Le président américain relance la lutte des taxes

Depuis que Barack Obama a annoncé vouloir taxer les plus riches pour résorber en partie le déficit américain, la guerre des chiffres oppose les républicains aux démocrates.
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"L'assistante de Warren Buffett ne devrait pas payer plus d'impôts que lui. Il n'y a aucune justification à cela", martelait lundi dernier le président américain Barack Obama en dévoilant les contours de sa nouvelle "taxe pour les millionnaires". Répétée comme un mantra, cette image de "je suis la secrétaire de Buffett" est désormais aux démocrates celle que "Joe le Plombier" a été aux républicains lors de la campagne présidentielle de 2008.

Inlassablement, d'ailleurs, le milliardaire américain étaye sa position avec des chiffres éloquents : "l'an dernier, réexpliquait-il récemment, j'ai gagné 46 millions de dollars. Sur ce montant j'ai payé 17,7% d'impôts. Pendant ce temps, ma secrétaire qui gagne 60.000 dollars par an, a été taxée à hauteur de 33%."

Calculs savants

Tout en se défendant de cristalliser le débat autour de la lutte des classes, comme l'en accusent les républicains, Barack Obama souhaite tirer 1.500 milliards de dollars sur dix ans d'une hausse des impôts qui viendront s'ajouter aux 1.200 milliards de coupes votées l'été dernier dans le Budget Control Act. Chacun y allant de ses calculs savants, la bataille des chiffres fait rage depuis l'annonce de ce plan. Certains estimant même que les nantis sont déjà davantage mis à contribution que ne le sont les revenus les plus modestes. Le Tax Policy Center, un think tank de Washington, reconnaît, par exemple, que l'impôt moyen acquitté par les 400 plus riches Américains est tombé à 16,6% ces dernières années, contre quasiment 30% en 1995, mais estime néanmoins que les 1% des plus gros contribuables payent beaucoup plus aujourd'hui : 28,1% de toutes les taxes fédérales cumulées en 2009 contre 16% voilà quinze ans.

Au-delà du débat idéologique, d'aucuns décrient cette mesure qu'ils jugent inapte à rétablir les finances américaines. Le Wall Street Journal s'est ainsi livré à un petit calcul. Ce sont 22.000 ménages, outre-Atlantique, qui gagnent au moins 1 million de dollars par an parmi lesquels sont comptabilisés les "super-riches" aux revenus se chiffrant plutôt en dizaines de millions. En 2009, avec un taux d'imposition de moins de 15%, ils ont payé en moyenne 845.000 dollars d'impôts, soit l'équivalent de 19 milliards de dollars tombés dans les caisses de l'Etat. En multipliant le fardeau fiscal par un peu plus de deux (35% d'imposition), "on atteindrait 38 milliards de dollars par an, soit 380 milliards en dix ans. Une somme qui se situe loin du projet de réduction du déficit de 4.400 milliards de dollars sur dix ans, prônée par le président", résume un fiscaliste de chez Deloitte & Touche.

Quant à Daniel Mitchell, économiste au Cato Institute, il considère, faisant écho à la rhétorique républicaine, que ce serait même "un frein à la création d'emplois pourtant cruciale". Cependant, dans un pays traditionnellement allergique aux impôts, une évolution est déjà en train de se dessiner : 72% des Américains, indique un sondage publié récemment par le Washington Post, seraient favorables à une augmentation des impôts pour les foyers gagnant plus de 250.000 dollars par an.

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