Un apport financier mitigé

Le parlement européen engendre moins de revenus que le Conseil de l'Europe pour la capitale alsacienne.

Pour Strasbourg, le statut de capitale parlementaire européenne est plus une affaire de prestige que de retombées économiques directes. Les sessions mensuelles de l'assemblée, qui mobilisent près de 3.000 personnes, ne durent que trois jours et demi. Les hôtels sont pleins et les chambres louées à plein tarif. Les taxis, surcapacitaires en temps normal, roulent à plein régime. Certains restaurateurs, qui ont leur clientèle habituée, se frottent les mains.

Pour l'aéroport, le bilan est moins flatteur. De nombreux députés contournent la petite plate-forme strasbourgeoise, mal desservie, par Francfort. Leurs assistant(e)s jouent l'économie en pratiquant le covoiturage ou en atterrissant à Baden-Baden, sur des compagnies "low cost". En attendant sa deuxième phase, qui le connectera à l'Europe centrale dans cinq ans, le TGV Est n'apporte qu'un flux marginal de passagers vers les sessions. Pour les activités de congrès ou le tourisme de loisirs, la ville est close, faute de capacités d'hébergement.

Dans le commerce et l'immobilier local, la vraie richesse vient du Conseil de l'Europe. Fondé en 1949, il n'a cessé d'élargir ses activités (47 Etats membres) et d'augmenter le nombre de ses fonctionnaires. A la centaine de permanents du parlement à Strasbourg, le Conseil oppose ses 2.000 agents, bien rémunérés, vivant sur place. En 2007, la masse salariale de cette institution s'élevait à 157,7 millions d'euros, soit plus de 6.000 euros bruts mensuels en moyenne par agent, non imposés. Ce pouvoir d'achat profite aux commerces de luxe, surreprésentés dans le centre de Strasbourg, et soutient l'immobilier dans les quartiers voisins des institutions. La Cour européenne des droits de l'homme, rattachée au Conseil, fait rayonner Strasbourg en Europe de l'Est, où vivent la majorité de ses requérants.

Des habitants méfiants

Le quartier général de l'Eurocorps et son bataillon de soutien, près de 700 personnes, ne représentent pas la même richesse, avec des activités plus discrètes. Si la ville devenait une capitale de la défense européenne, les habitants seraient d'abord méfiants, en souvenir du sommet de l'Otan des 3 et 4 avril où l'économie de l'agglomération a été bloquée par mesures de sécurité. Les commerçants, frustrés, demandent encore une autorisation d'ouverture le dimanche en compensation.

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