Les législatives au Kazakhstan signent la fin du parti unique... et le retour du PC

Deux nouveaux partis vont entrer au parlement après les élections législatives de dimanche. Une évolution majeure, malgré les 80% de voix obtenues par le principal parti. Et malgré les interrogations sur le scrutin.
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Pour de nombreux Kazakhs, c?est une énorme surprise. Après 30 ans de gouvernement sans partage, le principal parti, Nour Otan, qui soutient le président Nazerbaiev, va devoir composer avec d?autres forces politiques au parlement. Le Majilis, ou chambre haute, devrait accuellir deux nouvelles formations : le parti du business, Ak Zhol, a obtenu 7 sièges, tout comme le parti communiste (PC). Si Ak Zhol est relativement proche du pouvoir en place, le PC se considère en revanche comme une vraie force d?opposition. Lundi matin, le Secrétaire Général du PC, Vladislav Kosarev, n?en revient pas de sa bonne fortune. Dans son modeste bureau, comparé aux énormes bâtiments de Nour Otan, il ne cesse de sourire sous le regard d?un immense portrait de Lénine. "C?est un grand événement ! Notre parti va enfin pouvoir représenter les gens du peuple qui ont été oublié ces dernières années", assure-t-il.

Malgré la faiblesse de sa position au parlement, le PC veut faire entendre sa voix sur deux thèmes : renationaliser les actifs pétroliers pour qu?ils profitent à l'ensemble de la population, et redistribuer la terre fertile de la steppe kazakhe. Un objectif qu?il sait trop ambitieux au regard de sa force politique. Mais certaines idées plus modérées pourraient en revanche faire leur chemin. "Certaines compagnies étrangères, qui ont investi dès l?indépendance du pays en 1991, ont obtenu des contrats pour extraire du pétrole à un prix ridicule. Il faut renégocier ces contrats !", tranche Vladislav Kosarev.

Selon les résultats préliminaires donnés par la Commission électorale lundi, le parti du président a obtenu 80, 74% des voix, contre 7,46% pour Ak Zhol et 7,2% pour les communistes. Mais le taux de participation annoncé en même temps, supérieur à 75%, intrigue les nombreux observateurs venus contrôlés l?élection. Certains opposants dénoncent des électeurs qui auraient voté dans plusieurs endroits différents. D?autres s?interrogent sur l'indépendance de la commission électorale, qui a écarté 24 candidats une semaine avant les éléections pour "irrégularités". "Il y a eu des choses honnêtes, et aussi des épisodes malhonnêtes", estime Vladislav Kosarev, qui juge que certains partis ont été favorisés.

"L?important, c?est de voir la direction qui a été prise. Par rapport aux précédents suffrages, ces élections ont été plus libres, c?est un premier pas. Il faut tenir compte de la diversité extrême de ce pays, et son importance en terme de ressources naturelles. Sa stabilité est majeure pour la région, et elle est aussi liée à un pouvoir fort", assure le professeur Dimitrios Mavrakis, professeur à Athènes et observateur pour les élections. Pas de panique donc, pour Total et Areva, ou encore Shell, BP, Chevron ou Eni présents au Kazakhstan : les nationalisations ne sont pas encore au programme. Mais le sujet de la redistribution de la manne pétrolière pourrait monter.

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