Sous pression, les autorités égyptiennes invoquent le complot étranger

L'Egypte est secouée par de nombreux affrontements meurtriers entre forces de l'ordre et manifestants. Au Caire, les autorités ont traduit devant la justice une quarantaine de membres d'ONG, en majorité étrangers, accusés d'avoir utilisé des « fonds illégaux pour déstabiliser la sécurité nationale ». Les Etats-Unis ont adressé une mise en garde au pouvoir égyptien.
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De petites concessions à la rue et un grand fracas judiciaire aux conséquences diplomatiques imprévisibles. Depuis jeudi dernier, les violences se poursuivent dans les rues du centre-ville du Caire et à Suez, elles ont fait pour le moment quatorze morts.  Les affrontements opposants manifestants et forces de l'ordre ont débuté après le drame du stade de Port-Said où plus de 70 supporters du club d'Al Ahly ont trouvé la mort. Les jeunes, qui affrontent la police dans un carré de rue au sud de la place Tahrir à proximité du ministère de l'Intérieur, accusent les autorités d'avoir planifié, ou au moins laissé faire, le massacre.

Revendication pour un gouvernement d'union nationale

Lundi, le débat sur l'usage disproportionnée de la violence s'est  invité vigoureusement au Parlement, quelques députés dénonçant la violence des forces de sécurité, la majorité affirmant qu'elles n'utilisaient que des gaz lacrymogènes, alors que plusieurs constats font état de nombreuses blessures, parfois mortelles, provoquées par des tirs de chevrotine. L'orage est finalement passé dans l'hémicycle égyptien. Dans une tentative d'apaisement, les autorités ont fixé la date limite de dépôt des candidatures pour l'élection présidentielle au 10 mars, soit quelques jours plus tôt que ce qui était prévu. Cette concession, à laquelle s'ajoute la dispersion des dignitaires de l'ancien régime emprisonnés dans différents lieux de détention, ne satisfera pas pour autant les demandes des mouvements révolutionnaires qui continuent à exiger le transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement d'union nationale et des élections présidentielles séance tenante.

Des employés d'ONG poursuivis


Alors que la thèse de la « partie tierce », responsable des difficultés de l'Egypte, fait florès ces derniers jours, le dernier développement d'une affaire qui désarçonne la plupart des observateurs politiques est venu encore nourrir un climat délétère . Un magistrat a en effet annoncé la poursuite devant la justice de quarante employés d'organisation non gouvernementales pour avoir reçu « des fonds illégaux en vue de déstabiliser la sécurité nationale ». Parmi les Ong concernées : le Republican Institute, Freedom House, ou la Konrad Adenauer Stiftung. Les personnes poursuivies sont en majorité des ressortissants étrangers en majorité, dont 19 Américains. Certains avaient été interdits de quitter le territoire, une décision  critiquée par  Washington. "Ce n'est pas une façon de traiter un allié. Je pense que nous devons revoir notre relation bilatérale pendant cette période de transition en Egypte", a rétorqué lundi le sénateur démocrate Ben Cardin.

1,3 milliard de dollars d'aide militaire américain par an

Il s'agit là d'un avertissment à peine voilé laissant entendre que les aides américaines à l'Egypte pourraient être remsies en cause. Déjà, en décembre dernier, quand la police égyptienne avait perquisitionné de façon spectaculaire des dizaines de locaux d'ONG, Washington avait haussé le ton. L'aide militaire à l'Egypte représente 1,3 milliard de dollars par an, et en fait le pays le plus doté de la région après Israël. Les autres aides américaines, non militaires, s'élèvent à 250 millions de dollars. Pour ce diplomate occidental, à plus long terme et au delà des relations avec les autorités de transition va se poser « la question de l'orientation des relations des Occidentaux avec une nouvelle diplomatie égyptienne menée par les Frères musulmans entre coopération, dialogue critique ou confrontation. »


 

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