C&A se retire de Grande-Bretagne, victime de l'excédent d'offre dans la distribution de prêt-à-porter

Le groupe familial néerlandais avait exceptionnellement retardé de quelques heures l'ouverture de ses magasins pour informer le personnel de sa décision de se retirer du marché britannique. C & A va fermer en Grande-Bretagne 108 magasins et trois centres de dépôts et en Irlande son magasin de Dublin ouvert voilà seulement deux ans. Un porte-parole du Premier ministre britannique Tony Blair a jugé la décision "décevante" mais souligné que "210.000 emplois ont été créés dans le secteur du commerce de détail depuis l'élection" qui l'avait conduit au pouvoir en 1997. C & A, dont le siège est situé à Bruxelles, avait ouvert son premier magasin en Grande-Bretagne en 1922. Le groupe a promis d'indemniser généreusement ses employés et de les aider à retrouver un travail chez les repreneurs de ses magasins. Le directeur d'exploitation de C & A pour la Grande-Bretagne, Neil McCausland, a précisé que le groupe avait essuyé des pertes de 250 millions de livres dans le pays l'an dernier (environ 397 millions d'euros). "C'est une décision triste et difficile pour la compagnie", a-t-il affirmé. "C &A faisait partie intégrante du paysage commercial britannique depuis plus de 75 ans et était déterminé à le rester", a-t-il ajouté. "Malheureusement, les conditions du marché ne l'ont pas permis". Les syndicats, non reconnus par C & A, ont manifesté leur indignation. "C'est un coup majeur porté aux employés et à l'ensemble des commerces" britanniques, a déclaré John Edmonds, secrétaire général du syndicat GMB. "Tout le monde commence à souffrir de la livre forte". Un porte-parole de C & A a démenti que la décision soit liée à l'évolution de la devbise britannique. Il a incriminé la concurrence effrénée sur le marché des vêtements en Grande-Bretagne, qui a provoqué une chute des bénéfices du premier détaillant du pays, Marks and Spencer. C & A, fondé aux Pays-Bas en 1841 par deux frères, Clemens et August Brenninkmeyer, comptait avant cette annonce 577 magasins dans douze pays européens. Le groupe réalise un chiffre d'affaires estimé à quelque cinq milliards d'euros. Le groupe, très secret et fondé sur les valeurs familiales, avait communiqué pour la première fois ses résultats financiers à ses seuls cadres en 1998. Le retrait du marché britannique "n'est une surprise pour personne", a jugé Paul Smiddy, analyste au Crédit Lyonnais Securities. Il a précisé que le groupe avait déjà vendu "une bonne partie" de ses propriétés immobilières depuis quelque temps. Selon des analystes, la chaîne américaine de prêt-à-porter Gap, en plein développement en Grande-Bretagne, pourrait figurer parmi les candidats à la reprise des magasins, comme le britannique Next ou les espagnols Zara et Mango. Des chaînes de discount comme Primark et Peacocks pourraient aussi être interessées, a estimé Richard Hyman, président du consultant spécialisé Verdict Research. "L'occasion de mettre la main sur des espaces comme ceux-là ne se présente qu'une fois dans une vie", a-t-il dit. La décision de C & A pourrait préluder à d'autres. "Il y aura d'autres victimes dans ce secteur", a-t-il prédit. "Il existe un énorme excédent de l'offre pour les vêtements, il y a trop de magasins".
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