La Chronique de Bruxelles : "Pour 2014, faites vos jeux ! "

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Entre la vie politique et un champ de course, il y a bien plus de choses en commun qu?on pourrait le penser de prime abord. Il y a bien sûr le côté compétitif. Comme les courses, les élections sont un sport très codifié. Elles ont leurs tours de chauffe, leur agenda et leur niveau de compétition : local, régional, national, européen. Les enjeux sont à l?avenant : variables. Il y a toutefois quelques différences. Et notamment la suivante : si l?élection (ou la nomination) marque incontestablement la fin de la course, il est parfois difficile en politique d?identifier clairement à quel moment le top départ a été donné. La course au pouvoir ne s?arrête jamais. Pendant que certains s?apprêtent à passer la ligne d?arrivée, d?autres ont déjà pris le départ du prochain Grand Prix.

C?EST AINSI QU?À BRUXELLES, les paris ont déjà commencé au sujet du (de la) prochain(e) président(e) de la Commission européenne. Rappel du programme, pour ceux qui avaient quitté les tribunes : au printemps 2014 nous, Européens, votons. Si le parti socialiste européen (PSE) gagne, il revendiquera le droit de désigner le président de la Commission, ce qui pose problème puisque le Conseil européen ? l?assemblée des chefs d?État et de gouvernement des Vingt-Huit (la Croatie arrivant le 1er juillet prochain) ? qui doit former et valider ce choix devrait être toujours majoritairement à droite. Cela dit, comme personne ne mise vraiment sur une victoire de la gauche, les paris se jouent pour l?instant surtout au centre-droit, dans les rangs du parti populaire européen (PPE).

PARMI LES FAVORIS, MICHEL BARNIER, l?actuel commissaire français qui termine son troisième mandat à la commission avec un palmarès législatif littéralement olympique. Quatre fois ministre de la République, il est un des rares hommes politiques français à avoir un profil européen. C?est aussi l?un des seuls à s?investir dans le Parti populaire européen (PPE) dont il est vice-président depuis 2006. Hélas, au niveau européen, où se joue la compétition, la nationalité française est? un handicap. Non pas forcément en soi, mais depuis Romano Prodi, les candidats des très grands pays n?ont pas la cote. On l?a vu encore récemment pour la présidence de l?Eurogroupe, où Paris a bloqué l?Allemand Wolfgang Schäuble et tenté en vain d?imposer Pierre Moscovici. À la fin ne restaient plus en course que l?Autrichienne Maria Fekter et le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, finalement vainqueur. Cette prime supposée aux petits pays explique que la Luxembourgeoise Viviane Reding, actuellement vice-présidente de la Commission européenne, pense avoir ses chances et articule toute sa communication en fonction de cette échéance. Mais le vrai champion reste Donald Tusk, actuel président du Conseil polonais. Celui dont on ne parle pas, mais auquel tout le monde pense. En janvier 2012, quand le social-démocrate allemand Martin Schulz est devenu président du Parlement européen, ses compatriotes de droite, agacés, se sont laissés piéger par les journalistes qui leur demandaient : « Et vous, vous n?avez pas de candidat? ». Piqués au vif, ils ont répondu : « Pour la Commission, on a Tusk ». Moyennant quoi, l?opposition polonaise est tombée sur le dos de l?infortuné qui, venant de se faire réélire pour quatre ans par la Diète à Varsovie, était soupçonné de fomenter une infidélité à ses concitoyens. « Il a dû dire :?Je ne suis pas candidat?. Du coup, on n?en parle plus », explique un eurodéputé.

DONALD TUSK N?EST PAS SEULEMENT le favori de la CDU allemande. De tous les membres du Conseil européen, il est aussi celui qui entretient la meilleure relation avec la chancelière allemande, laquelle a grandi, comme lui, de l?autre côté du rideau de fer. Or, Angela Merkel a de grandes chances d?être toujours là en 2014. Et elle s?entend comme personne à tirer les ficelles. Simple chef de l?opposition allemande, elle a déjà réussi l?exploit, en 2005, de bloquer la nomination du libéral belge Guy Verhofstadt pourtant soutenu par Gerhard Schröder et le président Jacques Chirac depuis les coulisses du PPE?

Commentaires 3
à écrit le 16/02/2013 à 14:45
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C est vrai que le sabordage de Europe par un ancien officier de Stasi Infiltre au plus au niveau de la chancellerie va reussir

à écrit le 16/02/2013 à 10:37
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Donner le pouvoir régalien de battre monnaie à une personnalité non élue , c'est prendre le risque que cette personne se prenne pour le SOUVERAIN... Europe fédérale = des millions de chomeurs , plus des millions de chomeurs à venir... Se tromper est ...

à écrit le 15/02/2013 à 13:30
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Moi, je ne participerai plus à ce jeu , et je ne donnerai plus ma voix à quelqu'un qui me la demande pour un jour, et ensuite me la confisque pour...toujours...donc les Canassons et les jockeys peuvent s'emballer, se rouler par terre, faire des plans...

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