La récession en Europe hypothèque la croissance mondiale

La zone euro ne semble désormais plus devoir échapper à deux trimestres de contraction de son PIB. Faute de stratégie concrète, c'est la croissance mondiale qui est désormais menacée.
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"Une récession en vue." Le titre des perspectives économiques de la zone euro publiées mercredi par trois grands instituts économiques européens, l'Ifo allemand, l'Insee français et l'Istat italien, est sans équivoque. Le PIB des 17 économies qui partagent la monnaie unique devrait ainsi reculer de 0,3% sur le dernier trimestre de 2011 et de 0,2% sur le premier de cette année. Autrement dit, la zone euro n'échappera pas à la récession que les économistes définissent par une période deux trimestres consécutifs de contraction de la richesse nationale. Ces six mois ne seront guère suivis par une reprise vigoureuse comme ce fut le cas en 2009. Au deuxième trimestre 2012, la croissance des Dix-Sept devrait être au mieux stable. C'est dire si la situation de la croissance européenne est préoccupante.

Il est vrai que le diagnostic des trois instituts montre que l'ensemble des moteurs de la croissance semble désormais à l'arrêt. Le "choc de confiance" causé par la crise de la dette européenne à l'été dernier continue de peser sur la production industrielle qui devrait reculer de 2,1 % entre octobre 2011 et mars 2012. Et ni le commerce mondial, ni les investissements, menacés par le "credit crunch" ne procurent ici des raisons d'espérer. La consommation des ménages devrait, quant à elle, subir le contrecoup de l'affaiblissement de la confiance, de la dégradation des marchés de l'emploi (l'Allemagne faisant en ce domaine exception) et, enfin, des politiques de consolidations budgétaires. Là aussi, ces menaces s'annoncent persistantes. Et si la faiblesse des taux de la BCE, la résilience allemande et la baisse de l'euro pourraient limiter la casse, une aggravation de la crise de la dette souveraine ou une fermeture franche du robinet du crédit par les banques pourraient encore alourdir la facture pour la croissance.

"Découplage"

Mais 2012 pourrait également être l'année du retour du "découplage". Car ce coup d'arrêt de la croissance européenne pourrait ne pas être imitée aux États-Unis, où la tendance est plutôt à la révision à la hausse des perspectives. Pour autant, la contraction de la croissance européenne aura sans doute à terme un impact outre-Atlantique comme il en a déjà sur les pays émergents, À commencer par la Chine. Une stratégie européenne de croissance semble donc désormais s'imposer comme une question d'intérêt mondial. Mais une telle stratégie n'existe pas. Chaque pays mène son propre programme de consolidation, souvent guidé par des aspects politiques intérieurs et les pays qui ont déjà réduit leurs déficits, comme l'Allemagne, n'envisagent pas de politiques de relance. Malgré les bonnes paroles, aucune politique européenne de croissance ne semblent se dessiner. Du coup, la contagion de la crise européenne pourrait venir frapper le reste de l'économie mondiale.

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