Les négociations pour le rachat de Seagram font chuter Vivendi et Canal +

Vivendi, Canal+ et Seagram ont confirmé mercredi qu'ils négociaient un rapprochement à trois, attestant ainsi du bien fondé des informations publiées ce matin par la presse économique et financière. Seagram, qui a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 12,3 milliards de dollars, pourrait donc former avec les deux sociétés françaises une nouvelle entité dont la capitalisation boursière dépasserait 100 milliards de dollars. Vivendi et Canal+ ne seraient toutefois intéressés que par ces seules activités dans le cinéma et la musique et pourrait revendre rapidement le reste, (spiritueux, boissons). La réaction des marchés boursiers a été brutale. A la clôture de la Bourse de Paris, Vivendi chutait de plus de 10 % à 103,5 euros, alors que Canal+ abandonnait 3,40 % à 204,6 euros. La chaîne de télévision cryptée avait pourtant passé l'essentiel de la séance dans le vert, gagnant même plus de 4 % vers 10h. Le titre Seagram s'envolait quant à lui plus de 13 % à la Bourse de Toronto, sur la foi de rumeurs faisant état d'un prix de rachat supérieur de 30 % au cours actuel de la société d'édition musicale.Cet accueil glacial du marché parisien est d'abord imputable aux incertitudes pesant sur les modalités du rapprochement des trois groupes. S'il semble acquis qu'il prendrait la forme d'un échange d'actions, aucune information n'a été communiquée sur l'organisation de la nouvelle entité issue de la fusion de Vivendi, Canal+ et Seagram. Christophe Cherblanc, analyste à la Société Générale, estime que " la création d'un Vivendi Media incluant Seagram et Canal+ serait une meilleure solution pour le marché qu'un rachat simple de Seagram par car l'amélioration du statut compenserait les risques de l'opération ". Ce que confirme un autre analyste : " Tout le monde craint l'application d'une décote de holding au nouveau groupe, ce qui explique la chute du titre Vivendi ". Les experts mettent également en garde les investisseurs contre la dilution probable des actionnaires, ainsi que sur le risque attaché à la distribution de musique, dans un contexte où le piratage est facilité par le développement du réseau internet. La société de Bourse Exane a par exemple abaissé mercredi sa recommandation sur Vivendi en arguant notamment des incertitudes liées à l'avenir de l'édition musicale. Seagram détient le premier éditeur mondial de musique, Universal Music Group.Le rapprochement des trois groupes pourrait toutefois présenter des atouts stratégiques déterminants dans un contexte de convergence des différentes branches de l'industrie médiatique (télévision, musique, internet, ...). " Jusqu'à présent, pour alimenter leur portail Vizzavi, Vivendi et Canal+ n'avaient que des contenus européens. Avec Seagram, ils se doteraient de contenus mondiaux et forts qui donneraient du poids à cette nouvelle plateforme de distribution ", estime par exemple Edouard Trétreau, analyste de Crédit Lyonnais Securities.
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