L'Europe s'organise contre la grippe porcine

Le premier malade a été détecté sur le territoire européen. Les vingt-sept ministres de la Santé, qui veulent se coordonner au plus vite, avaient déjà travaillé sur un scénario de pandémie en septembre 2008.

La grippe porcine n'épargne pas l'Europe. Alors que la ministre de la Santé espagnole annonçait, lundi 27 avril, qu'un cas humain de grippe porcine avait été détecté en Espagne chez un homme revenant du Mexique, les cas suspects se multiplient dans d'autres pays d'Europe : Italie, Suisse, Suède ou Danemark.

La Commission européenne a proposé à la présidence tchèque de l'Union européenne (UE) de réunir les ministres européens de la Santé aussitôt que possible. Une proposition accueillie favorablement par Prague. La réunion est prévue à Luxembourg le 30 avril.

De Luxembourg, où elle faisait le point sur la situation avec les ministres européens des Affaires étrangères, la commissaire en charge de la Santé, Androulla Vassiliou, assure suivre "de près" la situation. "Nous tirons des conclusions des situations antérieures, comme celle de la grippe aviaire, il y a quelques années [NDLR: en 2005], notamment en ce qui concerne les échanges d'informations", a-t-elle souligné au cours d'une conférence de presse.

Elle a déconseillé, "à titre personnel", de voyager dans les zones concernées par l'infection, notamment au Mexique et aux Etats-Unis. Mais officiellement, la Commission européenne juge prématuré de préconiser une limitation des déplacements vers les pays touchés par le virus de la grippe porcine. Elle préfère aussi parler de "nouvelle grippe" pour ne pas fragiliser les éleveurs et l'industrie du porc.

De son côté, la France a réclamé une meilleure coordination européenne. Au cours d'une réunion avec ses homologues, le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Bruno Le Maire a plaidé pour que l'UE "travaille à des principes et à des procédures communes pour identifier les cas suspects", mais aussi pour que l'UE rédige un "guide européen sur la prise en charge et le soin", afin de définir un "protocole commun à tous les États membres pour la prise en charge et le soin des éventuels cas avérés". Enfin, "nous souhaitons une coordination accrue des messages passés aux citoyens en matière de déplacement, de prévention, de voyage", a souligné le ministre.

Stocks stratégiques de médicaments

En septembre 2008, au cours d'une réunion qui s'était tenue à Angers (Maine-et-Loire), Roselyne Bachelot et ses homologues avaient eu l'occasion de mesurer leurs divergences sur la gestion d'une telle crise. Ils s'étaient en effet vu soumettre par la présidence française un scénario mettant en scène une épidémie d'infection respiratoire aiguë semblable à la grippe porcine.

Sur 31 votants -la présidence française avait invité les ministres turc, croate, macédonien et norvégien à se joindre à eux-, vingt-cinq avaient par exemple jugés "pertinent" de constituer un "stock stratégique de médicaments". Interrogés sur l'attitude à adopter vis-à-vis des personnes en provenance du pays d'origine du virus, 18 ministres s'étaient prononcés en faveur de la traçabilité des voyageurs venant de ce pays. 13 d'entre eux avaient également estimé nécessaire de les mettre en quarantaine pendant sept jours.

"Ce qui nous préoccupe, c'est qu'il puisse y avoir des réactions discordantes entre deux Etats", avait alors estimé le directeur général de la Santé (DGS), Didier Houssin.

Au cours de son discours, la directrice du centre de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) Zsuzsanna Jakab avait quant à elle averti les ministres de l'importance d'un risque sanitaire en Europe. "Des épidémies peuvent survenir et surviennent encore aujourd'hui", avait-elle estimé.

En Europe, seuls douze Etats membres disposent d'un plan national pour maintenir des services essentiels ne relevant pas de la santé, comme les transports ou la communication. Dix-neuf ont mis en place un exercice national de crise sanitaire avec une approche intersectorielle. La directrice de l'ECDC avait expliqué que les Etats membres avaient encore besoin de "travailler dur durant deux ou trois ans". Cette nouvelle crise sanitaire ne leur en a pas laissé le temps.


BACHELOT : "IL EXISTE UNE PREMIERE COORDINATION"

Interrogée par Le Figaro, la ministre française de la Santé affirme, lundi 27 avril, qu'il existe "une première coordination [à l'échelle européenne] exercée par l'ECDC".

Le comité de sécurité sanitaire européen s'est réuni le 25 avril "à la demande de la France", précise-t-elle. "Des représentants des autorités sanitaires des 27 Etats membres ainsi que l'ECDC et l'OMS ont participé à cette réunion qui a permis de constater la cohérence des mesures prises par l'ensemble des Etats membres", conclut-elle.


Le site d'EurActiv.fr


 

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