La dégradation de S&P met l'Allemagne dans la position inconfortable du sauveur

Elle seule est désormais capable d'engager des fonds en cas d'aggravation de la crise.
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A priori, l'Allemagne sort grande gagnante de cette nouvelle révision générale des notations par Standard & Poor's. Seul pays de la zone euro à conserver sa note triple A avec perspective stable, la République fédérale se voit confirmer officiellement un statut qu'elle avait dans les faits déjà depuis longtemps, celui du roc de l'Union économique et monétaire.

Financièrement, sa position pourrait s'en améliorer encore : les investisseurs devraient encore venir en masse acheter sa dette. Le phénomène observé la semaine passée, où l'émission de bons du trésor à 6 mois s'est effectuée avec des taux négatifs, autrement dit où certains investisseurs se sont montrés prêts à payer pour obtenir la sécurité du papier allemand, pourrait donc se reproduire.

Politiquement, le poids de l'Allemagne va aussi nettement s'accroître. Il sera de plus en plus difficile pour Paris de peser face à une République fédérale qui détient les clés de la confiance dans la zone euro. Cela pourrait rapidement se ressentir dans les négociations autour de la réforme des traités, dont la finalisation est prévue pour mars prochain. Les tentatives d'assouplissement de plusieurs pays européens trouveront sans doute une fin de non-recevoir à Berlin. Samedi, la chancelière Angela Merkel a invité les Européens à « mettre en oeuvre plus vite l'accord budgétaire sans essayer de l'adoucir ».

Berlin ne peut pas tout

Reste à savoir si cette puissance confirmée de la République fédérale au sein de la zone euro est une bonne nouvelle pour elle. Car la voici à présent en première ligne en cas d'aggravation de la crise. Elle seule désormais est capable d'engager des fonds pour endiguer une nouvelle poussée de fièvre. Or, malgré un déficit public qui n'est plus que de 1 % du PIB et une confiance illimitée des marchés, Berlin ne peut pas tout. L'objectif constitutionnel de réduction des déficits et le ralentissement de la croissance (le PIB s'est contracté de 0,25 % outre-Rhin au quatrième trimestre) préoccupent beaucoup les autorités allemandes qui ne semblent pas prêtes, par exemple, à renforcer le FESF pour qu'il conserve son triple A.

 

Commentaire 1
à écrit le 16/01/2012 à 10:22
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L'Allemagne est la première bénéficiaire de l'euro. Elle s'est comporté à l'égard de ses partenaires de la zone euro comme la Chine à l'égard du monde. Elle a fait du dumping social grâce notamment à l'ex RDA et au pays de l'Est de l?Europe. Mais ell...

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