Grèce : des économies pour sauver le programme d'aide ? Mais lesquelles ?

La troïka réclame de nouveaux efforts du gouvernement grec, notamment dans la fonction publique et la santé. Mais rien ne semble pouvoir sauver un plan d'aide qui part en lambeaux.
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L?histoire de la Grèce dans cette crise de la dette européenne prend des allures d?éternel retour. L?ouverture ce lundi des négociations entre la troïka, formée de représentants du FMI, de la Commission européenne et de la BCE, et le nouveau gouvernement Samaras II qui vient d?émerger après le retrait de la coalition du petit parti de centre-gauche Dimar, s?annonce houleuses. Déjà lundi matin, un haut fonctionnaire du ministère des Finances indiquait au quotidien grec Kathimerini que les discussions étaient « réellement difficiles. »

Nouveaux « efforts »

L?équation est toujours la même : la Grèce a certes fait des « efforts » et devrait être en mesure, malgré une récession qui se poursuit, de revenir à l?équilibre de ses comptes primaires (hors service de la dette) à la fin de l?année. Mais ceci ne sera pas suffisant pour lui permettre d?avancer sans l?aide européenne l?an prochain, date prévue de la fin du programme d?aide. Du coup, la troïka réclame de nouveaux « sacrifices » au gouvernement grec. Au menu : le licenciement de 15.000 fonctionnaires supplémentaires d?ici à la fin de 2014 et la mise dans un « programme de mobilité » de 12.500 autres, mais aussi la restriction des dépenses de l?organisme d?assurance-maladie.

Le gouvernement prêt à fermer des hôpitaux

Antonis Samaras va sans doute tenter d?alléger la facture. Il pourra toujours afficher la crainte de nouvelles élections après le retrait de Dimar. Si le Pasok imite ce parti, il faudra voter à nouveau et ce sera de nouvelles sueurs froides pour les Européens. Mais ces derniers savent bien que le Pasok, actuellement donné à 6 % dans les sondages, ne commettrait pas ce qui ressemblerait à un suicide politique. Du coup, les ministres ont déjà commencé à préparer l?opinion à de nouvelles coupes. Dimanche, le ministre de la Santé Adonis Georgiadis a indiqué qu?il était « prêt à fermer des hôpitaux, s?il le faut. »

A la clé : 8,1 milliards d?euros

L?enjeu est, il est vrai, vital pour la Grèce : il s?agit de parvenir avant la réunion de l?Eurogroupe lundi prochain à un accord afin de débloquer l?échéance de 8,1 milliards d?euros nécessaire au maintien à flots du pays. Mais la troïka veut conserver des moyens de pression sur Athènes et réfléchirait à répartir cette somme en plusieurs versements.

Un programme d?aide en lambeaux

L?ennui, c?est que même avec ces nouveaux efforts, le compte risque de n?y être toujours pas. En réalité, le programme d?aide semble prendre l?eau de toutes parts. D?abord, donc, parce que l?Etat grec ne sera pas financièrement autonome en juillet 2014, à la fin du programme officiel. D?autant que les prévisions de croissance du FMI ont été révisées à la baisse par rapport à ceux du programme. De l?aveu même du FMI, il manquerait en 2014 et 2015 pas moins de 11,1 milliards d?euros à la Grèce pour finir ses fins de mois.

Ensuite, parce que le programme lui-même devrait manquer de fonds. Le Financial Times a, la semaine dernière, évalué à 3 à 4 milliards d?euros l?écart entre les besoins d?ici 2014 et les ressources programmées pour cette aide du FESF-MES. Car les sommes versées à Athènes sont très en avance sur le programme prévu. Au premier trimestre, on a ainsi versé 27,4 milliards d?euros contre 13,6 milliards d?euros prévus dans l?échéancier de départ.

La mauvaise volonté des banques centrales de la zone euro

Enfin, en fin d?année 2012, l?Eurogroupe avait demandé aux banques centrales nationales de prolonger la maturité des titres grecs qu?elles détenaient jusqu?en 2016 au moins. Ceci aurait permis, sur cette même période de reporter le paiement de 5,6 milliards d?euros. Voilà qui est loin d?être négligeable pour le budget hellénique. L?ennui, c?est que les banques centrales nationales refusent cet accord. Elles devraient s?en tenir à l?engagement pris en février 2012 de reverser à Athènes les bénéfices engrangés sur les titres grecs, soit une valeur estimée à 1,8 milliards d?euros. Le budget grec risque rapidement de ne pas résister à ce nouveau coup.

Payer à nouveau pour Athènes ?

Cette attitudes des banques centrales est révélatrice : plus personne ne veut payer pour la Grèce. Mais l?Europe n?aura pas le choix : un troisième plan de sauvetage et une nouvelle annulation de dettes semblent inévitables. En veut-on une preuve ? Le fonds américain Japonica a annoncé ce lundi matin réviser à la baisse le prix auquel il envisage d?acheter les 3 milliards d?euros de titres grecs qu?il a annoncé vouloir acheter. En bref, il s?attend clairement à une nouvelle restructuration. Et plus on attend, plus l?affaire sera douloureuse. Les deux premiers plans de sauvetage auraient dû servir de leçon. Cela n?a pas été le cas, apparemment. On préfère tenter de sauver la face à coup de nouveaux plans de rigueur aussi durs qu?inutiles. La zone euro va rapidement devoir montrer sa détermination à maintenir ou non Athènes en son sein. Et à payer pour cela.

