Ségolène Royal risque de provoquer de nouvelles crispations au sein du Parti socialiste. L'ancienne candidate à la présidentielle a en effet fait de nouveau bande à part en proposant samedi une alliance avec le Modem dès le premier tour aux régionales. La responsable socialiste a promis dans sa région de Poitou-Charentes "cinq places éligibles" aux centristes.
Pas assez néanmoins pour séduire le président du MoDem François Bayrou. Ce dernier s'est prononcé ce dimanche contre toute alliance électorale au premier tour des régionales. "Si nous avions répondu 'oui, vous nous donnez quelques postes et nous venons', cela aurait signifié que nous sommes prêts à soutenir le PS. Ce n'est pas notre choix", a-t-il expliqué. "Notre choix est de construire dans le dialogue. Mes offres de dialogues, ce n'est pas l'acceptation du ralliement ou de la disparition", a-t-il poursuivi, "il faut bien que tout le monde comprenne que tous ceux qui accepteraient de se rallier, ils choisissent de disparaître".
"C'est sympathique comme signe d'ouverture, mais cela ne correspond pas à la force des choix qui sont les nôtres", a encore ajouté François Bayrou. "La génétique de notre famille politique, c'est que cette famille a deux noms. Le premier, c'est indépendance, et le second, c'est main tendue. Et nous voulons tenir les deux bouts de la chaîne", a-t-il conclu en renvoyant la question des alliances au second tour.
Plus tôt, la vice-présidente du parti, Marielle de Sarnez avait déjà décliné la proposition de Ségolène Royal. "Même si nous apprécions toujours les signes d'ouverture, je vais vous faire une confidence et vous le savez bien, nous irons aux élections régionales sous nos propres couleurs", a expliqué l'eurodéputée à la tribune du congrès du Modem à Arras.
Ségolène Royal s'était pour sa part dite prête à rencontrer François Bayrou, voulant "faire de sa région un laboratoire du rassemblement, des altermondialistes au MoDem". "Il faut bien qu'il y ait des pionniers", affirme-t-elle alors que cet appel au rassemblement avec le Modem n'est pas forcément en ligne avec la direction du PS.
"La ligne du Parti socialiste, c'est le rassemblement de la gauche au premier tour", a ainsi déclaré Benoît Hamon, porte-parole du PS, sur Canal+. "Le risque est grand qu'on compromette les conditions du rassemblement de la gauche si on fait le choix, notamment dès le premier tour, de s'associer à une formation issue de la droite". "Il y a (chez Ségolène Royal ) une continuité d'une conviction, d'une intuition qui, en termes d'alliance, dans le reste de l'Europe, n'a jamais fonctionné, en tout cas n'a jamais fonctionné au bénéfice de la gauche", a insisté le porte-parole.
Même son de cloche chez François Hollande, ex-numéro un du PS, qui a jugé que la proposition d'alliance de premier tour en Poitou-Charentes formulée par Ségolène Royal à l'adresse du MoDem n'était "pas la bonne méthode". "La bonne méthode, ça consiste, et je l'ai toujours fait et toujours dit, d'abord rassembler la gauche et ensuite s'élargir".
Du côté de l'UMP, Dominique Paillé, porte-parole adjoint de l'UMP, a estimé que la proposition faite par Ségolène Royal au MoDem réduisait le parti centriste au rang de "supplétif".
