenne.

"Restons ensemble", clame Mario Draghi. Et pour bien appuyer le propos, le banquier italien a rappelé que la crise de la zone euro concerne l?ensemble des vingt-sept pays de l?Union européenne. "Il n?y a pas d?Union européenne sans euro", a-t-il ainsi rappelé. Les deux hommes forts de la BCE ont salué en préambule la formidable réussite de l?euro, en passe de devenir une monnaie de réserve, autrement dit, une alternative crédible au dollar (sous entendu, les Etats-Unis vivent leurs derniers jours de toute puissance économique et financière).

Mais, reconnaît Mario Draghi, la monnaie unique est un "bateau non terminé qui affronte prématurément une tempête". Le point positif est que le bateau n?a pas coulé. Mais il est urgent de le réparer au plus vite ! "Tout le monde savait que la construction européenne n?était pas terminée. Mais la crise a brutalement rétréci l?horizon du temps, ce qui explique les difficultés d?ajustement des prises de décision des politiques". Mais aujourd?hui, souligne le prochain patron de la BCE, il n?y a plus le choix : il faut accélérer le tempo de la construction européenne.

A très court terme, Jean-Claude Trichet a rappelé l?urgence d?appliquer à la lettre les décisions prises lors du sommet de la zone euro le 21 juillet dernier pour sauver la Grèce. "Nous avons un besoin immédiat et impérieux que l'ensemble de ces décisions soient mises en oeuvre", a-t-il ainsi déclaré. "Il n'y a plus l'ombre d'une ambiguïté" sur le fait que la crise a "clairement révélé que la gouvernance au sein de la zone euro était absolument essentielle", s?est-il félicité, faisant émerger un "consensus » pour avoir un renforcement extrêmement substantiel du pacte de stabilité et de croissance. Et de regretter au passage que les trois principaux Etats de la zone euro ? France, Allemagne, Italie ? avaient vidé de substance dès 2003 le Pacte de stabilité, point de départ selon lui, de la crise actuelle de la dette souveraine.

Dans un second temps, en fait dans les jours qui viennent, le président de la BCE a également annoncé un nouveau pilier de surveillance des politiques macroéconomiques des pays de la zone euro, sur la base d?indicateurs de compétitivité, de déséquilibres, de salaires ou de comptes publics au sein de la zone euro. Le message est clair : la zone euro ne peut plus accepter des trajectoires durablement divergentes entre les différents pays. Des textes européens et les législations nationales devront ainsi permettre de surveiller beaucoup plus étroitement les évolutions budgétaires nationales. Et de rappeler que l?on ne peut pas être à la fois en faveur de la règle d?or et contre le principe des sanctions.

A terme enfin, Jean-Claude Trichet s?est prononcé en faveur d?un gouvernement confédéral, avec un ministre des Finances confédéral qui pourrait assurer l'ensemble de la gouvernance au sein de la zone euro et imposer telle ou telle décision. Un pouvoir de surveillance qui pourrait même être étendu aux réformes structurelles jugées indispensables (sans préciser lesquelles). Bien évidemment, précise Mario Draghi, une modification des traités européens est indispensable pour introduire de nouvelles règles de discipline bubgétaire. La voie est tracée, il reste donc à convaincre les politiques, et surtout les opinions publiques, de sacrifier une partie de leur souveraineté nationale au profit de l?Europe.

Commentaires 9
à écrit le 08/09/2011 à 17:52
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Si nous voulons aider la Grèce et les autres pays en difficulté il faut leur permettre d'augmenter leur productivité et les y aider. L'austérité freine l'économie et par conséquent les rentées fiscales diminuent. La convergence des économies de la zo...

à écrit le 07/09/2011 à 14:13
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La manoeuvre consiste à arracher aux citoyens le pouvoir de leur bulletin de vote, comme on l'a vu en France en 2005, avec la complicité des "démocrates européens" qui ont, en définitive, abandonné leur responsabilité à la Cour constitutionnelle alle...

à écrit le 06/09/2011 à 16:42
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Si les démocrates européens ne se mettent pas au fédéralisme, ils laisseront la pouvoir aux technocrates et aux banquiers qui construiront une Europe sans les citoyens européens! Aujourd'hui, les banquiers par leurs annexes "agences de notation" pil...

à écrit le 06/09/2011 à 10:59
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c est l inverse qu il faut faire.les irrealiste de l europe ont vu que l europe ne peu pas ce faire .trop de difference depuis 10ans l on voit la cata est la.vive le retour du franc et des frontieres

à écrit le 05/09/2011 à 21:07
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Le problème cher monsieur trichet est que les peuples ne veulent plus de l'europe et de l'euro qui ne nous aura assurément pas apporté croissance et prospérité loin de là. Quant à ce cher monsieur, il a en sus un passé pas très clean

à écrit le 05/09/2011 à 18:54
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Pour constituer valablement une confédération, il faut une vraie démocratie, pas celle qui a cours actuellement. Un modèle ? La Suisse. Mais pour le moment cela semble toucher à l'utopie

à écrit le 05/09/2011 à 16:04
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Enfin, on parle de "confédéral"..... il est temps car cela urge! Fédéral , confédéral... qu'importe. ce qui compte c'est ce que l'on y met!

le 05/09/2011 à 21:08
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à mort la démocratie en quelque sorte ? et bien moi je hurle NON NEIN NO

à écrit le 05/09/2011 à 15:59
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Sacrifier une partie de notre souveraineté nationale au profit de l?Europe ? Il n'en est pas question !

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