Nicolas Sarkozy, "DRH" de l'UMP d'le-de-France, recadre les troupes de Valérie Pécresse

A douze jours du premier tour des régionales, Nicolas Sarkozy a rappelé à l'ordre les colistiers de Valérie Pécresse, chef de file de l'UMP en Ile-de-France, malmenée dans son propre camp.

Officiellement, il n'y a pas eu "recadrage". Officieusement, Nicolas Sarkozy a "remis les pendules à l'heure". Entouré du Premier ministre, François Fillon, et du secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, le chef de l'Etat a reçu Valérie Pécresse et ses colistiers d'Ile-de-France, mardi, pour un petit déjeuner à l'Elysée. Etaient également présents le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, le conseiller spécial du chef de l'Etat, Henri Guaino, et la conseillère de l'Elysée, Catherine Pégard. Un casting destiné à souligner la gravité du moment, à douze jours du premier tour des régionales, alors que la campagne de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche s'enlise dans les polémiques et les petits règlements de comptes entre amis.

"Le rassemblement doit être sans faille derrière Valérie Pécresse", a averti Nicolas Sarkozy, dont les propos ont été rapportés par Frédéric Lefebvre. "Ne mettez pas votre drapeau dans votre poche dès qu'il y a un mauvais sondage", a lancé le chef de l'Etat, alors que les enquêtes d'opinion prédisent les unes après les autres la défaite des listes Pécresse le 21 mars. "C'est parce que la campagne est bonne que les attaques se multiplient", a estimé le chef de l'Etat, sans évoquer précisément l'affaire Soumaré.

Selon d'autres participants à la réunion, le ton était plus sévère, notamment lorsque Nicolas Sarkozy s'en est pris, sans les nommer, à Eric Raoult et Roger Karoutchi, accusés par l'équipe Pécresse de faire campagne à contrecoeur, voire de mener une "contre-campagne".

Des "aigris"

"Il y a des aigris qui ne font pas campagne car ils n'ont pas été sur les listes. Je tirerai toutes les conclusions après les élections. S'il faut renouveler, je le ferai encore plus profondément que je ne l'ai fait jusqu'à présent", a dit le chef de l'Etat. "Quand on attaque Valérie Pécresse, c'est moi qu'on attaque, et je ne l'accepterai pas", a-t-il ajouté.

Présent à la réunion, Yves Jégo, tête de liste en Seine-et-Marne, a dit avoir trouvé "surprenant qu'il n'y ait pas eu de recadrage plus rapide de ceux qui ne jouaient pas collectif". "Je regrette que l'UMP n'ait pas plus soutenu Valérie face aux attaques", a-t-il ajouté, suscitant une réaction irritée de Xavier Bertrand.

Lors d'une conférence de presse, après le rappel à l'ordre présidentiel, Valérie Pécresse et ses colistiers se sont attachés à présenter un visage uni autour du projet du Grand Paris, cher au coeur de Nicolas Sarkozy. "Il y a ici ou là des incidents qui émaillent une campagne, et c'est comme ça. Une campagne n'est pas un long fleuve tranquille", a plaidé Roger Karoutchi, ancien rival malheureux de Valérie Pécresse aux primaires UMP, relégué en troisième position sur la liste des Hauts-de-Seine.

Cette séance de "coaching" élyséen a provoqué en tout cas la fureur de Jean-Paul Huchon, président socialiste sortant de la région capitale. "Je n'ai jamais vu les présidents de la république s'occuper des élections locales de cette manière", a-t-il dit au "talk" Orange-Le Figaro. "Cette interférence, et cette prise de contrôle par l'Élysée de la campagne des régionales, est choquante pour notre vie démocratique et le respect des institutions", a renchéri Marie-Pierre de La Gontrie, porte-parole de la campagne PS. "Nicolas Sarkozy revendique par avance sa part de responsabilité dans l'issue du vote. Il en sera donc comptable le soir du 21 mars", a-t-elle ajouté.

"C'est cruel pour Mme Pécresse, c'est la démonstration qu'elle est en perdition", a ironisé le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, se faisant l'écho de rumeurs entretenues au sein même de la majorité sur le sort ministériel de la chef de file de l'UMP.

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