Les pharma- ceutiques en vedette à la Bourse de Paris

Dans un marché en forte baisse, les valeurs pharmaceutiques ont joué à la perfection leur rôle de valeurs refuges à la Bourse de Paris. Quelques minutes avant la clôture, Aventis grimpait de 4,20% à 79,4 euros, alors que Sanofi-Synthélabo s'envolait de près de 6% à 58,15 euros.Pour le groupe issu de la fusion de l'allemand Hoechst et du français Rhône-Poulenc, la hausse n'étonnait pas vraiment les analystes. Aventis a en effet annoncé vendredi un chiffre d'affaires de 10,245 milliards d'euros au premier semestre 2000, en hausse de 11,6% par rapport aux données pro forma des six premiers mois de 1999. Les ventes d'Aventis Pharma ont notamment progressé de 17,6% pour s'établir à 7,794 milliards d'euros. A périmètres et taux de change variable, la branche pharmaceutique a vu son activité progresser de 12,1%. La croissance du CA d'Aventis Pharma a d'ailleurs accéléré au deuxième trimestre, pour atteindre 4,114 milliards d'euros, soit 18,2% de plus qu'un an plus tôt. A la Bourse de Paris, ces informations ont naturellement reçu un bon accueil des investisseurs. Après un début de séance hésitant, la progression du titre s'est progressivement amplifiée. En fin de séance, Aventis s'adjugeait près de 5% à 80 euros. Depuis le début de l'année, le groupe a vu sa valorisation grimper de près de 40%.L'envolée de Sanofi-Synthélabo laissait les analystes plus perplexes. La valeur connaissait en effet vendredi sa cinquième séance consécutive de hausse, et totalisait une progression de près de 20% depuis le clôture du 17 juillet dernier. "La question est de savoir qui achète à de tels niveaux de valorisation", constatait un expert, désarçonné par la hausse de l'action. "Même les analystes les plus optimistes sont obligés de revoir quasiment en temps réel leurs objectifs de cours." Johannah Walton, qui suit Sanofi-Synthélabo pour le broker Lehman Brothers, en a fait les frais. Son nouvel objectif de cours, défini jeudi, est devenu caduque dès vendredi, à la faveur de la forte progression du titre.Certains professionnels expliquent l'envolée du titre par l'attrait spéculatif présenté par Sanofi-Synthelabo, dans un secteur en pleine restructuration. Cette hypothèse laisse sceptique un spécialiste de la valeur : "Aux cours actuels, l'amortissement du goodwill et les coûts de financement de l'opération se traduiraient par un impact fortement dilutif pour le groupe acquéreur."Pour un autre observateur, la progression de Sanofi-Synthelabo doit être replacée dans le cadre général du regain d'intérêt des investisseurs pour le secteur pharmaceutique. "La pharmacie est un secteur défensif qui bénéficie en outre d'une forte croissance (environ 13% par an d'ici 2003). Aventis et Sanofi-Synthelabo bénéficient donc à la fois des déceptions rencontrées par les investisseurs dans le secteur des TMT, et des craintes de ralentissement de la croissance économique américaine." En achetant des valeurs pharmaceutiques, les opérateurs achètent donc de la croissance, et se garantissent contre une poursuite de la correction dans la Nouvelle économie.Cette dynamique de marché ne justifie pas, cependant, les niveaux de valorisation atteints par ces sociétés. "Je pense que le marché est allé trop loin, et qu'il faut se préparer à une correction ultérieure", estime un expert. "Nous ne sommes en tout cas pas à des niveaux d'achat", conclut-il.
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