François Fillon, indéboulonnable, s'impose à droite

Le Premier ministre, reconduit dans ses fonctions par Nicolas Sarkozy, est devenu en un week-end le nouvel homme fort de la majorité. Une situation que le chef de l'État tente de rééquilibrer en plaçant Jean-François Copé à la tête de l'UMP.
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François Fillon martyrisé mais François Fillon libéré par lui-même... » Cet élu de la majorité, admirateur déclaré du Premier ministre, ne cachait pas sa félicité dimanche, après l'annonce de la reconduction du chef du gouvernement.
Sitôt confirmé à Matignon, le Premier ministre s'est lui-même chargé de faire savoir que sa ligne politique l'avait emporté face aux tenants d'une « rupture sociale » incarnée par Jean-Louis Borloo.
« Après trois années et demie de réformes courageuses, conduites malgré une sévère crise économique et financière mondiale, je m'engage, sous l'autorité du chef de l'État, avec détermination, dans une nouvelle étape qui doit permettre à notre pays de renforcer la croissance de son économie au service de l'emploi, de promouvoir les solidarités et d'assurer la sécurité de tous les Français », a déclaré François Fillon.
Pour un ministre ? confirmé ? ce choix de Nicolas Sarkozy répond à un impératif de « sérieux » et de « continuité » dans les réformes. « Le sujet, c'est de donner une impression de solidité dans l'action », souligne-t-il.
Dans ce scénario, François Fillon s'est lentement imposé en huit mois (voir encadré). Tour à tour « décontracté », jusque dans son apparence vestimentaire au c?ur de l'été, colérique dans ses rapports avec Jean-Louis Borloo, réformateur aux accents churchilliens, le Premier ministre a su jouer de sa popularité au sein de l'électorat de droite et surtout de l'estime que lui portent les parlementaires de l'UMP.
Samedi, l'hebdomadaire « Marianne » a publié un sondage selon lequel François Fillon l'emporterait au second tour de la présidentielle de 2012, avec 51 % des voix, face à Martine Aubry (49 %). En cas de duel Aubry-Sarkozy, la victoire irait à la première secrétaire du PS. Une nouvelle illustration de la puissance croissante du Premier ministre dans la majorité ? Pas si sûr, soulignent des élus de l'UMP.
Copé contre Fillon
Un des premiers signes de la volonté de Nicolas Sarkozy de contrer cet éventuel rival pour la présidentielle est apparu avec le feu vert donné par le chef de l'État à la prise de l'UMP par Jean-François Copé. François Fillon n'a pas réussi à « contraindre » le patron des députés de la majorité de rentrer au gouvernement. Un autre « homme fort » est né à droite dimanche.
Le fait que Claude Guéant soit confirmé au secrétariat général de l'Élysée n'est pas non plus une bonne nouvelle pour François Fillon, qui s'était encore irrité jeudi de voir le principal collaborateur de Nicolas Sarkozy réduire son rôle à celui d'un « chef d'état-major ».
Le départ du gouvernement de Jean-Louis Borloo, qui a annoncé vouloir « retrouver sa liberté de proposition et de parole au service de ses valeurs », au premier rang desquelles « la cohésion sociale », complique un peu plus le jeu à droite. La famille centriste est désormais plus que tentée de reprendre son autonomie face à une UMP « RPRisée ».

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