 

 

Commentaires 21
à écrit le 08/07/2013 à 14:53
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Ont regrette les brigades rouges

à écrit le 02/07/2013 à 15:15
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Amusant, néanmoins : la pub en cours sur cet article est 3 jeunes qui utilisent du gel pour dévaliser une banque. Magnifiquement révélateur, aussi...

le 02/07/2013 à 15:39
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... dévaliser une banque ne peut pas être considéré comme du vol ! Qu'y a-t-il de mal à voler des voleurs ?

à écrit le 02/07/2013 à 15:12
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En effet, la mesure de la différence de la solidarité économique entre régions d'un même état et les pays européens est révélatrice. Néanmoins, comme est révélateur la volonté de tuer la Grèce d'en bas mais sans toucher aux privilégiés... D'ici qu'il...

à écrit le 02/07/2013 à 14:02
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Baisser tres fortement lers salaires et avantages des politiques des politiques symbolique comme en france mais necessaire... recuperer tout ce qui a ete detourne (mere de Papaandreous) Demander a GS de rembourser ce qu il a vole etc etc...et non pas...

le 02/07/2013 à 14:31
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Et si, plus moralement et honnêtement, l'europe et la troîka arrêtait de truander la Grèce. Et si certains états-voyous, france en tête, arrêtaient de vivre aux crochets de la Grèce et des Grecs ? Et si l'allemagne merkelienne remboursair enfin les d...

le 02/07/2013 à 16:43
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@réponse à bartg, tant qu'à faire, les Grecs pourraient aussi demander les territoires qui leur ont été promis en échange de leur entrée en guerre au cours de la première guerre mondiale. Voir Istanbul devenir Grecque pourrait être drôle.

à écrit le 02/07/2013 à 13:19
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J'admire celles et ceux qui croient tout savoir alors qu'ils n'y connaissent strictement rien. Ils ne se font que les serviles relais d'une pensée unique devenue dictature. A ce stade, ce n'est même plus de l'imbécilité, c'est simplement être de serv...

le 04/07/2013 à 9:48
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Génocide, même si je crois vos exemples douloureux qui m'attristent sincèrement, même si je suis convaincu que les plans de sauvetages n'étaient pas à la hauteur, même si les grecs sont devenus victimes d'une machine infernale: la troïka, vous ne me ...

le 04/07/2013 à 9:48
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Génocide, même si je crois vos exemples douloureux qui m'attristent sincèrement, même si je suis convaincu que les plans de sauvetages n'étaient pas à la hauteur, même si les grecs sont devenus victimes d'une machine infernale: la troïka, vous ne me ...

à écrit le 02/07/2013 à 8:15
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La Grèce peut se réjouir d'un nouveau venu miséreux la Croatie. Voilà où nous conduit ce pouvoir gigantesque de la TROÏKA bras armé de nos gouvernants. Barroso et sa bande mafieuse entrain de parader sous les feux d'artifices à Zagreb sans même que l...

à écrit le 02/07/2013 à 8:06
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le probleme en gréce est le meme qu'en france on ne veut pas toucher aux priviléges de certains genre armateurs eglise orthodoxe ou chez nous élus ,hauts fonctionnaires agence qui ne servent à rien ,sous préfecture où l'on voit cinq clients dans la ...

le 02/07/2013 à 14:08
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la preuve est faite que vous ne connaissez rien à la situation grecque. Les armateurs grecs paient des impôts, comme toutes les sociétés (les commerces, indépendants, ... paient 26 % d'impôts dès le premier centime de bénéfice) sur leurs activités en...

à écrit le 01/07/2013 à 19:23
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après la Grèce , maintenant , on a la Croatie , vive l'Europe des 28, mais seulement quelques pays payent pour les autres , un peu comme la politique à hollande , seulement quelques Français payent pour un nombre considérable d'assistés sociaux et bo...

le 02/07/2013 à 13:40
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Les socialistes jouent toujours avec l'argent des autres, jamais avec le leur. Le coeur à gauche et le portefeuille à droite et les Français votent pour eux..????

le 02/07/2013 à 14:17
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Oubliez-vous que c'est un psdt français de droite qui a magouillé avec Goldman Sachs pour que la Grèce entre de force dans la zone euro et ce pour le plus grand bénéfice des banksters français ? Vous savez, ce même psdt d'une moralité exemplaire qui ...

à écrit le 01/07/2013 à 18:59
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Quand on disait que la Grèce ne rembourserait jamais... Et ce sera pareil pour tous les pays qui ont atteint le point de non-retour au niveau de la dette, France comprise. Je crois que les années les plus sombres de l'Histoire de l'Humanité sont malh...

le 02/07/2013 à 11:16
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La Grèce rembourse toutes les "aides" et avec intérêts. Renseignez-vous.

le 02/07/2013 à 12:46
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C'est à vous de vous renseigner. La Grèce comme la France ne remboursera jamais rien. Réfléchissez..??

le 02/07/2013 à 15:48
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a tout à fait raison. Jusqu'à aujourd'hui, la Grèce rembourse plus que largement ce qu'elle doit. Ainsi, elle continue à RAPPORTER chaque année des dizaines de millions d'euros à des états qui ne le méritent pas (la france en tête de liste) et qui ne...

à écrit le 01/07/2013 à 18:26
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Ils vont finir à poil!!!!

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