Climat : la future présidence tchèque sera pragmatique

La République tchèque, qui sera après la France à la tête de l'UE, fournira tous les efforts nécessaires pour aboutir à un accord sur le "paquet énergie-climat", mais aura une approche pragmatique. C'est ce qu'a indiqué le délégué au changement climatique du ministère de l'environnement tchèque, James Hunt, lors de la conférence annuelle d'EurActiv France.

Cela va mieux en le disant. La République tchèque a bien l'intention de faire tout son possible pour parvenir à un accord sur le "paquet énergie-climat" si la France ne parvient pas à trouver un compromis d'ici la fin de sa présidence. Prononcés lors de la conférence annuelle d'EurActiv France, organisée en partenariat avec le Conseil régional d'Ile-de-France le 3 novembre, ces mots de James Hunt, le délégué en charge des questions climatiques au ministère de l'environnement tchèque, peuvent rassurer un peu les partisans du paquet climat.

Les divisions politiques internes et les positions eurosceptiques du président tchèque, Vaklav Klaus, laissaient jusqu'à présent craindre peu d'évolution sur le dossier dès lors que les Tchèques seraient à la tête de l'UE, en janvier 2009.

Les pays d'Europe centrale et orientale craignent en outre depuis le début des négociations que les obligations liées à la législation européenne en matière de changement climatique ne pèsent trop lourd sur la compétitivité de leur économie.

Outre ces questions politiques, le calendrier est serré. Les élections européennes de juin 2009 laissent peu de temps pour boucler un accord si un compromis n'est pas trouvé avant la fin de la présidence française.

Mais la République tchèque reconnaît le rôle vital que le "paquet énergie-climat" de l'Union européenne va jouer dans la réduction des gaz à effet de serre, a indiqué James Hunt. Avant de rappeler que son pays avait mis en place un programme commun avec la France et la Suède (qui sera à la tête du Conseil européen après la République tchèque), dans lequel les trois pays s'engageaient à trouver un compromis sur ce dossier.

Le délégué pour le changement climatique a cependant tout de suite ajouté que si son pays soutenait la volonté de l'UE de lutter contre le changement climatique, la République tchèque n'en était pas moins une «nation pragmatique». «Les mutations que nécessite le changement climatique et ceux que nous devons faire subir à notre système d'un point de vue économique, ne peuvent pas intervenir en une nuit», a souligné James Hunt. En clair, la proposition actuelle de la Commission européenne ne peut être acceptée en l'état.

«La crise financière et économique qui vient d'intervenir rend en outre difficile la gestion des objectifs climatiques à tous les niveaux», a-t-il indiqué.

Même si la République tchèque n'est pas «l'amie du charbon», le pays est conscient des problèmes d'adaptation rencontrés par les Etats largement dépendants de cette matière première. A titre d'exemple, l'électricité produite en Pologne est à plus de 90% à base de charbon. Le délégué au climat a donc insisté sur la nécessité de privilégier le consensus.

Insistant sur le fait que nous vivons dans un «monde inégal», James Hunt a repris les termes utilisés dans la convention cadre des Nations Unies et indiqué que les Etats européens avaient des «responsabilités communes mais différenciées et des capacités qui leur sont propres».

Il a également insisté sur la nécessité pour les Etats de pouvoir prévoir les coûts et l'impact sur l'économie des changements nécessaires. Or depuis le début des négociations, des précisions sont attendues du côté de la Commission européenne, notamment en ce qui concerne les secteurs qui pourraient potentiellement être exemptés du système d'échange de quotas d'émission (ETS) réformé.

Mettre en ?uvre de véritables réductions d'émissions de CO2, faire des choix économiquement efficaces (atteindre les objectifs au moindre coût) et assurer la mise en place d'une législation équitable, c'est-à-dire une répartition juste et raisonnable du fardeau qui découlera de l'adoption du paquet climat : ce sont les trois pistes que pourrait suivre la République tchèque dans les négociations, a précisé James Hunt.

Le parlement européen, qui privilégie pour le moment une approche ambitieuse du "paquet énergie-climat" doit se prononcer le 4 décembre en plénière. Le Conseil devra quant à lui trouver un compromis les 11 et 12 décembre. Les oppositions entre les deux institutions rendent difficile la conclusion d'un accord en première lecture, avant la fin de la présidence française de l'UE.

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