Thomson CSF lance une offre amicale de 2,1 milliards d'euros sur Racal

Fidèle à sa stratégie, qui privilégie les acquisitions d'entreprises de taille plus modeste à des fusions entre égaux, Thomson CSF a officialisé son intention de s'emparer du groupe britannique de télécommunication Racal. Le groupe français d'électronique de défense Thomson CSF, qui s'est déjà assuré le contrôle d'environ 1,68% du capital, a annoncé le lancement d'une offre amicale sur le Racal pour 1,32 milliard de livres, soit 2,1 milliards d'euros réglés en numéraire."Bien sûr, nous tirerons les bénéfices de la suppression des recoupements, mais ce sera très limité. La base de la stratégie est la croissance de l'activité", a annoncé Denis ranque, président de Thomson CSF, qui a par ailleurs annoncé vouloir "allons donner du fil à retordre à BAE Systems" sur son propre pré carré.Grâce à un prêt syndiqué de 2 milliards de livres dirigé par par Credit Suisse First Boston, Thomson CSF propose en numéraire 450 pence par action du Britannique. Ce montant est largement inférieur aux 687 pences évoqué par le Sunday Times fin décembre. Néanmoins, les actionnaires de Racal recevront un total de 619,1 pences en numéraire, en tenant également compte du dividende. La prime proposée s'inscrit à 4,7 % par rapport au cours de clôture de Racal, mercredi à la Bourse de Londres, et de 16,6% par rapport au cours du 30 décembre, en excluant le dividende versé entre-temps.Enfin, si l'offre reste conditionnée à la résolution de certaines questions de concurrence et aux feux verts de la Commission européenne et du gouvernement britannique, Denis Ranque se montre très confiant sur l'aval administratif de l'opération. D'autant que selon le responsable, " le ministère (britannique) de la défense est absolument déterminé à avoir de la concurrence dans ce pays ". Enfin, son homologue français Alain Richard " se réjouit du rapprochement " des deux acteurs.Déjà, l'année dernière, Thomson CSF s'était porté acquéreur de la banche électronique de défense du Britannique, mais les négociations avaient capoté faute d'accord sur la valorisation de la division. Racal Electronics en demandait 600 millions de livres, contre 500 millions pour le Français. Les spéculations sur un éclatement du groupe sont ensuite allées bon train depuis le mois d'août. L'allemand Dasa et l'américain Raytheon ont notamment été sentis comme de potentiels prédateurs.A l'écart de la vague de rapprochements transfrontaliers en œuvre dans le secteur de la défense européenne, le groupe continuerait ainsi de privilégier les accords de partenariats au cas par cas et les joint ventures. Ces opérations permettent la constitution à moindre coûts d'un réseau international permettant de remporter d'importants contrats. Les récents succès commerciaux du groupe au Royaume-Uni et en Afrique du Sud en témoignent.Ces opérations ont pris ces derniers temps plusieurs formes. Alcatel s'est adjugé en novembre plus de 25 % du capital de Thomson CSF contre son désengagement partiel de Framatome. Parallèlement, le groupe français d'électronique de défense a créé une société commune avec Samsung Electronics chargée de produire des composants à haute-technologie. Plus récemment, Thomson CSF a repris les 50 % de capital détenus par le canadien Bombardier dans la joint-venture Shorts Missile Systems (SMS), basée à Belfast." Cette stratégie, qui ne s'avère pas spectaculaire, nous semble très constructive à moyen-long terme et nous conforte dans notre opinion positive sur le titre ", note un analyste. Et elle commence à peine à convaincre. Réouvert aux marchés peu après midi, le titre Thomson-CSF a gagné 5,33 % à 36,75 euros, ramenant à 12,08 % sa progression depuis le premier janvier après une année 1999 en demi-teinte.Car l'intérêt industriel de l'opération est réel. Elle renforcera notamment la position de Thomson CSF dans l'électronique de défense et accélérera le développement de ses activités dans l'électronique commerciale civile, où il a récemment formé une division Electronique industrielle. Et confèrera de facto au groupe français une place de numéro deux de l'industrie de la défense outre-Manche après Bae Systems.Et l'expansion au Royaume-Uni pourrait ne pas s'arrêter là. Selon le Times, Bae Systems serait en discussion avec Thomson-CSF afin de l'inclure dans son alliance AMS spécialisée dans le militaire avec l'italien Alenia.
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