Banques centrales : où sont les femmes ?

Par Hélène Haus  |   |  805  mots
Elvira Nabiullina, la nouvelle gouverneure de la Banque centrale russe / Reuters.
L'économiste Janet Yellen est désormais la seule candidate en lice à la présidence de la Réserve fédérale américaine. En janvier 2014, elle pourrait ainsi devenir la première femme à diriger la FED. La parité peine encore à s'installer au sein des hautes instances de l'économie mondiale. Seules 14 femmes dirigent des banques centrales et une seule gère une grande institution internationale. La Tribune dresse le portrait de quatre d'entre-elles.

Le pays qui enferme les militantes féministes des Pussy Riot a-t-il des leçons à nous donner en matière de parité? Non, à une exception près. La Banque centrale de Russie est ainsi l'une des rares banques de ce type à être gouvernée par une femme. Au total, sur 184 banques centrales répertoriées dans le monde, seules 14 sont dirigées par des dirigeantes. Et elles pourraient bientôt être 15.

Après la défection de la candidature de Lawrence Summers, dimanche 15 septembre, à la présidence de la FED, l'économiste Janet Yellen est désormais la seule candidate en lice pour prendre la tête de la Réserve fédérale américaine, à la fin du mandat de Ben Bernanke, le 31 janvier prochain. La Tribune a répertorié les noms de ses futures collègues. Avec ce constat : il reste encore un (très) long chemin à parcourir pour instaurer la parité aux plus hauts niveaux des instances de l'économie mondiale.

1. ELVIRA NABIULLINA, RUSSIE.

 

En juin dernier, Elvira Nabiullina, la conseillère économique du président russe Vladimir Poutine, est devenue à 49 ans gouverneur de la Banque centrale de Russie... à la surprise générale. Le numéro 2 de l'institution, Alexeï Oulioukaev - qui espérait en prendre la tête - a en fait été nommé ministre de l'Économie. Dans un portrait publié le 17 juin dernier, le journal Le Monde la décrivait comme une "économiste discrète, éprise de poésie russe et française". Pour le magazine Le Courrier de la Russie, l'ancienne ministre du Développement économique est "la figure de proue du groupe libéral au sein du gouvernement russe".

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 2. MERCEDES MARCO DEL PONT, ARGENTINE.

Diplômée en économie de la prestigieuse université américaine de Yale, Mercedes Marco del Pont a pris la tête de la Banque centrale de la République d'Argentine en 2010. Âgée de 56 ans, elle a notamment été la principale conseillère du ministre de la Production, José de Mendiguren, en 2002, sous le mandat du président par intérim Eduardo Duhalde. Cette économiste est plus connue pour avoir présidé la Nacion, la plus grande banque commerciale du pays entre 2008 et 2010.

>> Lire aussi : Une économiste à la tête de la banque centrale d'Argentine.

 3. GILL MARCUS, AFRIQUE DU SUD.

Elle porte un prénom d'homme. Gill Marcus a pris la tête de la Banque centrale sud-africaine en 2009. "Femme, blanche et militante de l'ANC depuis près de quarante ans, Gill Marcus est loin d'être une inconnue", écrivait le journal Jeune Afrique dans son portrait, le 28 juillet 2009. Ancienne présidente de l'Absa, l'une des quatre plus grandes banques commerciales de son pays, elle a également été la première femme vice-gouverneur de la Banque centrale avant d'en prendre la direction.

>> Lire aussi : La banque centrale sud-africaine accuse la Fed et la BCE.

 4. CHRISTINE LAGARDE, FMI.

Dans un monde quasi-exclusivement masculin, Christine Lagarde fait figure d'exception. L'ancienne ministre de l'Économie française (gouvernement Fillon II) a pris la tête du Fonds monétaire international (FMI) après la démission de Dominique Strauss-Kahn en 2011. Avocate de profession, elle a été ministre déléguée au Commerce extérieur (de Villepin) et ministre de l'Agriculture et de la Pêche (Fillon I). Christine Lagarde est la deuxième femme à diriger le FMI après l'Américaine Anne Krueger, qui avait brièvement occupé le poste en intérim en 2004.

>> Lire aussi : Christine Lagarde restera-t-elle au FMI? La presse étrangère s'interroge.

ET TOUTES LES AUTRES...

Dix autres femmes dirigent également des banques centrales dans des pays jouant un rôle moins important sur la scène internationale. En Asie, Zeti Akhtar Aziz est à la tête de la Banque nationale de Malaisie et Zina Asankojoeva de la Banque nationale du Kyrgyzstan. En Europe, Jorgovanka Tabakovic dirige la Banque centrale de Serbie et Nadezhda Ermakova la Banque nationale de Biélorussie. En Afrique, Retselisitsoe Matlanyane gouverne la Banque nationale du Lesotho et Linah Mohohlo la Banque centrale du Bostwana. En Amérique du Sud, Martha Evelyn Rivera est à la tête de la Banque centrale du Salvador et Maria Elena Mondragon de la Banque centrale du Honduras. Enfin, dans les Caraïbes, Wendy Craigg dirige la Banque nationale des Bahamas et Jeanette Semeleer la Banque centrale des îles Aruba.

Aucune femme n'a jamais été numéro 1 de la Banque mondiale ou de la Banque centrale européenne. Depuis sa création en 1800, la Banque de France est également toujours restée aux mains des hommes. Jusqu'à quand?

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