Lancement de la réforme de l'ENA

Le classement de sortie de l'Ecole nationale d'administration qui donnait les places les convoitées aux meilleurs va être réformé.

L'Ecole nationale d'administration (ENA), vivier de la haute administration française depuis 1945, se prépare à supprimer le sacro-saint "classement de sortie", qui conditionne l'accès aux grands corps de l'Etat et qui a été critiqué par Nicolas Sarkozy et plusieurs élèves.

Le ministre de la Fonction publique Eric Woerth et son secrétaire d'Etat à la Fonction publique André Santini ont lancé mercredi une concertation sur le sujet, avant de rendre leurs propositions "à la fin du mois d'octobre".

Le classement permet aux élèves de choisir leur affectation dans les différents corps de la Fonction publique en fonction de leur rang, les mieux classés pouvant choisir les prestigieux postes des "grands corps" (Cour des comptes, Inspection générale des Finances, Conseil d'Etat), tandis que les moins bien classés se contentent de postes dans un ministère, un tribunal administratif ou une préfecture.

"Curieusement, à l'ENA, c'est presque l'élève qui choisi son administration, au travers du classement. Cela doit être à l'administration, comme tout employeur, comme dans le secteur privé, de choisir parmi les élèves celles et ceux qui correspondent le mieux à ses besoins", a estimé mercredi Eric Woerth devant la presse, à l'issue d'une visite des locaux rénovés de l'ENA à Paris.

Le classement, basé sur un système d'épreuves et de notes, n'est pas rendu public. "C'est un monstre d'opacité", a souligné un conseiller du ministre.
Pour Paul Peny, directeur général de l'Administration et de la Fonction publique, les administrations devront "comme n'importe quel employeur développer leur politique de recrutement", au lieu de "subir" l'arrivée d'un élève.

Le classement pourrait être remplacé par un dossier d'aptitude sur lequel se baseraient les administrations, en fonction des profils recherchés.
Nicolas Sarkozy a déjà exprimé son souhait de supprimer les classements de sortie "qui rigidifient l'entrée dans la carrière". "Ce qui est choquant (...), c'est le fait qu'un concours passé à 25 ans oriente toute une vie professionnelle", a-t-il dit en janvier.

Les élèves ne sont pas en reste. La promotion "Willy Brandt" 2007-2009 s'est ainsi exprimée en avril à plus de 75% pour la suppression du classement de sortie, dit Thibault Dornon, un élève: "Chaque année, c'est source d'une trop grande frustration, il y a des drames".
"Le système détermine des carrières à partir d'une évaluation parfois opaque, et il est source de stress et de dégradation des conditions de travail", ajoute Alexis Masse, responsable de la section CFDT à l'ENA.

Mais d'autres élèves défendent le classement par attachement aux valeurs républicaines, à l'instar d'Emilie Bokdam. "C'est un symbole de méritocratie et le meilleur moyen de garantir une certaine égalité des élèves devant leur procédure de sortie dans la mesure où les relations, la famille ne sont pas pris en compte".
Des parlementaires souvent "issus des grands corps", se montrent également réticents, note André Santini.

La réforme, qui ne s'appliquera pas avant 2011, prévoit aussi de "moderniser en profondeur" la scolarité, qui doit être "plus recentrée sur les stages", notamment en entreprise, et plus réduite "pour que les élèves rentrent plus vite sur le marché du travail", a dit Eric Woerth, évoquant une fourchette de 22 à 25 mois, contre 27 mois actuellement.
La réforme prévoit aussi de supprimer les conditions d'âge aux concours d'entrée, a dit M. Santini, en précisant que le nombre d'élèves de la prochaine promotion a été arrêté à 80.

Commentaires 4
à écrit le 09/10/2009 à 15:03
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à suivre . . . .

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Stage en entreprise oui , mais pas dans les couloirs des directions plutôt au niveau des cadres dit "moyens" car ce sont eux qui font tourner les "boutiques" days on , days off . Salutations distingués Un ex cadre (retraité) international dit "supéri...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Tout à fait d'accord. IIl faut que les énarques soient confrontés aux réalités de la vie de l'entreprise. Il y a tellement d'énarques qui sont infoutus d'animer la moindre équipe de projets !

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Vous pouvez bien supprimer le classement de sortie mais pour moi il émergera toujours la meme élite parce qu'elle a les clefs (naissance ,milieux social et familiale etc) pour acceder aux postes les plus prestigieux .

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