La Commission européenne décide de soutenir le secteur du lait

Alors que les Etats-Unis ont annoncé le triplement des droits de douane sur le roquefort français, la Commission européenne prévoit d'aider le secteur du lait européen touché par la crise économique.

Contre toute attente, la Commission européenne a annoncé, jeudi 15 janvier, des mesures de soutien au secteur du lait. La commissaire à l'agriculture, Mariann Fischer Boel, s'est engagée à réintroduire des restitutions à l'exportation pour le beurre, le fromage, ainsi que le lait entier et écrémé en poudre.

Une décision liée à la récente chute des prix du lait et des produits laitiers. A titre d'exemple, la tonne de beurre qui se vendait 4200 euros en 2007 est aujourd'hui estimée à 2.200 euros. Soit une baisse de près de 50%. "Il est maintenant temps pour l'Union européenne d'aider [les producteurs de lait], a déclaré Mariann Fischer Boel, ajoutant que la chute spectaculaire des prix du lait au cours des derniers mois en avait surpris plus d'un".

Une position qui tranche avec le discours tenu par l'exécutif européen il y a encore très peu de temps. "Nous avions fait des demandes dans ce sens à la Commission européenne lors d'une réunion au mois de décembre. A l'époque on nous avait répondu que cela ne servait à rien de remettre des restitutions à l'exportation parce qu'il n'y avait plus de marché du lait", explique Etienne Fabrègue, juriste à la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Les aides financières à l'exportation avaient été suspendues en juin 2007 en raison des prix très élevés sur les marchés mondiaux.

"C'est une excellente nouvelle, reconnaît-il, je ne sais pas si cela permettra de rétablir les marchés mais au moins on va limiter la casse". Evoquant la situation de quasi faillite de nombreux producteurs de lait, il ajoute: "de toutes les façons, étant donnée la situation aujourd'hui, ne rien faire était devenu du suicide". Concrètement, les producteurs de lait vont donc recevoir à partir de la semaine prochaine des restitutions à l'exportation. Elles seront fixées par le biais d'appels d'offre dont la périodicité a été augmentée, passant d'une à deux fois par mois. L'Union européenne reversera aux exploitants la différence entre les prix fixés au niveau européen et ceux en cours sur les marchés mondiaux, aujourd'hui plus bas.

Cette décision risque de ne pas beaucoup plaire à nos partenaires mondiaux, l'UE étant censée abolir toute les aides à l'exportation dans ce secteur à partir de 2013, en vertu des règles de l'OMC. La condition au respect des ces accords étant que les autres partenaires fassent de même.

De son côté, la Commission européenne était opposée à cette idée de restitution craignant les effets d'aubaine dont certaines entreprises pourraient bénéficier. Mais la crise économique ayant engendré une forte baisse des prix de la grande distribution, les ménages consomment moins. La valorisation des prix se faisant sur les produits de grande consommation les producteurs sont dans une situation "pas bonne du tout", indique dans un euphémisme Etienne Fabrègue. "Nous en sommes à une sous réalisation de 5 millions de tonnes des quotas communautaires", explique-t-il.

Autre motif de félicitation pour les professionnels du lait, la décision de la Commission de soutenir les prix par des mécanismes d'intervention. En clair, la Commission européenne s'apprête à acheter des quantités de lait demi-écrémé et de beurre plus importantes que prévues pour aider les producteurs "dont les stocks débordent", explique le juriste. Cette intervention sera en vigueur entre le 1er mars et le 31 août. "Les premières 30.000 tonnes de beurre et 109.000 tonnes de lait écrémé en poudre seront rachetées à un prix déterminé (appelé prix d'intervention)", indique le communiqué de la Commission européenne.

Le soutien des prix du lait par l'UE pose à nouveau la question de la légitimité de la réforme des quotas laitiers, mis en place à l'origine pour éviter la surproduction et soutenir les prix.

Dans le cadre du bilan de santé de la Politique agricole commune adoptée par l'UE fin 2008 (EurActiv.fr 20/11/2008), les Etats membres ont en effet adopté une hausse progressive des quotas laitiers de 1% environ par an, jusqu'à leur abolition complète prévue pour 2015. L'objectif étant de libéraliser l'agriculture européenne.

A l'époque de l'adoption de cette réforme, le marché du lait connaissait une volatilité sans précédent et les prix du lait flambaient.

 

Site d'EurActiv.fr
 

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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"Encore et Encore" les etats unis vont nous apprendres à manger vive les mc ..

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