Carrefour : La valeur ne profite pas des perspectives d’activité du groupe

Essor de la conjoncture en France et en Espagne, reprise dans les pays émergents, synergies encore à venir des fusions avec Promodès et Comptoirs modernes, forte internationalisation et accroissement de la taille critique, plusieurs éléments concourent aujourd'hui pour favoriser l'essor des résultats et de l'activité de Carrefour. Las, après une année boursière 1999 sur les chapeaux de roue, conclue par une progression de plus de 70 %, la valeur a perdu près de 27 % depuis le début du mois de janvier pour osciller autour de 133 euros.Pourtant, le résultat net de la société, s'il affiche une progression modérée de 7 % à 602 millions d'euros en 1999, peut se prévaloir de perspectives encourageantes pour les exercices à venir. D'autant que cette annonce apparaît quelques semaines après la divulgation d'une hausse de 21,7 % du chiffre d'affaires, l'année dernière, à 37,98 milliards d'euros. Enfin, les premiers indicateurs d'activité de ce début d'année sont tous au vert. Rien qui puisse justifier la correction du titre.Tout au plus l'application du nouveau projet de loi consécutif aux dernières Assises du commerce, en intensifiant la réglementation, risque-t-elle d'éroder les marges commerciales. Or " l'ardeur des pouvoir publics à légiférer ce secteur se retourne très souvent contre l'esprit de la loi en un effet boomerang favorable aux distributeurs ", relativise Guy Francheteau, analyste chez Wargny. Les précédents abondent. Derniers en date, les lois Galland et Raffarin, en 1996, ont été l'occasion pour les grands groupes de déplacer leur recherche de rentabilité vers d'autres sources de revenus.Ce projet de loi ne serait dès lors qu'un prétexte, pour les investisseurs, à se délester d'une valeur dont le secteur ne recueille pas les suffrages des investisseurs en ce début d'année. Autre épouvantail brandi par les tenants d'une nécessaire correction, les visées de plus en plus pressantes du numéro un mondial de la distribution, l'américain Wall Mart, sur le marché européen, et notamment français. L'éventualité d'une concurrence accrue amène ainsi certains observateurs à s'écarter d'un scénario trop optimiste concernant l'évolution des marges du groupe dans les prochaines années.La prise en compte d'une telle hypothèse serait, en effet, particulièrement problématique pour Carrefour, qui se paye aujourd'hui près de 34 fois son résultat attendu cette année, contre à peine 27 pour son concurrent domestique Casino, voire en-deçà dans le cas de ses homologues du Vieux continent." Les actions des trois plus grands groupes mondiaux, Carrefour, Wal Mart et Tesco, avec des potentiels de croissance encore très importants, des positions dominantes sur leurs marchés domestiques et un développement rapide à l'international, vont continuer à s'échanger avec une forte prime par rapport au reste du secteur ", relativisent les analystes de Merrill Lynch. Injuste, la vive correction sur le titre de Carrefour ? Selon les observateurs, celle-ci ne serait que le reflet de la désaffection des investisseurs vis-à-vis de l'ensemble de la filière, comme en témoigne le repli de 23 % de l'indice sectoriel Eurostoxx depuis le premier janvier. En attendant que la priorité des marchés change de camp.
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