Vous allez rire : le vote des femmes serait influencé par leurs hormones

Une étude publiée par le site de CNN a conclu que le vote des femmes serait déterminé par leurs cycles menstruels. Aussitôt retirée du site devant la colère des internautes, le sujet révèle, cependant, à quel point les femmes n'en ont pas fini avec de minables stéréotypes... partout dans le monde.
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En Amérique, on ne recule apparemment pas devant le ridicule et les inepties: CNN a publié sur son site une étude d'une chercheuse de l'université du Texas qui tend à prouver que le vote des femmes serait influencé par... leurs cycles menstruels. Kristina Durante, professeure de marketing à l'université du Texas, a compilé les réponses de 275 femmes interrogées via Internet et dont 55% sont en couple. Il en ressort que pendant leur «période fertile», les célibataires opteraient plutôt pour un bulletin Obama qu'un Romney et que ces dernières sont souvent «moins religieuses». Ces résultats devraient être publiés dans le journal Psychological Science pour être critiqués par la profession des chercheurs... Il a déjà reçu celles des internautes! Suite à leurs réactions de colère, l'article a été retiré du site. Mais l'anecdote prouve encore à quel point les femmes ont à se battre contre les stéréotypes.
La sociologie électorale qui s'est surtout concentrée sur l'étude des déterminants sociologiques de l'orientation des votes et des sympathies politiques a depuis déjà un bon nombre d'années évacué le genre parmi les déterminants signifiants (religion, classe sociale, âge). La tendance des femmes à voter un peu plus à droite que les hommes durant les premières décennies qui ont suivi leur accès aux urnes s'est estompée, en tout cas en France, notent les sociologues, en raison de l'entrée massive des femmes sur le marché du travail et de l'homogénéisation des conditions de vie qui s'en est suivie. Ainsi, le genre n'y est plus un indice important des sympathies politiques.
Reste que les stéréotypes ont encore la vie dure. Une étude, plus sérieuse cette fois-ci, menée auprès de 800 managers en Europe, Etats-Unis et Asie, par Diverseo, cabinet spécialisé dans l'identification et la réduction des biais cognitifs dans la prise de décision, a étudié les perceptions conscientes et inconscientes du leadership. Elle révèle que 69% des personnes (homme et femme) se déclarent convaincues que les hommes et les femmes sont tout autant capables d'être de bons leaders, tandis qu'au niveau inconscient, c'est une autre histoire: les mêmes personnes soumises à un test d'associations implicites par le biais d'images, et non plus sous formes de questions, reconnaissent plus facilement comme leaders des hommes inconnus que les femmes les plus puissantes du monde! Les "biais implicites" s'expriment à l'insu de tous et peuvent ainsi prendre le pas sur la pensée réfléchie dans des décisions ou des prises de positions. A la nuance près que les hommes ayant une femme pour chef ont des biais inconscients plus faibles, note l'étude.

C'est donc bien le fait d'être exposé à de nouvelles réalités qui permettra à terme de faire bouger les lignes. Lignes qui sont malheureusement encore très rigides dans certaines parties du monde. La preuve... aux Etas-Unis. "On a souvent cru qu'une femme ne pourrait jamais être présidente des Etats-Unis car, Dieu nous préserve, une crise internationale pourrait avoir lieu pendant ses règles!", a répondu ironiquement Susan Caroll, professeure de Sciences politiques à Rutgers (université publique du New Jersey), interrogée par CNN dans le même article. Pour elle, utiliser l'influence des hormones dans le vote des femmes n'est rien d'autre qu'un moyen d'exclure les femmes de la politique.
 

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