Castorama : La défiance envers le secteur masque un fort potentiel de croissance

La récente disgrâce du secteur de la distribution à travers l'Europe atteint l'ensemble des valeurs, sans distinction de fondamentaux. C'est notamment le cas de Castorama, dont les synergies attendues de la reprise en main du britannique B&Q sont faiblement valorisées en Bourse. La chute brutale de 30 % à 212 euros du titre du spécialiste de la distribution d'articles de bricolage, depuis le début de l'année, a en effet effacé la quasi-totalité des gains enregistrés au cours de l'année dernière.Pourtant, les motifs de satisfaction ne manquent pas. Sur son marché domestique, le groupe bénéficie de la vigueur de la consommation, du retour en grâce du bâtiment, parallèlement à un redémarrage de l'immobilier ancien et de la baisse de la TVA sur les travaux d'entretien. Mais c'est surtout le rapprochement avec B&Q qui alimente les espoirs des analystes. " Les synergies (...) dépasseront significativement les estimations initiales de la direction, qui tablait sur des économies de 520 millions à 690 millions de francs sur trois ans, selon Goldman Sachs. Elles auront pour origine l'amélioration de la capacité de négociation de la société, du fait de l'essor de sa masse critique, le développement du label du groupe, la mise en place de systèmes communs d'information et la constitution d'un réseau logistique intégré ".Une aubaine, à l'heure où la grande distribution classique est confrontée à une pénurie d'emplacements et à la guerre des prix, et un constat encourageant au regard des contributions respectives des différents marchés à la rentabilité du groupe. La marge brute de l'activité française plafonne à 6,3 %, alors qu'elle caracole à 9,1 % au Royaume-Uni. On mesure dès lors l'aspect relutif du rapprochement.Par ailleurs, Castorama, troisième acteur mondial dans son secteur et numéro un en Europe, dispose de relais de croissance. A l'instar du reste du secteur, le groupe s'investit progressivement dans le commerce électronique. La stratégie de Carrefour en témoigne. D'où la prise de participation à hauteur de 22,5 % dans le capital de Virtuelle Bau-Markt AG, l'opérateur du site web Heimerker.de, leader allemand de l'e-commerce dans le bricolage. Une introduction en Bourse de cette nouvelle filiale est d'ailleurs envisagée dans les 18 prochains mois.En outre, Castorama, faiblement endetté, s'intéresse de plus en plus aux marchés émergents, tels que la Pologne ou le Brésil, contributeurs positifs à la rentabilité du groupe à moyen terme. Plus significatif dans l'immédiat, le marché allemand, encore atomisé et où le groupe est peu présent, pourrait faire l'objet de la prochaine acquisition de Castorama. Et les perspectives de croissance interne ne sont pas en reste. " Le marché est significativement plus fragmenté que pour la distribution alimentaire, constatent les analystes de Goldman Sachs, et il y a encore des opportunités d'ouvertures de magasins en Italie et en Espagne, qui restent sous-développés dans ce secteur ".A plus court terme, enfin, si les synergies attendues peuvent être repoussées du fait de la différence de cultures entre les deux entités, certains facteurs sont de nature à compenser ce probable délai. Tandis que 60 % des profits proviennent de l'activité outre-Manche, l'appréciation de la livre au cours de l'année dernière entretient un biais haussier sur les bénéfices des exercices passé et présent. D'où l'augmentation prévue de plus de 15 % du bénéfice net par action, ces deux prochaines années, anticipations d'autant plus crédibles que la visibilité de l'activité du groupe s'est significativement accrue. Dans ce contexte, la valorisation de la société, qui se paye à peine vingt fois son résultat prévu cette année, pourrait faire des émules.
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