Les valeurs bancaires payent un lourd tribu à la hausse des taux

La fébrilité de la Bourse de Paris, en ce début d'année, touche particulièrement les valeurs bancaires. La Société générale, BNP-Paribas et Dexia ont respectivement perdu 12,8 %, 12,1 % et 13,6 % sur la période, tandis que le Crédit lyonnais et le CCF, pour des motifs spéculatifs différents, ont limité les dégâts en s'appréciant de 3,2 % et 0,3 %.Au cœur de la désaffection des investisseurs, le brusque regain de tension des taux d'intérêt, qui érode les marges des banques sur leurs prêts à taux fixes. De fait, depuis le printemps dernier, les incertitudes concernant la politique monétaire de la Banque centrale européenne et la première hausse de 0,5 points des taux directeurs de la zone ont entraîné une tension de plus d'un point à 3,93 % du taux interbancaire européen (Euribor) à un an, tandis que le rendement de l'OAT a augmenté de près de deux points à 5,72 %." Aux yeux des marchés, la hausse des taux est un prétexte pour se désengager d'un secteur qui, certes assaini, ne promet pas les mêmes perspectives de croissance que les valeurs plus à la mode des médias ou des hautes technologies, explique un analyste. Les prêts sont de plus en plus accordés à taux variable et les établissements de crédit ont d'autres sources de revenu récurrentes de nature à compenser cette tension ". C'est notamment le cas des participations industrielles ou des activités de marché, qui ont notamment dopé les performances des banques américaines au dernier trimestre.Ainsi, la plupart des analystes restent, dans leur ensemble, satisfaits de l'évolution des fondamentaux des principaux établissements de crédit français. Amélioration de la qualité des actifs en portefeuille, attention croissante accordée aux actionnaires, restructurations, consolidation du secteur, croissance économique soutenue et arrivée de fonds internationaux sur les marchés de capitaux français, de nombreux facteurs alimentent l'optimisme des spécialistes. C'est notamment le cas de Nobel Gulati, analyste chez Salomon Smith Barney, et de l'équipe de CCF Securities, qui recommandent dorénavant une surpondération les valeurs du secteur bancaire en Europe continentale, et notamment en France.Même optimisme de la part de l'agence de notation financière Moody's, qui prévoit une stabilisation de la qualité de crédit des établissements de crédit français en 2000, après plusieurs années de déclin.Reste que le secteur est hétérogène. Du fait de son positionnement sur les collectivités locales, Dexia présente un profil peu risqué et une bonne visibilité. D'autres sont plus tributaires de la banque de détail, dont le cycle d'activité diffère sensiblement. Toutefois, si la capitalisation de ces établissements s'est dernièrement améliorée au regard de leurs concurrents européens, ils souffrent toujours de multiples inférieurs. C'est notamment le cas des PER et du Tier One.Cette sous-performance s'explique aussi par le poids des habitudes. " Compte tenu du fait que depuis le début des années 1990, les banques françaises n'ont généralement pas fait état d'un fort retour sur investissement, les anticipations des investisseurs sont plutôt modestes, estiment les analystes de Goldman Sachs. Or les restructurations en cours devraient in fine créer de la valeur pour les actionnaires (...). Ainsi, mieux vaut acheter aujourd'hui, tandis que les marchés sont encore dubitatifs ". Rendez-vous lors de l'annonce de leurs résultats annuels, quand les investisseurs prendront conscience du changement de paradigme entourant le secteur bancaire de l'Hexagone.
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