La croissance indienne au plus bas depuis 3 ans

Avec une croissance de 6,1% au quatrième trimestre 2011, la troisième puissance économique d'Asie retrouve son plus bas niveau depuis trois ans. En cause: la politique monétaire menée par le gouvernement de centre gauche conjuguée à un contexte mondial morose.
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La croissance de l'économie indienne continue de ralentir. L'Inde a enregistré son plus faible rythme de croissance trimestrielle depuis trois ans, reflet attendu de l'impact d'une politique monétaire agressive et de la stagnation de l'économie mondiale, mais le gouvernement estime que les nuages s'éloignent. D'octobre à décembre, correspondant au troisième trimestre de l'année budgétaire qui s'achève fin mars, la troisième puissance économique d'Asie a affiché une croissance de 6,1%, inférieure aux prévisions des analystes qui tablaient sur un taux de 6,3% sur un an. Et bien loin de l'objectif annoncé par le gouvernement en février 2011 de 9% en 2011-201

Il s'agit de la plus faible progression trimestrielle depuis le troisième trimestre 2008, selon Robert Prior-Wandesforde, économiste chez Credit Suisse. "Les responsables politiques luttent contre l'inflation, contre une baisse de la confiance (des investisseurs et des consommateurs), contre un gouvernement paralysé et une tiède demande mondiale", a commenté Glenn Levine, économiste chez Moody's Analytics.

Lutte contre l'inflation

Selon les analystes, la vigueur de l'économie a été affectée, entre autres, par la paralysie du gouvernement de centre-gauche qui a renoncé à plusieurs de ses mesures phares, comme la libéralisation du commerce de détail. La production industrielle n'a progressé que de 0,4% au cours du trimestre, en fort déclin par rapport aux 7,8% enregistrés un an plus tôt.

La lutte contre l'inflation, priorité du pouvoir depuis de longs mois, a nui à l'activité économique du pays de 1,2 milliard d'habitants. Pour tenter de ralentir le taux d'inflation, qui flirtait il y a peu avec le seuil des 10%, la banque centrale a relevé treize fois ses taux depuis mars 2010. L'inflation a toutefois connu son rythme le plus bas depuis 26 mois en janvier, à 6,55%, ouvrant la voie à un éventuel assouplissement monétaire pour contrer le ralentissement de l'économie. Selon des analystes, la Reserve Bank of India (RBI) devrait abaisser ses principaux taux lors de sa prochaine réunion de politique monétaire le 15 mars.

Optimisme

Pour le ministre des Finances, Pranab Mukherjee, le "pire niveau" du ralentissement est aujourd'hui derrière le pays, a-t-il dit cette semaine. L'Inde avait enregistré une croissance de 8,4% en 2010-2011 (chiffre révisé) et elle avait espéré atteindre le "chiffre magique" de 9% en 2011-2012, lors de la présentation de son budget en février l'an dernier. Mais elle a dû se résoudre à réviser ses ambitions et elle table désormais sur une croissance annuelle de l'ordre de 6,9% ... à condition que la croissance au quatrième trimestre atteigne 7%, selon les calculs de Robert Prior Wandesforde.

Même si une telle croissance peut sembler élevée au regard de l'anémique croissance des pays occidentaux, les économistes -et le gouvernement lui-même- estiment qu'elle n'est pas suffisante pour lutter contre la pauvreté endémique du pays. Le Premier ministre, Manmohan Singh, a calculé qu'il faudrait une croissance de 10% pour pouvoir agir efficacement auprès des centaines de millions de pauvres vivant avec moins de 91 centimes d'euros par jour, seuil fixé par la Banque mondiale.

Commentaires 2
à écrit le 29/02/2012 à 12:10
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Au moins un pays qui a le courage de lutter contre l'inflation qui mine la population et la consommation, plutôt que d'arroser les banques avec 1000 milliards de liquidités comme le fait la BCE, ce qui a l'effet de faire monter les prix (à commencer ...

le 29/02/2012 à 18:34
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