La langue allemande plébiscitée par les pays en crise

En déclin il y a encore peu, la langue allemande suscite de nouvelles vocations. La crise européenne est pour beaucoup dans cette dynamique inédite de la langue de Goethe.
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Il y a encore deux ans l'allemand était, d'après les linguistes, en perdition. En France, on se rappelle des discussions pour relever son coefficient au bac et inciter nos jeunes têtes blondes à opter pour la langue du voisin de l'est. Ces dernières années, l'Etat allemand a même investi 8 millions d'euros dans l'Institut Goethe pour lancer «l'offensive pour l'enseignement de l'allemand».«Les affaires marchent à merveille. Depuis le début de la crise, nous grimpons sans cesse», s'enthousiasme Günther Schwinn-Zur, directeur de l'Institut Goethe de Francfort. Fin 2011, l'Institut Goethe -véritable fer de lance de la langue allemande à l'international- comptait 234.587 inscrits dans ses 150 instituts à travers le monde en 2011.
Il connait actuellement un véritable boom en Europe: en Espagne, le nombre d'inscrits a augmenté l'an dernier de 40%, contre 20% au Portugal et 14% en Italie. Mais c'est en Pologne -à laquelle l'Allemagne a définitivement ouvert ses frontières l'an dernier- que les adeptes de l'allemand sont le plus nombreux: près de 2,4 millions de voisins polonais apprennent ou maîtrisent la langue. Aujourd'hui la 10e langue mondiale -parlée par 185 millions de gens- est l'une des plus dynamiques, devant la langue française, en cinquième position -avec 370 millions de francophones.

Démographie allemande en berne

«Les jeunes ne viennent pas pour lire Goethe ou Schiller dans le texte, mais bien pour trouver un travail», concède Klaus-Dieter Lehmann, président de l'Institut. En effet, ce n'est pas la Germanistique qui attire les étrangers mais bien la récession, de la Grèce au Portugal, qui les y contraint. A la mode ou pas, l'allemand devient pour beaucoup le seul moyen de sortir du chômage. Ça tombe bien pour l'Allemagne qui, avec sa démographie en berne, manque cruellement de main d'?uvre qualifiée. Exemple frappant: la mairie de Berlin a lancé depuis plusieurs mois une vaste campagne publicitaire appelant explicitement les étrangers à suivre des formations d'aides-soignants et d'infirmiers.

De la langue à l'immigration

Et les chiffres du Bureau des statistiques (Destatis) reflètent la progression de l'étude de la langue allemande dans les chiffres de l'immigration: en 2011, l'Allemagne a connu son plus fort afflux d'immigrants depuis 1996: 958.000 personnes ont migré en Allemagne, une augmentation de 20% par rapport à 2010. Et les pays du sud sont surreprésentés: le nombre de Grecs s'installant en Allemagne a progressé de 90%, contre 52% en provenance d'Espagne.

«L'allemand au travail»

Pour faire face à cette demande croissante, l'Institut Goethe vient de lancer une nouvelle initiative, «l'allemand au travail», soutenue par les ministères des Affaires étrangères, en Espagne, en Grèce, au Portugal, en Italie et... en France. Le projet est d'axer l'enseignement de la langue sur le quotidien au travail et prépare via ses réseaux professionnels à l'entrée dans le marché du travail allemand. Les thématiques proposées sont destinées en priorité aux médecins, infirmières, ingénieurs, juristes et aux professions touristiques.

Commentaires 15
à écrit le 15/11/2012 à 23:58
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Quand j´etais lyceen mes profs me jugeaient un peu féneant et ont conseillé de me faire apprendre l´allemand comme 2 eme langue. Quelle chance pour moi plus tard . J y suis allé pour un stage et j´y suis resté... J´ai des amis responsables d´entr...

à écrit le 15/11/2012 à 18:31
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n oubliez pas l autriche aussi :) je travaille a vienne depuis deux ans; les gens sont tres ouverts et c est relativement facile de trouver un job meme si tout n est pas rose ici non plus hein!

à écrit le 15/11/2012 à 17:31
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Faire allemand ne sert pas juste à être dans une "classe de forts" -raison pour laquelle mes parents m'ont contraint à étudier l'allemand- mais à s'assurer de trouver un travail! moi ce fut un mal pour un bien et je vis désormais en Allemagne, faisa...

le 15/11/2012 à 23:13
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et puis pour l'Allemagne c'est tout benef c'est bon petit jeunes instruits sur la dette de leur pays d'origine, qui arrive tout fait pour bosser.

à écrit le 15/11/2012 à 17:12
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Vu le nombre incroyable de candidats qui présentent un CV avec des connaissances de la langue espagnole, je salue cette tendance. Si cette langue ne figure pas en 3eme ou 4eme position des connaissances linguistiques sur un CV, je ne le considère pas...

le 15/11/2012 à 21:27
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@CV: c'est vrai que les CV qui comportent 3 ou 4 langues sont légions :-) surtout dans un pays où à l'entrée à l'université, les gens n'ont pas pas le niveau de l'ancien certificat d'études :-) t'embauches quoi au fait ? :-)

à écrit le 15/11/2012 à 17:09
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Avant on disait faut faire allemand parce qu'il fallait connaître la langue de l'envahisseur. Je vois que cela revient au goût du jour.

à écrit le 15/11/2012 à 16:59
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Le plus amusant, c'est qu'il y a encore en France des démagogues qui prétendent que la démographie de l'Allemagne est négative et que sa population va décliner. Aveugles ou idiots ?

le 15/11/2012 à 17:27
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en hausse de 24 % encore sur le 1er semestre 2012: provenance UE, ils sont jeunes et vont travailler et...côtiser

le 15/11/2012 à 18:11
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Faut toujours apprendre la langue du dominant, ça sert au moins 4 ans

à écrit le 15/11/2012 à 16:19
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Sont très francophiles, la langue française est encore très plébiscitée chez eux.

le 15/11/2012 à 23:49
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C est vrai a 100 % les allemands sont tres francophiles, pour voyager , y passer leurs vancances, aller au resto. Nettement moins pour raisons professionnelles

à écrit le 15/11/2012 à 16:16
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c'est donc pour cela que françois h tenait à avoir un prof d'allemand à ses cotés!

à écrit le 15/11/2012 à 16:14
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Saluons au passage cet exploit incroyable et sans precedent du peuple allemand qui arrive a imposer sa langue dans une europe aux abois et qui economiquement creuse l' ecart avec la France et autres pays en decrepitude..

le 15/11/2012 à 23:45
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merci aux français d'acheter en priorité des voitures allemandes, on enverra bientôt nos enfants bosser en Allemagne, faute de boulot en France. 1 voiture sur 3 vendues en France et de marque allemande, en Allemagne nous en vendons que une sur dix.

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