Comment est née la société commune de Ratp Dev et Veolia Transport?

Elle est née d?une double constatation. D?abord, séparément, les deux sociétés étaient arrivées à la conclusion que le marché chinois avait un énorme potentiel de développement. Pour des raisons différentes, chacune des deux sociétés estimait que seule, elle n?avait pas les possibilités de s?imposer sur le marché face à des concurrents plus implantés et plus locaux comme MTRC, le métro de Hong Kong ou SMRT, celui de Singapour.

Il était donc plus intelligent de réunir les forces des deux entreprises, en fait complémentaires, plutôt qu?elles se battent pour un succès non garanti.

Quelles ont été les premières étapes de cette société commune?

La société est répartie à 50/50. Comme Veolia avait déjà un début d?activité en Asie, nous avons acheté 50% de ses activités qui en Chine se composaient de cinq sociétés de bus autour de Nianjing et du tramway de Hong-Kong.

Nous avons également envoyé des cadres de la RATP, chargés de la gestion des activités et de leur développement, pour construire une équipe mixte à Pékin. Nous avons récemment répondu à un appel d?offre pour un réseau de bus à Macao et nous étudions l?achat d?une société de bus dans le nord de la Chine. Nous sommes également sur des projets de métro et de tramways.

Quelles sont les particularités du marché du transport en Chine?

La première caractéristique de ce marché est que le développement économique foudroyant de la Chine s?accompagne d?une très forte augmentation du besoin de mobilité. La seconde caractéristique est que ce pays est un marché en mutation et en pleine structuration.

Nous sommes aujourd?hui dans une phase où les règles commencent à évoluer. Les Chinois sont donc très intéressés par l?expertise que Veolia et nous avons dans la gestion des transports publics, notamment dans les grandes villes, à la fois sur l?aspect opérationnel et dans l?organisation administrative, économique et financière.

Conçoit-on différemment les transports en commun pour la Chine que pour un autre pays?

Le réseau doit s?adapter aux configurations des villes et aux besoins de mobilité des habittants. Globalement les systèmes répondent toujours à peu près aux mêmes besoins : aller du domicile au lieu de travail et faciliter les activités liées à l?éducation, à la culture, au divertissement, qui sont forcément différentes d?un continent à un autre. Aussi, les habitudes de déplacement des Chinois ne sont pas les mêmes que celles des Européens. Les plans de transport sont donc basés sur les mêmes besoins mais avec des applications différentes.

Comment vous démarquez-vous de vos concurrents?

Notre concurrent principal est le métro de Hong Kong qui a réussi à implanter en Chine son modèle basé sur la promotion immobilière. C?est un type de développement qu?on ne veut pas faire. Notre atout est de présenter aux autorités chinoises une autre forme de développement et de financement de leur métro. Par ailleurs, nous mettons en avant le savoir-faire de la RATP en matière de fonctionnement d?un réseau de métro capable de traiter des flux importants de voyageurs avec des intervalles très courts.

Quel bilan tirez-vous à l?approche du premier anniversaire de la société commune?

Nous sommes totalement convaincus du potentiel du marché chinois et de la validité de la coopération entre Veolia Transport et Ratp Dev. Nous sommes parfaitement complémentaires et nos équipes travaillent très efficacement ensemble. Les prises de décisions en Chine sont cependant plus longues que prévues en raison de facteurs économiques, politiques et financiers. La pénétration de ce nouveau marché est plus compliquée et plus lente que ce que nous attendions. Cela ne remet absolument pas en cause le bien fondé et les perspectives de développement de notre société commune.

Veolia transport était déjà présent en Asie. Pourquoi s?associer avec Ratp Dév?

La forte présence du groupe Veolia Environement dans la zone asiatique, les premiers succès de Veolia Transport sur ce territoire, associés au savoir faire reconnu de RATP notamment sur les systèmes de transit lourd et les métros automatiques nous ont semblé constituer une formule gagnante pour devenir un acteur important de ce marché à l?énorme potentiel.

Je suis convaincu que ce partenariat en Asie va nous permettre au travers de la société commune créée, d?accélérer notre développement en Asie. Nous avons pour objectif un rythme de croissance qui ne pourrait pas être réalisé par l?un ou l?autre des deux partenaires isolément.

Quelles sont les perspectives de croissance du marché ?

Les perspectives de croissance sur le marché asiatique restent très fortes. Tout d?abord en matière d?infrastructures de transport nouvelles, les besoins sont toujours importants. D?autre part les pays de la zone s?ouvrent de plus en plus aux opérateurs privés qui leur apportent l?expérience acquise sur d?autres territoires dans les systèmes de transit lourd. C?est bien cette analyse qui nous a conduit à prendre il y a environ trois ans, la décision de nous implanter en Asie. Je suis heureux de constater aujourd?hui que cette stratégie s?est révélée payante

Quelles sont les prochaines étapes pour la société commune ?

Notre feuille de route est claire. Nous devons être exemplaires dès le démarrage de nos opérations. Je rappelle que 2009 a été marquée par l?exploitation du réseau de bus de Nanjing en début d?année en Chine, puis au printemps dernier nous avons repris l?opération du tramway de Hong Kong.

Cette année a donc vu la consécration de nos efforts de développement. Nous ne nous interdisons pas d?examiner toute opportunité qui pourrait survenir dans un pays d?Asie telle qu?un grand projet rail dans une capitale par exemple, mais notre premier objectif est de continuer à nous développer à partir de nos bases actuelles dans les pays où nous sommes déjà présents.

Comment comptez-vous conquérir le marché du transport en Chine ?

L?expertise de la RATP en matière de métros automatiques sera déterminante pour ce segment de marché qui s?ouvre aux opérateurs étrangers. Le nombre de projets de métros planifiés dans ce pays est en effet impressionnant : une quarantaine de municipalités chinoises sont éligibles avec, pour environ la moitié d?entre elles, des projets déjà confirmés. La présence de Veolia Transport en Chine et sa connaissance du marché font que les synergies entre les deux entreprises jouent à plein sur ce segment de marché, comme nous l?espérions. La référence que constitue l?exploitation du tramway de Hong Kong va nous permettre de démultiplier notre potentiel de développement sur ce mode de transport.

Le contrat entre Veolia transport et Ratp Dév est prévu pour 20 ans.

Nos activités sont des activités de long terme et à partir du moment où nous avons décidé d?unir nos forces sur le marché asiatique, une coopération limitée à quelques années n?aurait pas eu de sens.

C?est particulièrement vrai pour cette zone où notre croissance s?appuiera beaucoup sur les projets de développement d?infrastructures transport: c?est le cas des nouveaux métros en Chine, de la ligne 9 du métro de Seoul, du métro de Mumbaï. Ces nouvelles infrastructures sont quelquefois réalisées avec appel au financement privé. Ces processus sont longs à mettre en oeuvre et en plus des procédures d?appel d?offres dont seules les autorités publiques ont la maîtrise du planning, les délais de construction de tels ouvrages sont significatifs. Il était donc nécessaire que ce partenariat ait une durée suffisante pour donner des résultats. Vingt ans est un bon compromis.